TENET (Christopher Nolan)

Il faut que je relise, mais il me semble que le pouvoir de la factrice était de cet ordre…

Tori.

La factrice?

Au temps pour moi.

J’ai vu la bande-annonce au cinoche l’autre jour, et franchement ça me fait pas plus tripper que ça à ce stade ; on a l’impression qu’à marche forcée Nolan essaie de reproduire l’esbroufe qu’a été le « high concept » de « Inception » (film que je trouve pas désagréable à regarder dans l’absolu mais que je trouve incroyablement surestimé).
Bon, pour être honnête, je suis pas le plus grand fan de Nolan au monde, hein…

Alors que sa filmographie est loin d’être honteuse.
Au moins, un truc qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est de faire dans la facilité.
Il essaye constamment de bosser le côté formel et narratif.

En fait, je suis souvent étonné par les retours négatifs sur ses films.

Pas moi, même si par ailleurs je vois très bien qu’il a des qualités pour plaire ainsi à tant de monde, y compris des spectateurs habitués à voir beaucoup de films… Il y a chez lui une espèce de professionnalisme, dirais-je à défaut de mieux, qui force un peu le respect.
Mais je le trouve aussi balourd, très inégal dans son inspiration au niveau de la mise en scène (même s’il gère très bien les effets et sait les mettre en valeur), et doté finalement d’un imaginaire assez pauvre. Ce sont toutes ces scories que j’ai retrouvées dans le trailer de « Tenet », pour ce que ça vaut comme première impression.

Ben justement, je crois que sa force, c’est justement de « faire beaucoup avec presque rien ». De jouer avec les concepts et la tête des spectateurs, sans faire dans l’épate visuelle à tous crins. Il utilise les effets, et même tout simplement le montage, pour dire quelque chose.
Une intelligence que pas mal de réalisateurs seraient bien inspirés d’imiter. Hein, Abrams ?

Il n’a pas le brio d’un Villeneuve, c’est certain, mais à part son The Dark Knight Rises globalement raté dans le fond comme dans la forme, sa filmo tient la route, et pas qu’un peu.

La bande annonce en dit peut-être un peu trop, mais pas de doute, c’est le genre de came que j’achète sans réserve.

La sortie de Tenet a été repoussée au 12 août aux U.S.A. Pour l’instant, la date française du 31 juillet semble être maintenue…

tenet-august-release-poster-john-david-washington-405x600

La Warner a finalement décidé de sortir Tenet dans 70 pays, dont la France, le 26 août.
Pour les U.S.A., l’exploitation sera dans un premier temps limitée, le film ne sera visible que dans certaines grandes villes en septembre.

Bonne nouvelle (enfin si cela se confirme vraiment). Non pas que j’attende le film en lui-même (j’en ai même strictement rien à battre) mais qu’un gros film puisse enfin sortir que ca donne un peu une bouffée d’air pour les cinémas ca sera cool

Oui, c’est bien.
Et c’est courageux de la part de la Warner. Bon, c’est aussi un calcul - le seul blockbuster à sortir cet été - mais le risque de pertes sèches est grand. Outre-Atlantique, la version anglophone risque de s’arracher sur le net.

tenet-poster-2-700x1037

Bon vu cette après midi et j’ai vraiment bien aimé ce film un peu moins qu’Inception mais on est dans la lignée au final.

Par contre, j’ai trouvé le film faussement compliqué en sortant du ciné j’entendais pleins de personnes dire, non mais qui a fait ça, pourquoi ils font ça, toussa toussa alors qu’au final, tout est dit, faut juste pas décrocher la moindre seconde car ça reste avare en guise d’information.

Bon en tout cas, c’est un film qui commence sur un faux rythme puis accélère et prend un rythme effréné jusqu’à la fin. C’est très agréable et le concept est très bien exploité jusqu’à une scène finale époustouflante qui envoie pendant un bon gros quart d’heure.

Un bon thriller espionnage où on peut peut-être reprocher des personnages assez neutres mais qui bouscule grâce à son concept.

On l’a vu également.
J’ai beaucoup aimé, effectivement moins bon qu’Inception aussi pour moi.
Je trouve qu’il y’a par contre de moins en moins de questionnement dans les films de Nolan, ici tout est limpide et expliqué au final.
Je suis d’accord avec toi, il ne faut pas se laisser distraire car des détails sont présents tout le temps

Vu, j’ai aussi aimé, mais je me demande si ce n’est pas du à l’absence de compétitions ou au manque de nouveau film (ou en tout cas à la forte diminution), car au final, c’est sympa, mais j’ai trouvé le tout assez creux. aucun des personnages n’est vraiment travaillé, il n’y a rien de bien folichon dans ce que l’on voit à la caméra, vu que tout doit être réversible.

Il y a de bonnes séquences et une idée forte, ce n’est pas un mauvais film, mais cela reste pour moi une petit Nolan.

Pour moi, c’est le meilleur film de Nolan depuis qu’il fait des « gros » films (depuis « Batman Begins », donc), au coude-à-coude avec « The Dark Knight » que j’aime bien au fil des revoyures. Je le trouve bien plus intéressant que « Inception », donc (un film très surcôté à mes yeux).

Depuis le temps qu’il tourne autour, il fallait bien que Nolan se frotte directement à la question temporelle, ce qu’il fait ici par le biais d’une SF « pop » mais qui garde les atours de la crédibilité qui l’obsède tant. Le faire par le biais de la notion de palindrome (une notion importante en art, mais aussi en science, comme la forme palindromique de certaines séquences d’ADN en atteste ; je parle de la vraie vie, là, pas du film :wink: ) relève d’une certaine forme d’élégance, et se transforme ici en high concept assez porteur. Jusqu’ici, sur des films comme « Inception » et « Interstellar », je trouvais que Nolan épatait la galerie avec des idées dont des lecteurs lambda de SF (ou de comics) étaient en fait coutumiers (le pompon en la matière étant l’exploitation de la relativité dans « Interstellar », voire les réalités imbriquées de « Inception »). Ici, son concept lui permet d’accoucher de séquences authentiquement inédites, et il y puise un « sense of wonder » particulier, c’est indéniable.

Le fait de capter tous les détails de l’intrigue (même si c’est jouable à la première vision) demeure d’ailleurs un peu secondaire : Nolan est suffisamment malin pour que les grandes lignes de l’intrigue demeurent intelligibles par le spectateur inattentif (parfois avec des ficelles très simples, comme les codes couleurs des équipes « anti-parallèles » à la fin). Il y a une certaine jouissance à se laisser porter par le vertige propre au récit.

Et pourtant, malgré ces éléments, comme d’habitude avec Nolan, j’ai vraiment du mal à me laisser emporter complètement.
La faute en premier lieu au côté totalement bâtard du projet : un peu comme avec « Inception », Nolan veut faire le James Bond qu’il ne fera probablement jamais (sauf changement de politique de la franchise 007 : pas de réalisateurs étrangers à la couronne britannique à la barre, c’est couillon mais c’est comme ça), avec ses changements incessants de décor et de pays, et surtout ses énormes morceaux de bravoure à la logistique invraisemblable (sachant que Nolan veut faire en « dur » tout ce qui peut l’être), mais déconnectés en partie du concept directeur de son film. En gros, Nolan veut caser trop de trucs dans son projet. Comme d’habitude…
Et si Nolan est indéniablement doué pour gérer son gros barnum logistique, on ne peut pas dire qu’il brille en termes de mise en scène (le spectaculaire découle des moyens mis en oeuvre, pas de la façon de les mettre en scène). Il est toujours étonnamment aussi peu doué pour l’action « de base », et la mise en place des éléments de « topographie ».

Comme les camarades Blacky et Kab, je trouve de plus que la caractérisation est vraiment à la ramasse (le perso le mieux campé demeurant celui incarné par Kenneth Brannagh, aux motivations sommaires mais cohérentes), avec notamment un héros très transparent, et des éléments censés émouvoir qui sentent l’artificialité à plein nez. Défaut récurrent chez Nolan : « Interstellar » était censé essorer le coeur, mais j’étais resté de marbre face à la sensiblerie fabriquée du film, perso.

Ce qui demeure le plus convaincant pour moi dans le film, ce sont finalement, à l’opposé des gros morceaux de bravoure bourrins, les petites idées lumineuses où Nolan parvient à faire coïncider ce qu’il raconte et la façon dont il le raconte, comme par exemple quelques trouvailles narratives simples mais brillantes où le scénario inverse l’ordre d’exposition de ses éléments (exemple : Pattinson checke le système à incendie d’une salle, et c’est après qu’on a l’explication du pourquoi), dans la logique de l’inversion « cause produit effet » au coeur du concept.
Et puis une belle idée de pur cinéma au début du film, quand le héros est prisonner au milieu de lignes de chemin de fer, avec un train qui part dans un sens à sa gauche et un autre dans l’autre sens à sa droite : le héros pris entre deux lignes temporelles anti-parallèles, en somme, figuré en une idée visuelle simple et belle.
On peut rajouter à ça un bel hommage à « La jetée » de Chris Marker, avec le personnage de la nana qui se contemple elle-même depuis deux postions temporelles différentes, à un moment crucial de sa vie…

Dommage que Nolan préfére faire pétarader son film (parfois de manière très « gonflette » artificielle : ce mixage sonore assourdissant commence à me gonfler dans ses films…) plutôt que d’oeuvrer à trouver plus d’idées de ce type, modestes mais lumineuses.
Et j’ai également été déçu par le fait qu’il n’aille pas au bout de son concept, en conférant une forme d’authentique palindrome à son film (je le voyais venir, pourtant), en revenant au tout début pour son climax. Il le fait, mais partiellement.

Ah moi aussi, mais je trouve que c’est fait très très partiellement.

Par contre un très bon point c’est je trouve la scène d’intro qui pour moi mets directement dans l’ambiance.
Je reviendrais sur le héros principal que je n’ai pas trouvé très brillant moi non plus, pourtant j’aime bien l’acteur et j’avais apprécié sa performance dans Ballers la série de Dwayne Johnson et je trouve que Pattinson lui vole la vedette (malgré trois version différente du même personnage au cours de l’intrigue).

Et la musique m’a saoulé aussi et pourtant ce n’est pas Hans Zimmer.

Moi non plus je ne suis pas très fan de la musique (un mix d’électro et de sound-design surproduit mais assez pauvre au fond) mais comme d’hab’ Nolan a poussé son compositeur à aller dans le sens du concept global du film, et ça ça me parle toujours.
Sur « Inception », Zimmer avait développé une chouette idée, qui était que le thème instrumental des niveaux de rêve « profonds » (au temps accéléré par rapport au niveau supérieur) était une version ultra-ralentie de la mélodie du morceau d’Edith Piaf utilisée par ailleurs. Belle idée.
Ici, c’est simple : comme c’était déjà le cas sur les teasers/trailers, le thème principal repose j’ai l’impression sur une mélodie palindromique, dont la deuxième moitié est le reflet inversé de la première. A vérifier quand même.