Excellent petit bouquin.
Un peu universitaire sur les bords, avec plein de mots compliqués et de concepts que seul @n.n.nemo maîtrise, mais ça reste encore abordable.
Le début est vraiment super, où l’auteur retrace la généalogie du space opera, expliquant que c’était un peu le genre méprisé depuis longtemps. Cette partie est aussi l’occasion d’aller dénicher des pistes pour les origines de termes comme le mot « sabre laser » ou l’adjectif « psionique ». Passionnant.
Dans cette partie, il tente de montrer des filiations entre l’univers inventé par Lucas et ce qui l’a précédé. Son analyse du cycle du Fulgur par E. E. Doc Smith est assez chouette, même si je pense qu’il se concentre un peu trop sur les romans pulps, sur les comic strips et sur les serials comme ancêtres directs de Star Wars (un passage par les comic books et les diverses décantations que peuvent avoir été Green Lantern ou New Gods auraient été bienvenu, mais on sent bien que c’est davantage un choix de l’auteur qu’une méconnaissance).
Ensuite, par le prisme des différents scénarios du film (qui a connu de nombreuses réécritures) et par la comparaison avec THX 1138, l’auteur postule la création d’un nouveau canon du mainstream (voire, carrément, la genèse d’une culture mainstream geek) qui, dans sa perspective et sa capacité à plaire à tout le monde, est dépolitisé.
Une dépolitisation qui, d’ailleurs, a ses limites, notamment quand l’auteur évoque les univers créés (par deux vagues, puisqu’il s’intéresse à la première trilogie et à la prélogie, qu’il oppose par bien des points) peuplées de lignées et d’éléments méritocratiques qui créent une tension narrative dans les films.
Je n’irai pas aussi loin que lui dans l’idée de la dépolitisation, mais sans doute parce qu’il envisage la politique dans la fiction au sein d’un rapport à l’actualité : pour lui, si je saisis bien son propos, il y a politique quand un film fait écho aux grands faits de l’époque (mettons, ici : le Viêt-Nam, le Watergate, la fin du flower power et le retour de bâton conservateur qui se profile…). Pour ma part, j’aurais une vue plus large et je vois en Star Wars un creuset qui réinvestit des choses plus anciennes (le nazisme, la révolution américaine…), qualifiables de « politiques », et dont le caractère plus ancien contribue au caractère universel des films.
Mais dans l’ensemble, super bouquin.
Et comme le livre sur les rats et Paris est formidable aussi, je crois que je vais m’intéresser à d’autres bouquins de cet éditeur !
Jim