SUPERMAN : YEAR ONE #1-3 (Frank Miller / John Romita Jr)

Je sors de la lecture et je n’aurais pas grand chose de plus à rajouter à ce que Ben a déjà dit. Je ne crierai pas au chef-d’oeuvre, mais j’ai apprécié cette lecture qui nous présente les dilemmes moraux auxquels sont confrontés Clark, à la fois tiraillé entre sa soif de justice, l’injonction de ses parents à faire profil bas et, il faut bien l’avouer, l’envie adolescente de « faire le show ». On a un jeune Clark un peu plus pro-actif et moins subtil qu’à l’accoutumé, ce qui est appréciable pour cet énième relecture des origines, même si je ne peux m’empêcher de voir quelques petites similitudes (volontaires ?) avec le Man of Steel de John Byrne : la quasi-absence d’éléments de Krypton dans sa jeunesse, les triomphales parties de football… J’aime beaucoup son Jon Kent, qui comme bien souvent conseille son fils à l’inaction pour protéger son secret, mais dont les paroles évoluent ensuite vers un discours un peu plus ambiguë.
Miller ne s’embarrasse par contre pas de certains détails, comme la façon dont les Kent adoptent le bébé Clark qu’ils viennent de trouver qui est… totalement éludée de l’histoire, là où ses prédécesseurs cherchaient toujours une explication plausible à l’arrivée d’un enfant chez le couple. Le scénariste ne semble pas trop se soucier non plus des soupçons que pourraient éveiller les capacités de Clark, ça en devient même une blague lors d’une des dernières pages où le jeune homme vol dans le ciel de Smallville. Ce n’est pas rare qu’une partie des habitants remarquent la singularité de Clark, voire que cela tourne un peu au secret de polichinelle (je crois que c’est le cas dans le American Alien de Max Landis, j’ai le souvenir de policiers voire d’autres habitants qui connaissent son secret, une situation pastichée par Mark Millar dans son assez récent Huck).
Il y a un élément sur lequel je n’ai pas encore tranché, car cela va dépendre de ce que Miller en fera : l’entrée de Clark dans la marine. J’espère que le prochain épisode ne s’ouvrira pas sur un Clark qui finit son service, car Miller louperait une occasion inédite de présenter les motivations et expériences fondamentales du jeune Clark. L’armée va-t-elle faire prendre conscience à Clark de l’horreur et de l’absurdité de la guerre ? Ou au contraire aura-t-on un cliché un poil viriliste de l’homme qui est devenu ce qu’il est grâce à l’armée ? On peut aussi s’interroger sur les raisons de Miller derrière ce choix de parcours : est-il encore dans une optique de justification des actions belliqueuses des USA après les 11 septembre ? Ou s’agit-il juste pour lui d’expérimenter une thématique nouvelle (ou sous un jour nouveau) ?
Les thématiques « milleriennne », on en trouve justement plusieurs dans ce premier numéro, et c’est peut-être ce qui en fait son intérêt pour le lecteur habitué aux récits de Franky. L’un des amis de Clark est un jeune obèse (et qui ne semble pas être le plus intelligent du lot de surcroît) qui dessiné de manière assez grotesque, le genre de personnage que l’on retrouve bien souvent chez Miller. Clark en sauveur/écho d’un gang de « freaks », de rejetés, de mal-aimés, peut également trouver écho dans d’autres œuvres du scénariste. La scène-pivot du sauvetage de Lana de ses assaillants qui menacent de la violer aurait elle très bien pu se transposer dans un comic ou un film se passant dans le New York des années 80/début 90 où les gangs de rue s’adonnaient à ce genre de manigance avant de se faire casser les rotules par le justicier du coin. Et difficile de ne pas voir Miller s’auto-citer (parodier ?) lorsqu’il fait dire à son héros qu’une situation est une folie puis le répète (« This is madness. Madness »), référence qui me paraît évidente à un autre de ses écrits où le héros est identifiable à sa cape et son slip (mais sans collants par contre). Et il y a bien sûr les pistes du patriotisme comme de l’inefficacité/corruption de l’autorité qui peuvent être ouvertes avec le rôle que pourrait jouer l’armée dans la suite.
Une entrée en matière intéressante avec une première année de Clark en tant que justicier mais sans le costume, la suite m’intrigue particulièrement pour voir si/comment les rapports entre Superman et l’armée sont abordés.

Je crois que Miller part sur l’idée de montrer les rêves et l’idéalisme d’un gamin de la campagne. Et partant de là, l’armée a toujours été pour les américains de la campagne la possibilité de sortir de leurs villes, de voir l’ailleurs, de découvrir le monde.
Je suis curieux, notamment pour le choc avec la réalité, mais je comprends le choix et je trouve ça pertinent car ça change et c’est cohérent.

Tout pareil, j’ai juste peur qu’il élude ça pour partir toute suite sur la période reporter. Clark ferait un bon reporter de guerre : ses capacités lui permettaient de mener à bien son métier et il serait toujours sur des lieux où on a besoin de Superman (et la confusion des batailles permettrait de camouffler la disparition de son identité civile).

Je pense qu’on verra son départ après avoir perdu ses illusions.

Je trouve que c’est une très bonne idée. Pas souvent exploiter.

Il reste, si je ne me trompe, deux numéros. Si je me fie au titre, « Année Un », je pense que Miller va s’arrêter au moment où le mythe se constitue (donc à l’arrivée au Planet… voire au Star). Et donc, j’imagine qu’il a encore plein de place pour évoquer des choses « inédites ».

Jim

J’ai aussi ce pressentiment. Ce serait drôle par contre que Miller casse les habitudes de ce genre de récit avec un Clark très content de son service et pro-armée.

Il n’était pas en reportage de guerre au Moyent-Orient au moment de Death of Superman, ce qui expliquait que Clark disparaissait en même tant que l’Homme d’acier ?

Tu ne te trompes pas. :wink:
Là par contre il est parti pour nous faire une « Decade One » !

Tu sais, parfois, une année, c’est long.

Jim

Une année bissextile, par exemple ! ~___^

Tori.

Sans parler des jours qui s’étirent avec la chaleur !

Un premier aperçu du #2 :

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Source : www.dccomics.com

La couverture variante du #3 par Frank Miller :

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Il s’encre lui-même, JR² ?

ça doit toujours être Danny Miki, je pense.

Jim

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SUPERMAN YEAR ONE #2 (OF 3) ROMITA COVER (MR)
JUN190465
(W) Frank Miller (A) Danny Miki (A/CA) John RomitaJr
Clark Kent’s journey of self-discovery continues in the second installment of Frank Miller and John Romita Jr.’s remarkable reimagining of Superman’s origin story. This chapter takes young Clark to the Pacific coast and beyond, as he discovers a place as sensational as he is…Atlantis! There he meets new people, finds love, clashes with gargantuan beasts and discovers the man he’s meant to be.
In Shops: Aug 21, 2019
SRP: $7.99

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Source : www.bleedingcool.com

Superman: Year One #3

(W) Frank Miller (A) John Romita, Danny Miki, Alex Sinclair (CA) Frank Miller
It’s the jaw-dropping conclusion to Frank Miller and John Romita Jr.'s blockbuster reimagining of Superman’s origin! In this final chapter, Clark Kent arrives in Metropolis, the city where he will fulfill his heroic destiny. Witness the first meeting between Superman and Lois Lane, the beginnings of Clark Kent’s career at the Daily Planet, and the birth of his rivalry with Lex Luthor. But when The Joker arrives on the scene, the Man of Steel must enlist the help of his two strange new friends: Wonder Woman and Batman!
In Shops: Oct 16, 2019
SRP: $7.99

Source : www.dccomics.com

Zactement.

Je l’ai acheté en librairie. Miller, quoi.
Même qu’à un moment, comme un con, j’ai pris la couverture Romita Jr. J’en parle à un pote qui ne l’a pas, du coup, j’ai racheté la couverture Miller, et complété les autres en version Romita Jr pour faire un cadeau complet.
Chez Pulps, des mois plus tard, les trois épisodes étaient soldés. Je crois que ça n’a pas bien marché chez eux, je ne sais pas si ça a marché tout court.

Jim

Ah oui

Y a eu un tpb ? Je n ai pas vu passer.

Pas en VF en tout cas.