SLASHER (Saisons 1-5)

Sarah Bennett retourne dans sa ville natale. Là, elle se retrouve au centre d’une série de meurtres qui semblent inspirés par l’horrible assassinat de ses parents plusieurs années auparavant…
Alors que les morts s’enchaînent, des secrets longtemps enfouis sont mis à jour, faisant de chacun un suspect…ou une victime…

Slasher_Landscape_Art

CREATEUR

Aaron Martin

DISTRIBUTION

Katie McGrath, Brandon Jay McLaren, Steve Byers…

INFOS

Série américaine/canadienne
Genre : thriller/horreur
Diffusion : à partir du 4 mars sur Chiller TV
Format : 8 x 42 mn

Le teaser :

Il y a une sorte de recrudescence du genre slasher à la télévision j’ai l’impression.

Carrément. Et pas qu’un peu !!
Il y a eu « Harper’s Island » pour paver la voie, mais depuis c’est l’avalanche : « Scream the TV Series » bien sûr, mais aussi « Scream Queens » ou même « Pretty Little Liars » qui en empruntent des éléments je crois.
Si certaines de ces séries ont des qualités indéniables (« Scream Queens », c’est sacrément bien usiné), on remarquera que les réussites du genre empruntent des chemins détournés comme la franche comédie (« Scream Queens » toujours) pour marquer les esprits. Un slasher brutal et « frontal » abouti à la téloche, on a jamais trop vu ça…
Celui-là a l’air de s’inscrire dans cette veine très premier degré finalement peu usitée.

Ça me va. J’ai toujours trouvé le genre slasher plutôt comique de toute manière. Même quand c’est involontaire.

[size=85]Décidément, il faut que j’essaie Scream Queens. Tu n’es pas le premier à m’en dire du bien.[/size]

Oui, le slasher a un peu de ça dans ses gènes, on pourrait dire. Mais des slashers vraiment brutaux et vicieux, pas forcément totalement dénué d’humour d’ailleurs, ça le fait aussi : je pense aux « Halloween » de Rob Zombie, très noirs et violents.

Dans un tout autre registre, « Scream Queens », ça le fait vraiment, ouais. Ultra-bien interprété et filmé.

J’ai failli lâcher l’affaire « Slasher » après le dramatique premier épisode, qui m’a semblé au bord de la catastrophe : interprétation variable (du convaincant au nul), clichés associés au genre tous là ou presque, boogeyman moyennement charismatique, et moments « autres » au bord du comique involontaire…

Et puis comme je suis un indécrottable fan de slashers, j’ai insisté un peu. Bien m’en a pris, car la série devient bizarrement beaucoup plus accrocheuse au cours des épisodes suivants. Pas beaucoup plus originale malheureusement, mais je ne lui en demandais pas tant perso.
Après cette espèce de flottement passé le premier épisode (est-ce que c’est fait pour se bidonner ou non ; pas bon signe quand on se pose la question…), la série emprunte à mon grand soulagement une voie un peu plus « hardcore » (toutes proportions gardées) qui la démarquent de l’hilarant « Scream Queens » voire de « Scream », et même de « Harper’s Island » qui ricanait quand même un peu de son propre dispositif. Les scènes de meurtres sont ainsi parfois étonnamment scotchantes, très gore en tout cas. Même le bad guy est filmé de manière plus iconique et finalement menaçante, quand il donnait envie de se bidonner à sa première apparition.
Et puis il y a cette façon qu’ont les auteurs de faire « circuler » les soupçons (classique du genre, ça aussi) en optant pour la veine « No one is innocent ». Rien de révolutionnaire, on est d’accord, mais le scénario ménage du coup quelques jolis coups de théâtre à base de squelettes sortis du placard ; à ce titre (j’en suis là), le final de l’épisode 5 constitue un sacré retournement de situation, à la fois surprenant et glauque à souhait.
Faut pas foirer le final maintenant.

Pas une révolution, vous l’aurez compris, mais un chouette slasher télévisuel (un format finalement pas si inadapté que ça au genre).
Il paraît que la série est conçue selon le modèle anthologique d’un « Scream Queens », « True Detective » ou « American Horror Story », avec casting et intrigues changeant suivant les saisons. Tant mieux, ça évitera à « Slasher » de se jeter dans la nasse où « Scream, the TV series » se trouve à la veille de sa seconde saison (qui ne me dit rien qui vaille, déçu par le final foiré de la première).

Vu l’épisode 6, et le 7 dans la foulée. Waow !! Par rapport à l’entame décevante, c’est à ce stade une toute autre série qu’Aaron Martin nous propose là.

Déjà, y’a un truc qui fait beaucoup pour le show et que je n’avais pas capté initialement : si on s’en tient à la méthode de production, on a là à faire à une « série d’auteur ». En effet, sur le modèle de la première saison de « True Detective », c’est un seul mec (Aaron Martin) qui signe tous les scripts de la saison et un seul autre (le relativement novice mais très capable Craig David Wallace) qui réalise tous les épisodes…
Cette unité de ton, par la force des choses, joue pour beaucoup dans la « tenue » globale du show ; on ne vantera jamais assez les mérites de ces formats plutôt courts (6, 8, 10 épisodes par saison : c’est déjà très bien).

Et alors qu’il n’y a pas plus balisé que le canevas d’un slasher, les épisodes 6 et 7 parviennent à faire dérailler un peu le récit, et livre deux portraits « à charge » de deux des protagonistes principaux d’une virulence assez inouïe (en sous-texte, certaines institutions en prennent pour leur grade). Si ça déraille, ça ne tombe pas non plus dans le hors-sujet, la série profitant de ces sortes de sortie de route du récit (long flash-back, très long aparté sur un perso apparemment secondaire…) pour bien s’arrimer dans le champ du récit horrifique, explorant même la voie naissante (comme en attestent les films d’Ulrich Seidl, que je ne connais pas…) du « Joseph Fritzl/Natascha Kampusch-flick ». Assez hardcore et même dérangeant par moment, le scénario demeure remarquablement fin dans sa description des persos, tous humains…et Dieu sait que ce n’est pas le cas dans tous les slashers (et c’est rien de le dire).
Même la vieille ruse usée jusqu’à la corde du fanatisme religieux comme mobile fonctionne pas mal ; on a peur quand on nous ressort le coup des sept pêchés capitaux (exactement comme dans « Seven ») mais l’auteur parvient à innover en se focalisant sur les spécificités des châtiments réservés aux auteurs de ces fautes…pour des résultats parfois extraordinairement graphique.

La réalisation, de manière générale, profite de la temporalité accrue par rapport au slasher cinématographique (7 h 30 de métrage, on peut caser des trucs), parvient à iconiser un personnage pas folichon à sa première apparition et brode d’authentiques moments de tension. Elle se risque même par moments, à travers quelques raccords astucieux, à prendre un peu d’avance sur le script, vu que le spectateur voit quand même un peu venir le twist final.

C’est là que la série risque peut-être de marquer le pas (comme « Harper’s Island » ou « Scream, the TV Series »), au moment de la résolution. Beaucoup est déjà joué avant le huitième et dernier épisode. Je ne demande qu’à être agréablement surpris, mais j’ai un peu peur quand même.
Sinon, à la fin du septième épisode (avant cette conclusion redoutée, donc), je me suis quand même dit que c’était vraiment pas mal, « Slasher ».

Et la conclusion n’est finalement pas si nulle que ça. Certes, un des enjeux principaux de la saison semble résolu d’emblée, mais ça n’empêche pas Aaron Martin et Craig David Wallace de confectionner un épisode conclusif en forme de roller-coaster très efficace.

Les péripéties ne sont pas franchement d’une grande originalité (les fausses preuves, etc…) mais ça fonctionne et c’est déjà ça. Au rayon des points forts, il y a cette entame en forme de gros clin d’oeil au mètre-étalon du genre, le « Halloween » de Carpenter (convoqué dès le premier épisode, qui se déroule comme le dernier un 31 octobre), avec cette vue subjective « masquée » que reconnaîtront les fans de Big John. C’est juste un clin d’oeil (moins virtuose et « signifiant » que son modèle) mais un chouette clin d’oeil.
Et puis il y a le climax, diablement brutal et d’une noirceur assez hallucinante. Dramatiquement et graphiquement très fort, ce dénouement est quand même idéologiquement assez puant (j’ai été mal à l’aise durant toute la séquence). Niveau impact, par contre, c’est optimal.

Rayon points faibles, il y a quand même une vilaine faute de goût, avec cet épilogue en deux temps très médiocre. Premier temps : une séquence neuneu au possible avec morceau de rock FM insupportable pour bien signifier que la crise est passée. Deuxième temps : une séquence tellement con qu’elle en devient hilarante ; là je pense que c’est clairement voulu par les auteurs par contre.
C’est dommage de finir là-dessus mais ça reste anecdotique, et ça montre aussi que les auteurs ne se prennent pas tellement au sérieux (ce que le climax laissait craindre).

Je ne crache pas sur la gaudriole slasheresque à l’occasion (encore une fois, « Scream Queens » faisait très fort en la matière), mais un truc bien brutal, frontal et direct à l’occasion, ça le fait aussi. Bonne surprise au final que ce « Slasher » qui n’a pas usurpé son nom, malgré un début un peu limite.

Série renouvelée pour une seconde saison (nouvelle histoire et nouveau casting pour ce format anthologique).

La série anthologique Slasher aura droit à une quatrième saison sous-titrée Flesh & Blood…et David Cronenberg fera partie de la distribution.

Décidément, il aime bien les serial killers quand il fait l’acteur, David Cronenberg (je pense à « Cabal » bien sûr, mais aussi à ce rip-off de « Seven » avec Christophe Lambert, « Resurrection » de Russel Mulcahy, dans lequel il joue également).

Série renouvelée pour une 5ème saison.