Discutez de Terres d’ombre
Miecq Louzi et son compère Lïda (une créature humanoïde réputée mangeuse d’hommes) sont deux individus louches, aventuriers lorgnant vers le bandit de grand chemin. Ils sont pris dans la guerre entre le royaume de Zynski et l’Empire, et vont se retrouver mêlés aux complots d’une sorcière, Abishag, bien décidé à faire tourner le vent de la guerre.
Sur ce postulat de base, dans lequel on peut voir une petite influence de la série que Fritz Leiber a consacrée à ses deux héros Fafhrd et le Souricier Gris, Christophe Gibelin construit une série assez classique où les héros se dressent bien involontairement devant la méchante de l’histoire. Le scénariste joue sur les circonstances et les quiproquos, transformant deux espèces de voyous en héros.
Il rajoutera également un système de surenchère qui fait que, dans le troisième et dernier tome, les lecteurs pourront découvrir que la sorcière Abishag n’est pas l’ultime menace qui pèse sur le monde des hommes.
Le récit vaut surtout pour la qualité du dessin de Benoît Springer. Ce dernier fait partie d’une génération d’illustrateurs influencé pour moitié par le travail d’Olivier Vatine, et pour moitié par celui de Mike Mignola, dont l’invention d’Hellboy, dans la même décennie, aura marqué plus d’un dessinateur.
Springer propose donc des pages riches et vibrantes, où les éclairages sont complexes et travaillés, et où les personnages sont très expressifs. Il signe ici d’ailleurs sa seule véritable plongée dans un style réaliste. En effet, par la suite, notamment avec la série Volunteer, il évoluera vers un style plus libre, qui l’éloignera des standards du mainstream franco-belge.
La série connaîtra une intégrale, en 2002, sous une illustration inédite. Signalons, pour la culture, que « terre d’ombre », au singulier donc, désigne une couleur, sorte d’ocre brun.
Jim