SUPERMAN II (Richard Lester, Richard Donner)

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SUPERMAN II : THE RICHARD DONNER CUT

REALISATEURS

Richard Donner, Richard Lester (non crédité)

SCENARISTES

Mario Puzo, David & Leslie Newman, Tom Mankiewicz, d’après une histoire de Mario Puzo et les personnages créés par Jerry Siegel et Joe Shuster

DISTRIBUTION

Christopher Reeve, Margot Kidder, Gene Hackman, Marlon Brando, Terence Stamp, Sarah Douglas, Jackie Cooper, Jack O’Halloran, Marc McClure, Ned Beatty, Valerie Perrine, E.G. Marshall…

INFOS

Long métrage américain/britannique
Genre : aventures/science-fiction
Année de production : 1980/2006

L’idée du « Richard Donner Cut » de Superman II a germé au début des années 2000, pendant la restauration du premier Superman en vue de la sortie d’une version longue en DVD. Dans un premier temps, Richard Donner s’est montré réticent (selon ses termes, il en « avait fini » avec tout ça) et il a fallu tout l’enthousiasme du monteur Michael Thau (qui avait travaillé sur la version étendue de Superman) et des fans qui se sont mobilisés sur Internet pour que le réalisateur accepte finalement de revisiter le film qu’il n’a jamais pu compléter à la fin des années 70. Entre-temps, la Warner avait réglé les problèmes juridiques concernant l’utilisation des images avec Marlon Brando (l’interprète de Jor-El, le père de l’Homme d’Acier), permettant notamment à Bryan Singer d’intégrer l’acteur disparu deux ans plus tôt dans son Superman Returns.

Parmi les nombreux « Director’s Cut » disponibles depuis des années, Superman II : The Richard Donner Cut est vraiment un cas à part. Si le film signé par Richard Lester en 1980 et ce nouveau montage suivent la même histoire, les deux approches sont totalement différentes. Le ton général n’est pas le même, comme le traitement humoristique qui était nettement plus prononcé chez Lester.

L’affiche promotionnelle ci-dessus clame que le « Richard Donner Cut » présente le film tel qu’il était « originellement conçu et prévu ». Ce n’est bien entendu pas tout à fait vrai. Avant de se faire virer, Richard Donner avait tourné 75% du scénario. Il manquait donc des choses importantes, comme la façon dont Lois Lane découvre que Superman et Clark Kent ne font qu’un ainsi que de nombreuses scènes de destruction perpétrées par les trois criminels kryptoniens (Zod, Ursa et Non causaient encore plus de dégâts). Pour le « Donner Cut », il a fallu donc recourir à quelques astuces, comme l’emploi de scènes qui n’avaient pas encore été filmées mais qui avaient servi pour les essais lors des auditions. Ce qui nous offre la vision, en plein milieu du métrage, d’un Christopher Reeve maigrichon puisqu’il n’avait pas encore terminé l’entraînement qui a fait de lui l’idéale personnification à l’écran de Superman. Mais ce passage est tout de même intéressant parce que même à l’état brut, il propose une révélation que je trouve mieux amenée que dans la version de Lester qui appuyait trop sur la maladresse de Clark Kent.

J’ai toujours mes réserves sur toute la partie « romance et exploration de l’humanité », mais les doutes de Superman sont ici mieux exprimés, grâce au retour des scènes avec Jor-El (l’ensemble avait été réécrit et retourné, et Brando remplacé par Susannah York qui joue la mère du héros). Un drame en deux actes qui boucle la boucle avec le premier volet, le rétablissement des pouvoirs de Superman avant la grande bataille finale faisant écho à la prophétie kryptonienne énoncée par Jor-El dans le premier acte de Superman.

Dans « The Richard Donner Cut », il y a donc de nombreuses scènes inédites, d’autres bien connues puisque présentes dans Superman II en 1980 (toutes celles avec Gene Hackman, Ned Beatty, Valerie Perrine et E.G. Marshall par exemple), d’autres pour lesquelles des prises de vues alternatives ont été utilisées…et ironiquement, des plans signés Richard Lester ont été conservés pour respecter une logique dans le déroulé des événements. On retrouve aussi le début (les criminels kryptoniens s’échappent de la Zone Fantôme suite à l’explosion du missile reprogrammé par Lex Luthor) et la fin (Superman inverse la rotation de la Terre et modifie le cours du temps) prévus à l’origine.

Par la force des choses, Superman II : The Richard Donner Cut ne fonctionne pas complètement. Certaines ellipses sautent un peu trop aux yeux, occasionnant un manque de cohésion entre plusieurs séquences. Mais il y aussi des choses plus réussies que dans le long métrage de Richard Lester et c’est ce qui fait l’intérêt de ce « Director’s Cut » qui propose un passionnant aperçu de ce qui aurait pu être…
Et si Richard Donner avait pu terminer Superman II ? La suite de la saga cinématographique de l’Homme d’Acier aurait pu connaître un destin bien différent…