Vu l’épisode 6, et le 7 dans la foulée. Waow !! Par rapport à l’entame décevante, c’est à ce stade une toute autre série qu’Aaron Martin nous propose là.
Déjà, y’a un truc qui fait beaucoup pour le show et que je n’avais pas capté initialement : si on s’en tient à la méthode de production, on a là à faire à une « série d’auteur ». En effet, sur le modèle de la première saison de « True Detective », c’est un seul mec (Aaron Martin) qui signe tous les scripts de la saison et un seul autre (le relativement novice mais très capable Craig David Wallace) qui réalise tous les épisodes…
Cette unité de ton, par la force des choses, joue pour beaucoup dans la « tenue » globale du show ; on ne vantera jamais assez les mérites de ces formats plutôt courts (6, 8, 10 épisodes par saison : c’est déjà très bien).
Et alors qu’il n’y a pas plus balisé que le canevas d’un slasher, les épisodes 6 et 7 parviennent à faire dérailler un peu le récit, et livre deux portraits « à charge » de deux des protagonistes principaux d’une virulence assez inouïe (en sous-texte, certaines institutions en prennent pour leur grade). Si ça déraille, ça ne tombe pas non plus dans le hors-sujet, la série profitant de ces sortes de sortie de route du récit (long flash-back, très long aparté sur un perso apparemment secondaire…) pour bien s’arrimer dans le champ du récit horrifique, explorant même la voie naissante (comme en attestent les films d’Ulrich Seidl, que je ne connais pas…) du « Joseph Fritzl/Natascha Kampusch-flick ». Assez hardcore et même dérangeant par moment, le scénario demeure remarquablement fin dans sa description des persos, tous humains…et Dieu sait que ce n’est pas le cas dans tous les slashers (et c’est rien de le dire).
Même la vieille ruse usée jusqu’à la corde du fanatisme religieux comme mobile fonctionne pas mal ; on a peur quand on nous ressort le coup des sept pêchés capitaux (exactement comme dans « Seven ») mais l’auteur parvient à innover en se focalisant sur les spécificités des châtiments réservés aux auteurs de ces fautes…pour des résultats parfois extraordinairement graphique.
La réalisation, de manière générale, profite de la temporalité accrue par rapport au slasher cinématographique (7 h 30 de métrage, on peut caser des trucs), parvient à iconiser un personnage pas folichon à sa première apparition et brode d’authentiques moments de tension. Elle se risque même par moments, à travers quelques raccords astucieux, à prendre un peu d’avance sur le script, vu que le spectateur voit quand même un peu venir le twist final.
C’est là que la série risque peut-être de marquer le pas (comme « Harper’s Island » ou « Scream, the TV Series »), au moment de la résolution. Beaucoup est déjà joué avant le huitième et dernier épisode. Je ne demande qu’à être agréablement surpris, mais j’ai un peu peur quand même.
Sinon, à la fin du septième épisode (avant cette conclusion redoutée, donc), je me suis quand même dit que c’était vraiment pas mal, « Slasher ».