Pitch :
La République connaît une de ses plus graves crises : la Fédération du Commerce a entamé un blocus de la planète Naboo. Pour mettre un terme à cette situation, le Sénat a décidé d’envoyer deux chevaliers Jedi entamé des négociations avec les 2 parties. Ces denières tournent mal et les Jedi doivent quitter Naboo envahie avec la reine de celle-ci afin d’en informer le Sénat. Leur route croise celle d’Anakin Skywalker, un jeune garçon aux talents de pilote exceptionnels.
Mon Avis :
Environ 20 ans que la planète attendait cela, que Georges Lucas reprenne sa trilogie Star Wars. Vingt ans que l’on annonçait que ça y est Georges Lucas s’y remettait et que finalement ce n’était pas le cas.
Et finalement, devant l’envie des fans (ou plutôt devant les coups de fil répétés de son comptable diront les mauvaises langues) Lucas décida de reprendre sa saga en revenant sur les origines de celles-ci : comment en est on arrivé à un empire dictatorial alors que le système était à la base une république ? Mais surtout en remontant dans le temps Lucas compte répondre à La question que tous les fans se sont posés : comment Anakin Skywalker, un chevalier Jedi, est devenu Dark Vador l’âme damnée de l’empereur ?
A priori cette nouvelle trilogie avait tout pour faire plaisir aux fans en s’attardant sur un de leurs protagonistes préféré (si ce n’est leur préféré) et en développant le jeu politique simplement esquissé dans la trilogie originelle.
La menace fantôme a donc pour but premier de nous exposer le contexte initial qui amena à la création de l’empire, il souffre donc du syndrome d’exposition : Lucas veut trop nous en montrer sur l’état de la République enchaînant ainsi les scénettes sans trop de cohérence et en rentrant trop peu dans les détails : le jeu des négociations au Sénat et le changement de chancelier se faisant en 2 minutes à l’écran, le conseil Jedi est montré pour la forme sans plus de précisions....
Le jeu politique vu dans sa globalité est donc succinct, Lucas préférant centrer son histoire sur le blocus de Naboo en le représentant comme l’origine de tous les maux.
Mais sur ce point là aussi Lucas s’attarde peu : les origines du blocus sont évacuées dans la célèbre introduction texte issue de la trilogie initiale et l’intérêt politico-économique de ce blocus par la Fédération du Commerce ne nous est pas expliqué.
En effet, plus qu’au contexte politique, Lucas s’attache dans la menace fantôme à introduire ses personnages qui, on s’en doute, auront un rôle important par la suite : Anakin Skywalker et sa mère, Padmée Amidala, le Sénateur Palpatine, Obi-Wan Kenobi, Yoda....
Plus que sur le conflit c’est sur Anakin que Lucas centre son histoire. Ceci n’est en principe pas critiquable sauf que le Anakin en question a ici 6-8 ans et qu’il est interprété par un morveux qui ne sait pas jouer et qui a en plus un texte des plus pauvres. Je sais que les dialogues (si on les prend avec recul et objectivement), n’en déplaise aux fans, ne sont pas d’une grande profondeur dans la première trilogie mais là on touche souvent le fond ! Il n’y a qu’à voir la séquence où Anakin se réfugie dans un naboo-fichter et attaque par le plus grand des hasards le vaisseau commandant de la fédération du commerce, ça fait froid dans le dos.
En fait Lucas ici n’a pas ciblé les fan initiaux de la première trilogie mais les mioches (voire pour certains les petits enfants) que ces derniers ont eu. Il a donc fait un film pour mioche permettant ainsi, en bon commerçant qu’il est, de ramener dans les salles obscures le plus grand nombre.
Son film se présente comme un beau gros blockbuster, un immense grand huit rempli de beaux décors en 3D variés (cité aquatique, ville surpeuplée, ville désertique....), de courses hallucinantes (à sa sortie et même aujourd’hui la course de pods foutait une claque), de combats spatiaux et d’un combat final très bien réalisé.
A la noirceur présente dans l’épisode V (L’Empire contre-attaque), Lucas a préféré reprendre le spectacle varié de l’épisode VI (le Retour du Jedi où l’on retrouve peu ou prou le même type de scènes : les Ewoks ont été remplacés en moins bien par Jar Jar et son peuple ; la poursuite en moto sur Endor par la course de pods et même le forçage de blocus impérial par Han Solo est ici réinterprété) ce qui désolera les plus grands et ravira la plus petits.
Il n’empêche que, pour consoler les fans, le générique initial est toujours là ainsi que les célèbres compositions de John Williams auxquelles les nouvelles font honneur et les fameux fondus enchaînés entre scènes, on retrouve les peuplades chers à notre mémoire (Jabba et son conseiller, un petit Greedo, des hommes des sables, des Jawas) ainsi que des têtes connues (Obi-Wan, Yoda, R2D2, C3PO...) ; des éléments cultes (les robes et sabres Jedi, les bruits des blasters, les hologrammes pour communiquer...) et comme pour la première trilogie un méchant charismatique : Darth Maul (même si malheureusement, comme dans la trilogie initiale, la mort du méchant est un peu bâclée).
Un film grand public car grand spectacle, la reprise des éléments fondamentaux de la trilogie, Lucas aurait pu faire pire en reprenant sa trilogie culte, mais il n’en demeure pas moins que pour un épisode d’exposition le fond n’est pas assez développé (du fait que les kids sont la cible prioritaire), que les effets spéciaux à mon goût aseptisent un peu l’univers (tout ça semble parfois bien froid, trop propre) et que surtout Jar Jar n’aurait jamais dû existé car son rôle de contrepoids comique (certes ce type de rôle existait déjà dans la trilogie initiale avec à tour de rôle Han Solo, Chewbacca, C3PO... mais jamais de manière aussi grossière et lourdingue) est ici franchement agaçant car sans aucune finesse.
Lucas sort au final un film trop ciblé enfant loupant ainsi les biberonnés à la première trilogie. Le film n’est pas mauvais en lui-même, mais au regard du statut culte des épisodes originaux (qui ont, je le reconnais, parfois les mêmes défauts que cette Menace fantôme). Pas assez sombre, pas assez politique, La Menace Fantôme se révèle une introduction un peu trop légère.