Pas mieux que mes petits camarades sur ce « Cloverfield Paradox » : c’est bien naze, cette affaire…
Et ça partait pourtant pas si mal ; le casting par exemple est tout à fait digne d’intérêt et éclectique comme il faut, avec même quelques jolies performances (surtout celle de Gugu Mbatha-Raw, très impliquée et convaincante), et le début fait illusion, avec son générique old-school mais plutôt astucieux. Le film profite aussi des qualités propres au genre dans lequel il s’inscrit : perso, je trouve que, lorsque c’est fait avec un minimum de soins, le sous-genre de la SF « orbitale » dans lequel le film s’inscrit est un des derniers à être capable de sidération, comme l’avait bien compris « Gravity » il y a trois ans maintenant.
Je suis également très client du feeling « Twilight Zone »/« The Outer Limits » effectivement très présent durant l’exposition ; j’ai même pensé, spécifiquement, au chouette « Journey to the far side of the Sun » (alias « Danger, planète inconnue ») signé Robert Parrish en 1969, avec ce bon vieux Roy Thines en mode David Vincent : il est même possible que le film y fasse une référence directe, à un moment…
Bon, ça, c’est le premier quart d’heure, en gros ; après ça part très vite en sucette, et ce à tous les niveaux ou presque. Mais principalement, on peut dire que c’est l’écriture qui pêche : un tel niveau de désinvolture sur une prod’ de ce calibre (budget moyen mais pas ridicule, quand même) est tout bonnement ahurissant. Les péripéties s’enchaînent sans logique aucune, laissant des pans entiers de l’intrigue sans explication (quid du bras ? des vers de terre ? on ne sait pas… et on s’en tape un peu, franchement).
Quant à l’argument SF « principal » (puisque ça part dans tous les sens), c’est juste un gadget suffisamment malléable pour autoriser toutes les explications foireuses aux événements du film ; on frôle le fou-rire avec ce scientifique (c’est vers le début du film, pourtant sa meilleure part) qui explique selon une logique, heu, illogique, quelles seront les conséquences de l’expérience menée par l’équipage.
Cette écriture de sous-doué est « complétée » par une science du montage proprement aberrante (rarement vu un tel bordel à ce niveau), mais quand on s’en rend pleinement compte, on en a déjà plus rien à foutre. Je n’insisterai pas sur l’intrigue parallèle avec le mari médecin sur Terre, qui ferait passer les aventures de Kim Bauer dans la série « 24 » pour les nouvelles tribulations d’Indiana Jones.
L’explication d’une telle bérézina ? C’est évidemment le côté auberge espagnole du projet, à la base un script intitulé « The God Particle », traînant sur les étagères de Bad Robot (la boîte de JJ Abrams) depuis 5 ou 6 ans et maladroitement reformaté pour être inclus aux forceps dans la franchise « Cloverfield ».
Rassurons tout de suite les fans de la dite trilogie : à part un ou deux plans aux frontières du comique involontaire, rien (je dis bien : RIEN) ne rattache le film à ses deux prédécesseurs. Le rattachement « in extremis », pourquoi pas : ce n’est pas l’assurance d’un échec programmé, comme l’a prouvé « 10 Cloverfield Lane » (issu d’un script intitulé « The Cellar » sans rapport à la base, là aussi), même si je ne suis pas ultra-enthousiaste sur la dernière ligne droite du film. Mais il avait pour lui un script globalement bien bétonné, une interprétation inspirée et une mise en scène intelligente et solide.
Rien de tout ça ici : à part pour son marketing de margoulin, on est loin des deux (semi) réussites précédentes, très loin. A des années-lumière, en fait.