STATION DEBOUT (David Chauvel / Thomas Ehretsmann)

Discutez de Station debout

De son vrai nom Vicente, depuis peu rebaptisé Lesley et installé dans la petite ville de Spokane, il coule des jours tranquilles en vivant une existence d’homme de main minable pour le compte de la pègre. Mais il s’ennuie et décide d’accepter la proposition de Jasper. Ce dernier, petit patron local décidé à faire un gros coup afin d’investir dans des activités légales qui pourraient le porter plus loin, ambitionne de braquer un semi-remorque dans lequel un sénateur organise des combats de chiens pour de riches clients en quête de sensations fortes. Lesley, qui n’est pas un perdreau de l’année, pose de nombreuses questions sur le projet, y compris concernant les autres associés de ce plan à 100 000 dollars. Néanmoins, il accepte. Bien entendu, les choses ne vont pas se passer comme prévu…

StationDebout_1880

Dans cet one-shot de la collection « Sang Froid », David Chauvel utilise plusieurs techniques narratives distinctes. Tout d’abord, il impose un chapitrage fort, articulé autour des personnages, qu’il s’agisse des braqueurs ou des témoins. De plus, il recourt à la technique éprouvée consistant à mettre en opposition le plan et sa réalisation (un peu à l’image du Cerveau, le film de Gérard Oury avec Belmondo, Bourvil et Niven). Cette dynamique a toujours son efficacité. L’un des chapitres est consacré à Lesley, lui-même hanté par des cauchemars dont le lecteur a saisi la teneur depuis la première planche. Cette partie permet de matérialiser les hantises du personnage, mais également d’instiller une incertitude, un flou dans ce qui est raconté. C’est une plongée dans l’esprit du personnage, la marque de la névrose de Lesley qui, dès lors, aura du mal à distinguer le vrai du faux.

StationDebout

Côté dessin, Thomas Ehretsmann signe ici son premier et unique album, l’illustrateur était plutôt habitué réaliser des illustrations et des couvertures (pour Mafia Story ou L’Œil de la nuit, entre autres). Il choisit le noir et blanc, plus direct selon lui. L’usage récurrent de gros plans, le filet noir épais autour des cases et l’encrage sec et cassant sont autant de marques d’un style qui pourrait facilement être comparé à celui de Sean Phillips. Remarquons cependant que Station Debout date de 2000, trois ans avant Sleeper et six ans avant Criminal. Si l’on peut imaginer qu’Ehretsmann puisse connaître le boulot de Sean Phillips avant cela, ce dernier officiant depuis le début des années 1990, la parenté demeure frappante, surtout avec un environnement polar, dont Chauvel a le secret.

Un album de braquage dont les rouages sont assez bien connus, mais dont la personnalité tant scénarique que graphique le distingue du reste de la production.

Jim