SUPERGIRL : BEING SUPER (Mariko Tamaki / Joëlle Jones)

C’est sûr que si on prend ça comme mesure… :roll_eyes:

Je suis un peu étonné de ces « bons échos » dont je ne cesse d’entendre parler ici ces derniers jours, alors qu’en ce qui concerne ce forum en tout cas, je suis le seul à en avoir parlé dans le sujet V.O. pendant la publication (en l’espèce, à propos du #1), et que mon commentaire n’était pas précisément positif. Je me suis forcé à reprendre ma lecture et à lire intégralement le truc, et j’ai à nouveau trouvé ça super-pénible. J’en suis à me demander comment avec des ingrédients auxquels je suis, au minimum, réceptif, voire dont je suis, au mieux, preneur, Tamaki arrive à produire quelque chose qui me semble un tel pensum.

J’avais (donc) déjà noté dans le sujet V.O. un premier grief :

Cet aspect ne s’arrange que très partiellement par la suite. De façon générale, je dois dire que ça faisait longtemps que je n’avais plus lu un comic book où la voix off est simultanément si envahissante, lourde, emphatique et… inutile. Car cette narration tentant de suppléer aux faiblesses du récit et de la caractérisation, se fait en outre sur fond de décompression qui atteint le vide abyssal. Sur les trois premiers épisodes, on peut littéralement sauter au moins une dizaines de pages à chaque fois sans rien manquer. — Le quatrième épisode renverse la tendance, mais sans être fondamentalement plus intéressant : on passe ainsi de ce qui voudrait, si j’essaie d’être généreux, une évocation (ratée) de thèmes comme la dépression adolescente, à un scénario (raté) complètement bateau et vu mille fois à base de bim-bam-boum entre aliens. C’est plus rythmé, mais c’est pas forcément mieux.

Autre exploit considérant le peu de chose qui se passe, la narration n’est même pas fluide : à plusieurs reprises, j’ai trouvé les enchaînements bizarres et pas évidents. Je veux bien que Mariko Tamaki ne soit pas forcément aidée par les dessins de Joëlle Jones (qui m’a semblé motivée de façon très… aléatoire, avec certaines pages vraiment bien travaillées, mais aussi ailleurs des expressions faciales franchement moches, des anatomies hasardeuses et des abus de copié-collé entre certaines cases) ; mais ça n’explique pas tout. Enfin, le récit est truffé de grosses ficelles et d’incohérences, au point qu’au bout d’un moment je ne voyais plus que ça.

Spoiler

Pour prendre un exemple concret : le cas des « montres-bracelets » distribuées par la coach-sportive-savant-fou-spécialiste-de-physiologie-extraterrestre-et-d’énergies-renouvelables, supposées collecter des informations biométriques sur les résultats sportifs des jeunes athlètes. Dans le 2e chapitre, Dolly fait remarquer qu’il est bizarre que la coach ne les as distribuées qu’à Kara et ses deux amies, et à personne d’autre dans aucune autre équipe.

Première remarque : la facilité scénaristique qui rend immédiatement le personnage plus-que-suspect pour le lecteur, au détriment d’une construction plus subtile.

Deuxième remarque : Kara qui trouvait (super-pouvoir de la voix off) « bizarre », une demi-douzaine de pages plus tôt, que sa prof s’adresse à elle avec des mots de réconfort à la sortie de l’enterrement de sa camarade de classe et meilleure amie, ne tique absolument en revanche sur ce point autrement plus chelou auquel elle se contente de répondre un « J’sais pas, p’tet bien » évasif, sans jamais y repenser ensuite.

Troisième remarque : la réplique met par contre en lumière l’incohérence du scénario : genre, Lexcorp et le gouvernement n’avaient pas quelques centaines de dollars pour payer quelques bracelets en plus et mieux camoufler leur opération ?

Quatrième et dernier point : tout cela ne suffit pas à faire oublier l’autre incohérence, à savoir que tout en portant ce qu’on lui a explicitement présenté comme un capteur biométrique enregistrant sa vitesse, ses battements cardiaques, etc., Kara continue de se faire des séances de vol, ou des sprints au-delà du mur du son au milieu des blés comme si de rien n’était !

Ça fait quand même beaucoup, je trouve, pour ce qui est censé être un des éléments-clés du scénario. Et je ne compte plus les facilités plus ponctuelles, comme Kara qui n’a aucune idée de ce que la cape rouge avec un S symbolise alors que Superman fait déjà la une des journaux (c’est Dolly qui doit lui apprendre avec une image qu’elle a trouvé « sur l’interweb ») ; ou ce bon vieux gros cliché de l’héroïne qui a le temps d’échanger une bonne minute de prises de karaté et de lignes de dialogues avant de sauter et de rattraper sa copine qui s’est fait lâcher d’une tourelle de 12 mètres de haut à tout casser (ce qui en vrai signifie qu’elle se scrashe en bas en moins d’une seconde chrono…).

Je n’ai pas gardé un grand souvenir de la prestation de Tamaki dans le numéro anniversaire de Wonder Woman (je crains un peu le pire quant au fait de la voir installée là-bas en tant que scénariste à plein temps), et franchement je n’ai tenu que quelques pages de son Harley Quinn: Breaking Glass. J’aimerais lire ses X-23 mais étant donné mes réactions à ça, j’ai un peu de mal à me croire que ça sera une réussite miraculeuse.