[quote=« artemus dada »]
Où l’Ergosodysée morrisonnienne nous mènera-t-elle ?
Si je pense qu’une histoire n’a pas besoin d’être « réaliste » (surtout une histoire de Superman), pour moi elle doit être cohérente, et l’exemple de la localisation du **Village ** est un bel exemple. Si le **Village ** ne peut-être localisé, il doit y avoir une explication qui entre en résonance avec le propos de la série (et serve l’histoire) ; mais si cette série veut épuiser toutes les possibilités elle n’a pas de ligne directrice. Le Rien n’est vrai tout est permis de Burroughs est une très belle formule reste à savoir si elle fait de bons livres.[/quote]
J’aime bien le terme d’ergosodysée.
Pour le reste, il ne faut pas confondre à mon sens cohérence et linéarité ou encore continuité (dans le sens de narration continue, sans coupure), ni même poser tout cela comme nécessaire à un dire.
Les rêves sont souvent construits autour de signifiants, dont les différentes variations de sens sont épuisées dans le rêve. Cela n’empêche pas qu’un dire singulier s’en dégage et j’ajouterais bien au contraire.
La poésie, cette longue hésitation entre le sens et le son, pouvions nous lire dans le métro parisien il y a quelque mois. C’est d’à propos, parfois il faut épuiser le sens pour que jaillisse le son et avec lui peut être, si ce n’est un sens supplémentaire en tout cas quelque chose qui touche au vivant de la langue.
L’ergosodyssée apparait ainsi comme une manière d’épuiser la fiction et son cadre normatif et figé (début, milieu, fin, cause conséquence, enjeu, dénouement…) pour l’amener au plus près de ce qu’il peut y avoir de vivant en elle, une écriture onirique donc qui n’en est pas moins logique et précise.
Cela me fait penser à une analyse percutante dans l’ouvrage des moutons sur Kirby. Les auteurs mettaient en avant que bien que détaillés en terme de décors, les dessins de Kirby ne permettaient jamais d’établir l’architecture d’une pièce, l’agencement d’une rue, contrairement à un hitch par exemple.
Ils voyaient en cela l’une des clefs de l’extraordinaire énergie qui se dégageait de ces dessins, où la réalité dans ces derniers étaient à chaque dessins redéfinit et donc toujours en mouvement.
A ce titre l’espace Kirbyien n’est euclidien, ni même cohérent. Ca n’en fait pas un gloubiboulga pour autant. Lynch, morrison, le prisonnier, Joyce, chacun travaille a sa manière la matérialité même de leur parole.
Lacan disait dans l’étourdit « qu’on dise, reste souvent oublier derriere ce qui se dit de ce qui s’entend », ce sont là des auteurs qui cherchent à ne pas l’oublier et dans leur écriture à le faire percevoir, du coup ce qui se dit et ce qui s’entend s’en trouve fissuré, ce n’est pas un mal.