Je fais référence aux règles un peu anciennes maintenant, et je veux bien le reconnaître, un peu obsolètes en partie (même si un vieux grincheux comme moi accepte difficilement de le reconnaître), qui régissent la mise en scène depuis des lustres.
En partie des conventions, en partie des garants de lisibilité, je parle là de choses comme la règle des 180 degrés, de la cohérence des points de vue, de la construction d’une séquence par grossissement progressif des valeurs de plan pour planter une topographie, etc…
Tout ce qui a a fait la “grammaire” du cinéma pendant un siècle ou presque.
Faut oublier tout ça avec notre ami russe. C’est un maëlstrom d’images qui ne s’embarrasse de rien de tout ça et qui peut s’avérer grisant (ça l’est un temps tout du moins), mais un peu ronge-tête.
Comme Michael Bay, je soupçonne Bekmanbetov de tourner avec une douzaine de caméras en simultané (ce qui donne des tournages très compliqués à gérer, je leur tire mon chapeau quand même pour ça : c’est pas donner à tout le monde de faire 45 ou 50 plans par jour de tournage…), et de chercher à tout prix à caser tous ces points de vue à la fois dans son montage.
Qui dit douze points de vue simultanés dit plus de point de vue du tout. Et qui douze caméras dit douze “stylos” en même temps, du point de vue cinématographique : vous avez déjà essayé d’écrire avec douze stylos ?? 
Bekmanbetov et les cinéastes dans sa veine cassent un peu le principe “hitchcockien” (mais pas que, Lang c’est pareil) qui conçoit le cinéma comme la construction d’un espace cohérent, une place privilégiée pour le spectateur au sein du film…
C’est quand même malgré tout, et c’est toujours appréciable, un cinéaste généreux, notre ami russe et rien que pour ça…