SWAMP THING WINTER SPECIAL (Tom King, Len Wein / Jason Fabok, Kelley Jones)

Même si aucune des deux parties composant ce numéro ne s’avère « pleinement satisfaisante », le tout n’en constitue pas moins une lecture assez marquante et émouvante.

« The Talk of the Saints » est une histoire assez énigmatique de Tom King, sublimée par un Jason Fabok en très, très grande forme (et bien aidé de surcroît par la mise en couleurs de Brad Anderson). En toute honnêteté, je ne suis pas sûr du tout de ce que King cherche à nous raconter dans le corps de son récit, et encore moins avec l’encadrement dudit récit par des extraits de retransmission d’une émission de radio commentant un mach de football entre Gotham et la Nouvelle Orléans. :thinking: On sent que l’auteur essaie de nous entraîner vers une réflexion sur la monstruosité, extérieure et intérieure (et sur l’héroïsme), mais le détail reste assez nébuleux (et le twist de l’histoire concernant l’enfant et le « monstre des neiges » se voit venir assez rapidement). Reste que l’atmosphère d’ensemble, par les talents conjugués de King et Fabok, est remarquable et très prenante : même si – à l’instar de Swampie dans l’histoire – la marche en avant se fait en dépit de l’absence d’une destination bien claire, le lecteur ne regrettera pas nécessairement de participer au voyage.

« Spring Awakening » est, comme annoncé, le dernier projet sur lequel a travaillé Len Wein avant son décès. Il devait s’agir du premier numéro d’une suite donnée à la mini-série Swamp Thing: The Dead Don’t Sleep (de l’époque « Convergence »), déjà illustrée par Kelley Jones, et que personnellement j’avais plutôt bien aimé malgré certaines réserves (mais il vaudrait peut-être mieux que j’en parle plus longuement ailleurs). Quoi qu’il en soit, par respect pour Wein, le travail d’écriture n’ayant pas été finalisé, ce sont des planches muettes de Jones qui sont présentées, suivies du script de travail envoyé initialement par le scénarise. Le résultat, évidemment, ne s’apprécie pas tout à fait au même titre qu’on ne l’aurait fait du « produit final » s’il était paru dans les circonstances « normales » initialement prévues. Jones livre des planches dans la droite lignée de celles de The Dead Don’t Sleep, avec cette atmosphère si particulière qui lui est propre. Si on accepte de rentrer dedans, ce qui n’est pas évident tant ce style est particulier (et je peux confesser moi-même avoir longtemps eu du mal à apprécier Kelley Jones, avant de basculer complètement), c’est superbe dans son genre. Et le côté silencieux et « inachevé » de la chose fait, à sa manière, ressentir l’absence laissée par la mort de Len Wein.

Enfin, le numéro se conclut par quelques pages d’hommage à Wein ainsi qu’à Bernie Wrightson, laissant le lecteur sur une impression confirmant le caractère touchant, jusque dans ses imperfections, de ce Swamp Thing Winter Special dans son ensemble.