J’ai pris le tpb ne pouvant bien sur patienter.
Morrison m’a une nouvelle fois totalement conquis.
J’ai plusieurs BD avec sup : de sa mort à son retour, un cross de guerre galactique dont le nom m’échappe, la reprise par Byrne et quelques autres choses dont le casey chez urban.
Sans remettre en cause la qualité des récits, je fais parti de ceux qui n’ont jamais réussit à adhérer totalement au personnage.
Rapidement les explications qui consistent à dire qu’il était trop puissant pour être intéressant ou trop boyscout se sont avérées insuffisante à mes yeux.
Je pouvais régulièrement laisser mes pensées voguer en me demandant ce qui pourrait faire mieux fonctionner à mon sens le personnage.
Tout comme Batman et wonderwoman, j’en suis très vite arrivé à l’idée que ce qui faisait la caractéristique de superman était une certaine dualité, une double nature de son action à savoir qu’il agissait à la fois concrètement et sur un certain plan symbolique, ce qui à l’occasion pouvait justifier les limites qu’il se posait, là où une action concrète trop extrême aurait pu brouiller son action sur un plan symbolique.
Que Nolan, dans son style ronflant, insiste sur cette particularité que Batman partage avec sup, est l’une des raisons qui m’ont fait adhérer à sa trilogie et notamment à son second volet.
Mais lutte contre le crime d’un coté pour batman, féminisme pour wonderwoman, d’un autre, l’engagement ou la cause de superman restaient plus difficile à saisir. Une sorte d’humanisme, un message de solidarité voir de fraternité ? Je n’arrivais pas vraiment à mettre le doigt dessus. J’en arrivais à me dire que peut-être sa cause était l’imaginaire, que comme personnage, il ne pourrait fonctionner qu’en réécrivant les règles du réalisme qui l’avait pourtant vu naitre à la façon du suprême de Moore ou encore du Majestic de Casey qui ne cachaient pas leur dette au personnage.
Mais là encore, autant le suprême de Moore est une réussite exceptionnelle autant le personnage de suprême lui-même reste assez creux, quasi inexistant, pure fonction narrative.
Je ne pouvais me résoudre à penser que le plus mythique des super héros était aussi en quelque sorte le moins vivant.
Ce n’est qu’à la lecture du livre de Morrison ainsi que des premières pages de « la puissance des masques » de Jim, soit très récemment, que j’ai enfin cru trouver un angle nouveau et riche pour renouveler mes réflexions à ce sujet.
S’il fallait encore des preuves à l’existence du fait dialectique, superman en serait certainement une parmi les plus éclatantes, ou comment un personnage créé en osmose avec la représentation de la lutte des classes se retrouve quelques années plus tard à incarner sa négation même. Disons le de façon moins polémique, superman défenseur des exploités se transforme les années passant en défenseur ultime du statu quo et de l’american way of life.
Si l’engagement de superman est si indiscernable aujourd’hui, en tout cas s’il l’est pour moi, cela tient au fait même que sa cause reste ambigüe, d’être ainsi prise dans cette auto négation.
Quelle cohérence donner à un personnage dont l’histoire a rendu ses actes même incohérents, écartelés entre deux extrêmes qui s’excluent l’un l’autre. Et bien la meilleure cohérence qui soit, la plus humaine, celle d’une tension impossible à résorber.
Le superman prolétaire sera ainsi en jeans t-shirt et chaussure usées. Image pour moi totalement captivante dont je ne lasse pas. Un superman issue du parrain 2 segment Deniro. Celui d’une Amérique âpre, encore en lutte avec elle-même.
Le superman du statut quo sera non pas défenseur du système, mais acteur, observateur, admirateur de la richesse du monde imaginaire dans lequel il vit.
L’histoire sera celle de comment ces deux superman trouvent à se concilier dans la figure du premier super héros, à la fois le plus humain, car divisé, et le plus mythique car capable d’aller de la rue aux confins de l’espace.
Une scène qui pour moi est dors et déjà un classique, l’une des plus belles scènes que le genre super héros ai produit, qui condense en quelques cases tout ce que j’ai tenté ici de déployer : superman courant puis bondissant d’une ruelle, ses semelles élimées pour rebondir sur un satellite et de là accéder aux étoiles.
Quelques cases qui sont l’histoire de superman telle qu’elle prend alors toute son ampleur pour devenir l’histoire même du genre à qui ce personnage merveilleux a donné naissance. De la rue aux étoiles.