SUPERMAN : NEW METROPOLIS t.1-3 (collectif)

Eh bien, j’aurais galéré à mettre la main sur celui-là. J’ai commis l’erreur de ne pas le prendre immédiatement en le rencontrant chez un libraire qui n’est pas mon dealer attitré, mais j’ai dû retourner deux fois chez ce dernier, et dans l’intervalle je suis passé par plusieurs Fnac où il n’y en avait nulle trace… Malheureuse coïncidence ? Signe d’un volume que les lecteurs se seraient arraché (j’ai quand même un doute), ou au contraire d’un faible tirage en prévision d’un faible intérêt du public ? Je ne sais.

Mais quoi qu’il en soit, en ce qui concerne ma petite personne, je ne regrette pas d’avoir persévéré dans ma quête, car ce volume s’est avéré encore bien plus plaisant que je ne l’espérais !

Les débuts de l’époque Berganza, collectés chez Urban dans les HS #2 et 3 de la revue Superman Univers puis dans le premier tome de ce « New Metropolis », avaient déjà bien des qualités qui les rendaient tout à fait sympathiques — mais ils avaient aussi leur lot de défauts, notamment un côté brouillon assez récurrent qu’on retrouvait aussi bien du côté de la structure d’ensemble que dans le contenu même de certains numéros. Rien de tel ici, les numéros des différentes revues dédiées au Grand Bleu se présentant désormais comme un véritable ensemble et une machine bien rodée.

La lecture se suit fluidement d’un numéro à l’autre, quasi sans anicroches (j’en ai noté encore deux, mais assez mineures). Si des intrigues courtes sont toujours présentes çà et là — une confrontation entre un patron d’usine et de jeunes militants écolos à Smallville, une visite du Joker à Metropolis… —, on voit au fur et à mesure les éléments de « fil rouge » gagner en importance et révéler un plan plus large, aux conséquences potentiellement majeures. Les transformations post-Y2K de « la ville de demain » occupent une place importante, mais des éléments des numéros antérieurs se voient également recontextualisés — révélation ou rétrocontinuité, peu importe —, ce qui non seulement vient donner plus de poids à des choses qui avaient été traitées un peu (trop ?) rapidement, mais accentue encore l’impression de cohérence.

Si la note d’intention générale reste à la légèreté, avec un Superman « solaire » et pléthore de répliques humoristiques qui font mouche, les quatre séries s’aventurent aussi dans des parages plus sombres, en présentant leur héros dans un état de plus en plus affaibli, aussi bien sur le plan physique que psychologique alors que son mariage avec Lois bat subitement et brutalement de l’aile. Cet élément d’apparence soap passe progressivement de la comédie à des proportions plus graves et perturbantes : les secrets derrière cet effondrement de la vie privée du Kryptonien pourraient bien le laisser dans un état… critique.

À noter également parmi les nombreuses qualités de ce tome, une des meilleures variations à ma connaissance sur le thème — maintes fois traité, au demeurant — du tandem Batman / Superman, dans un épisode scénarisé par Joe Kelly.