Moi je sais que je n’ai pas envie de voir le futur annoncé. Parce que, justement, il est annoncé, et il me semble plus intéressant tant qu’il est vécu, par les personnages et par les spectateurs, comme une prophétie inaccessible (parce que, à part John Connor, on mourra tous et on ne verra pas).
C’est pour cela que j’aime beaucoup le troisième (en plus de la bonne patte de faiseur compétent de Jonathan Mostow) : parce qu’il nous pousse jusqu’aux portes de la fin du monde, sans y aller (on ne ressort pas réellement du bunker pour voir le monde « dehors », si ce n’est pour un plan classique), parce qu’il nous confronte avec notre imaginaire de la bombe, et parce qu’il se paie le luxe de parodier le premier sans ménagement, mais avec respect (paradoxe).
Moi, ça m’allait parfaitement.
Projeter le récit dans le futur est un écueil : on sait que les humains ont gagné (mais à quel prix), donc toutes les péripéties qu’on nous racontera devront se placer au milieu d’une guerre qui n’a pas de réel suspense, et devront jouer de la surenchère de spectacle. Ce qui ne peut qu’amener à des incohérences proches de celles de Star Wars, à savoir que la technologie dans la période intermédiaire sera plus poussée, par exemple : le robot joué (avec conviction certes) par Sam Worthington est plus avancé que tous ceux qu’on a vus avant, et le scénario consiste en une vaste pirouette tentant d’expliquer pourquoi le Skynet ne parvient pas à l’utiliser (en filigrane, pourquoi les scénaristes détruisent leur création inutilisable). C’est débile.
Rajoutons un Christian Bale mauvais comme un cochon, qui hurle dès qu’il décroche le téléphone (Christian Bêêêêêle), et ça donne un navet avec plein de fric autour.
Arrive Genisys (je sais jamais comment ils l’écrivent). Qui reprend d’une certaine manière la thématique que Les Chroniques de Sarah Connor n’ont pu développer faute de troisième saison, à savoir les univers parallèle. Parce que derrière la réécriture du temps sous-entendue par les reprises de scènes (« belle soirée pour une balade »), ce qu’on a, c’est un univers parallèle où la chronologie est différente de celle qu’on connaît. Si l’on admet ce principe, cela n’invalide pas la trilogie précédente (ni d’ailleurs Renaissance) et reprend la balle au bond des Chroniques.
J’aimais beaucoup le principe. Hélas, ce n’est pas tellement tenu sur la durée, l’humour l’emportant trop (moi, je me suis bien marré, mais c’est plus de la comédie que de la parodie, celle-ci induisant un regard critique).
Personnellement, j’aurais aimé qu’ils aillent jusqu’au bout, et qu’ils laissent entendre, par une astuce quelconque, que le Skynet entreprend une offensive à plus grande échelle, sur différents mondes (ce que les Chroniques sous-entendent avec insistance). Il n’en fut rien, et c’est la ma déception.
Après, il se trouve que je ne l’ai pas revu depuis la sortie en salle. Je garde un souvenir sympathique mais un peu « so what ». Cependant, je ne déteste pas. J’ai un peu peur de le revoir, de crainte de n’y voir plus que des défauts.
Jim