Original cover illustration by George Pérez from Comics Interview #94, 1991.
Je suis dans une période « relecture », et j’ai jeté mon dévolu sur le grand « cycle de l’infini » des années 1990 (en fait, j’ai fait les courses pour un pote chez un soldeur, et l’envie m’a pris de tout relire, et j’ai le temps puisque je le vois en juillet).
Donc, je viens de relire ce Gant de l’Infini, et ça reste bien sympa. L’énorme regret que j’ai, c’est que la qualité graphique du premier numéro, où visiblement George Pérez a eu le temps de chiader, ne s’est pas maintenu : dans un second temps, on sent que Rubinstein finit des crayonnés succincts et, dans un troisième temps, le remplacement par Rom Lim, que j’apprécie beaucoup au demeurant, fait basculer le récit dans la bourrinade classique. Marvel avait l’occasion de donner une vraie belle réponse à Crisis on Infinite Earths, mais l’occasion a été manquée (enfin bon, par la suite, Pérez fera JLAvengers, c’est pas si mal).
Mais au-delà de ça, c’est quand même bien sympa. Toute la période Pérez, qui arrive avant la grande baston, est bien chouette, avec une installation progressive des personnages et des enjeux. Starlin accumule les petites touches, les saynètes disparates, les évocations diverses, afin de montrer l’ampleur cosmique de l’intrigue et de faire monter la pression : il travaille ici à la manière de Marv Wolfman dans sa description de la « Crise des Terres Multiples », et ça fonctionne super bien.
La période Lim, c’est davantage de la grosse baston. Mais l’illustrateur sait y faire. Il recourt à des astuces pyrotechniques inspirées de Walt Simonson et ne lésine pas sur les cases musclées.
Et puis, il y a cette approche golumesque propre à certains récits de Starlin, où la résolution arrive par l’élément insignifiant. Comme Captain Marvel qui brise le Cube et détruit le pouvoir de Thanos une première fois, ici le scénariste met en avant le personnage le plus anodin et le moins susceptible de renverser l’action. À l’époque de ma première lecture, il y a donc environ trente-trois ou trente-quatre ans, j’avoue avoir été cueilli par le coup de théâtre.
Et bien sûr, il y a la conclusion, réussie parce que pas précipitée, qui fait de Thanos un personnage voltairien qui, littéralement, cultive son jardin.
C’est musclé, c’est rapide, c’est assez bien caractérisé, ça manipule des idées intéressantes. Et la traduction, un peu ampoulée et signée Geneviève Coulomb, me semble assez bien coller à tout cet aréopage qui partage dans son expression une manière un peu apprêtée de s’exprimer. C’est peut-être parfois exagéré ou systématique, mais ça colle bien au niveau cosmique du récit.
Jim
Oui. Il y a des compositions de pages renversantes (Strange qui bascule dans le plan astral, Thanos tout-puissant avec un t-rex en décomposition,…) et d’autres assez representatives des compositions de Starlin : des personnages de profil où se lit dans l’ombre les scènes racontées)
J’adore cette saga, et c’est la seule où Ron Lim assure vraiment. La suite m’intéressait beaucoup moins (je me rends compte que je n’ai jamais relu ces récits contrairement au Défi de Thanos), l’abondance de personnages forçant Ron Lim à être en pilotage automatique, ce que je comprends tant le récit est généreux en affrontent divers, mais ça devenait plus statique, plus « lourd ». C’est finalement dans le tie in Warlock 10 que je trouvai mon bonheur !
Oui, il assure le spectacle comme toujours, mais il bénéficie de la présence de Starlin qui semble l’aider (comme dans Quest). Là où plus tard, Starlin sera occupé par le scénario d’Infinity Watch et par la gestion de l’écriture en cross-over, laissant son illustrateur davantage en roue libre.
Je suis en train de relire War, qui a vraiment ses bons moments. On sent Starlin moins présent, mais y a des trucs cools. Et d’autres trucs répétitifs.
Jim
Oui mais quand tu recois ton #3 que la moitie c edt du lim alors que avant careste du perez au top…
Surtout qu a l epoque lim est un peu partout au pied levé (il fait des fill ins…)
Bon ca decoit…
Un peu comme la fin de punisher circle of blood ou adventures of captain america…
Ca se ressemble en plus avec des projets ou le # 1 est un top du top surtout graphique puis ca baisse avant un remplacement qui ne collle pas…
Pourtant j adore thanos quest mais la tu as lim des le depart
Presque.
Ouais, je comprends.
Moi, j’avais adoré Quest, donc j’étais content, ça m’allait. J’aurais aimé que Pérez finisse, mais j’ai lu la fin avec plaisir.
Jim
Moi aussi je trouve que « War », clairement un cran ou deux en-dessous de « Gauntlet », contient son lot de jolis trucs. Je me demande si rétrospectivement, ce n’est pas la piètre qualité de « Crusade » (un vrai nanar, ça) qui a jailli sur « War ». Parce qu’en matière de fun et de grand spectacle, ça reste généreux, à défaut d’être très fin.
Ah? je prefere crusade pour ma part… ca racontait un truc… war les doubles et tout…
mais war est avant crusade
ouais enfin vla la gueule du truc
C’est farci d’idées assez débiles, sans compter que Lim commence à être sacrément en pilotage automatique, voire bâcle un peu le boulot…
La chaîne Comic Tropes fait le point dans cet épisode sur les idées les plus nazes du truc :
J ai pas lu depuis des decennies mais y avait tout un pooint sur le religieux un peu à la facon de son eglise des warlocks…
J ai toujours pas compris ce que racontait vraiment war… ca me semble plus un truc marketting avec chacun son double qui peut faire une figurine
lors oui Lim… mais bon… je trouve que déjà sur gauntlet(franchement rien que l image de wolverien que montre fred… le decoupage peut etre mais le dessin lui meme… c est pas top)
Bon apres Lim a l epoque il debarque partout… je me souviens que je pensais etre maudit… il arrivait apres dwyer sur cap, faisait un fill in sur Doc Strange apres guice, un fill in sur nomad…
Les doubles, c’est clairement pas ce qui a vieilli le mieux, même si j’avoue avoir kiffé gamin quelques-uns des designs proposés (alors que c’était plutôt moche quand même). Même y’avait une histoire, presque la fin d’un chapitre pourrait-on concernant le titre « Infinity Watch », puisque les manigances du Magus se soldait par l’impossibilité de faire fonctionner les Gemmes ensemble… Et j’aimais bien l’explication du retour du Magus, cette histoire de parties maléfique et bénéfique expulsées par un Adam Warlock soucieux d’impartialité.
Le traitement de la question du fanatisme religieux me semblait finalement très mal mené dans « Crusade », alors que c’est évidemment un sujet récurrent et important dans le corpus de Starlin ; ça me semblait mieux traité finalement dans le titre des seventies « Warlock », alors que ça n’était pas si déterminant au final pour le grand récit global brossé par Starlin.
Il y avait même un fill-in sur « Excalibur », que j’avais trouvé très mauvais, à l’époque.
Bon apres j ai dit qu a l epoque je preferais pas que je trouvais l un ou l autre super…
Grosso modo j avais trouvé les deux pas terribles… niveau maximum security quoi
Ah oui à ce point-là…?!?
ouais non clairement pas. Quand on passe du traitement du fanatisme religieux à « viens au mjc on a des cookies »
Tellement mieux goupillé et plus percutant dans Batman: The Cult.
Jim
J’étais jeune quand c’est sorti. Il m’a fallu quelques années avant d’apprécier le style d’Ordway. D’ailleurs je serais pas contre une intégrale de ses cap marvel, que j’ai découvert sur le tard grâce à un cross avec Starman