SUPERMAN / BATMAN t.1-2 (Loeb / McGuinness, Turner)

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[quote]Superman Batman tome 2

Un beau jour, le monde se réveille sous le joug de ses plus grands héros : Superman et Batman ! L’humanité n’a plus qu’un choix : obéir ou périr… Comment en est-on arrivé là ? Et reste-t-il un seul adversaire capable de s’opposer à ce dangereux tandem ? Quand le plus fabuleux des duos devient les pires tyrans imaginables, le seul espoir se trouve désormais entre les mains de la princesse amazone, Wonder Woman !

Public : Ado-adulte - à partir de 12 ans
Genre : Super-héros
Collection : DC Classiques
Date de sortie : 04 mars 2016
EAN : 9782365778329
Prix : 28 EUR[/quote]

J’ai récemment eu l’occasion de relire ces deux tomes, après avoir lu les comics à leurs sorties en France.
J’en gardais un bon souvenir.
Parfois, les souvenirs d’une chose sont bien meilleurs que la chose elle-même.

Quel chemin de croix, en fait.
Autant le premier tome est fluide et se lit bien, autant le deuxième est une lecture difficile et très désagréable.
On ne va pas refaire l’Histoire : Jeph Loeb lance Superman/Batman après sa maxi-série Batman : Hush avec Jim Lee, et surfe également sur son passage sur Superman. Il semble être le scénariste pour une série sur le duo, et aura de très bons compagnons à la planche à dessins.
Mais l’ensemble n’est finalement pas fameux.

La première saga montre comment Superman et Batman font finalement chuter un Lex Luthor fou, alors Président des USA.
La lecture est bonne et fluide, oui, avec un Ed McGuinness très bon et inspiré. Mais a posteriori, et en lisant ça en bloc, loin du « buzz du moment », quel gâchis, en fait. La période de présidence de Lex Luthor était riche et intéressante, et le personnage « switche » comme ça en dément absolu, dès lors qu’un astéroïde de Kryptonite file vers la Terre.
C’est bête, ça devient vite bas du front. Les rebondissements sont bons, l’ensemble se lit bien, mais les idées de fond viennent gâcher un bon contexte, et livrent une saga finalement creuse.

L’épisode sur Robin et Superboy est sympathique, à défaut d’être lisible. Heureusement que la mode de Pat Lee est passée.

La deuxième saga montre l’arrivée de Supergirl par Michael Turner.
Ca se lit encore, mais c’est là où la caractérisation commence à virer au n’importe quoi. Jeph Loeb met beaucoup pour nous montrer un Superman inquiet et crispé, mais l’Homme d’Acier devient un gros con ultra-protecteur et débile dans ces pages.
La saga reste lisible et dynamique, avec notamment un passage bien vu sur Apokolips. Le final est assez niais et mal fichu, avec Darkseid qui pense tuer Supergirl mais non, haha!, elle a été téléportée avant et ils ont mis des cendres à sa place. Super. Super-con, oui.
Bon ça reste correct, et si je n’adhère pas pleinement aux dessins de Michael Turner, ils fonctionnent bien ici. C’est solide et professionnel.

Vient alors la descente aux enfers, avec le deuxième tome.

Ca commence par la saga de Carlos Pacheco, impérial aux dessins malgré le scénario qu’on lui donne.
Ici, Superman et Batman sont devenus les tyrans de la Terre car ils ont été « chopés » par Lightning Lord, Saturn Queen et Cosmic King (les ennemis de la Légion des Super-héros, les doubles maléfiques des fondateurs) après l’arrivée de la fusée et le meurtre des Wayne pour être élevés « différemment ». L’idée n’est pas mauvaise, mais Jeph Loeb se perd en multipliant les rebondissements, en gâchant de bonnes situations (comme ce monde vicié, trop peu vu), et en lançant le duo de justiciers dans le Temps et les réalités altérées.
Ca n’a rapidement plus de sens, l’idée de base se perd bêtement, et le final est assez lourd même si le duo garde de bons dialogues. Il est sympa’ de revoir ces super-vilains, et c’est un bon plan ; mais Jeph Loeb en fait un ensemble incohérent et lourd, très désagréable.
Dommage, car Carlos Pacheco livre des planches de très grande qualité, avec des personnages iconiques et puissants.

Enfin, dernière saga avec Ed McGuinness, où Jeph Loeb tente de donner du sens à son run. Spoiler : c’est un échec.
Sans trop en dire, on a ici un ensemble très lourd avec des clones des Avengers (les Maximums) qui viennent s’en prendre à Superman et Batman car ils ont tué leur Giant-Man ; ce qui est vrai, on le voit, mais ça ne sera jamais clairement expliqué.
Jeph Loeb se perd encore plus qu’avant dans les altérations de réalité, tentent de faire « cool » en rameutant plein de versions alternatives. Mais ça n’a aucun sens, et ça ne va nulle part. Il surfe sur Emperor Joker, ce qui est pertinent sur le fond, mais semble complètement dépassé bien des années après, tant le scénariste part du principe qu’il n’a pas vraiment à expliquer pourquoi le Joker et Mr Mxy s’affrontent sur un échiquier cosmique.
C’est lourdingue, c’est mal écrit, c’est mal fichu, et c’est en plus rendu illisible par une présence constante de Bizarro et Batzarro. Je l’admets : je n’aime pas Bizarro, je ne supporte que la saga de Johns et Powell dessus, et je ne comprends pas qu’on l’apprécie. Là, Bizarro et Batzarro sont énormément présents, leurs dialogues sont très désagréables, ça tire en longueur et c’est super chiant.
La saga est bien dessinée, mais même McGuinness fait un minimum alors que les Batmen et Supermen se multiplient sans raison, alors que l’intérêt se divise.

Enfin, Jeph Loeb se reprend sur un numéro hommage à Superboy, alors disparu dans Infinite Crisis, avec beaucoup d’invités.
Surtout, il livre un récit terriblement beau et touchant sur son fils Sam, avec Tim Sale.

En conclusion, qu’en penser ?
Que ça a diablement mal vieilli, hélas. Ces épisodes sont très voire trop liés à un contexte depuis longtemps disparu, et qu’on ne fait toujours qu’effleurer, même si les épisodes « concluent » ces événements.
On voit ici souvent de bonnes interactions entre Bruce et Clark, mais Superman est rapidement écrit comme un gros con avec sa cousine et les autres, et les sagas suivantes ne relèvent pas vraiment le niveau. Jeph Loeb s’est perdu dans ses altérations de la réalité, voulant toujours faire « plus », voulant cocher toutes les cases de toutes les apparitions possibles, sans que cela fonctionne.

Je revenais à ces tomes tout content de replonger dans une bonne période, j’en ressors à l’enthousiasme douché par des épisodes essentiellement lourds et loupés.
Non pas par la forme de la narration, mais par le fond et les idées, qui font essentiellement du naze avec des personnages jusque-là bien compris et animés par l’auteur.

Une dégringolade constante et décevante.
Triste retour à cette série, qui fut l’une des premières de DC que j’ai découvertes en me lançant en VF, il y a bien deux décennies.

Je suis aussi de cet avis. J’ai lu ça à l’époque en kiosque, d’abord chez Semic puis chez Panini. J’avais bien aimé au départ avant de trouver ça de plus en plus laborieux. Et quand j’ai tenté de relire quelque temps plus tard, je ne suis pas allé au bout, ça me tombe des mains…

Oui, Loeb m’a donné l’impression de se lancer dans ses propres lubies, et de s’y perdre.
J’ai presque préféré le Superman/Wonder Woman de Charles Soule, finalement.

J’ai arrêté au bout de quelques épisodes…^^

Ça ne veut pas dire que c’est pire. :grin:

J’ai souvenr d’un tuc bas du front, notamment avec Arès.

Ça a un front, un Tuc ?
tuc

Tori.

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Oui, regarde bien sous les pointillés
(mon clavier de boulot part vraiment en lambeaux)

Allons, allons, tout de suite les exagérations.

Jim

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Pourtant le premier numéro laissait entrevoir une telle poésie dans l’écriture :
image

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Oui, les dialogues sont ébouriffants.

Il sort la cavalerie et abonde les scènes de personnages, de clin d’oeil.
Bref il se fait plaisir. Mais je n’arrive pas à le détester!

Il n’est pas détestable, juste un scénariste moyen parfois sublimé par une bonne alliance au bon moment avec un bon dessinateur.