THE DAY (Douglas Aarnioski)

[quote]DATE DE SORTIE PREVUE

17 août 2012 (USA)
Indéterminée (France)

REALISATEUR

Douglas Aarnioski

SCENARISTE

Luke Passmore

DISTRIBUTION

Shawn Ashmore, Dominic Monaghan, Ashley Bell, Michael Eklund, Cory Hardrict, Shannyn Sossamon…

INFOS

Long métrage canadien/américain
Genre : Thriller/Action
Année de production : 2011

SYNOPSIS

Open war against humanity rages. 5 survivors; lost and on the run. The pursuit is relentless, the bullets are dwindling and the battle is everywhere. This is a 24hr look into their lives. Fight or die. [/quote]

Ouh là, Aarnioski, ça fait un peu peur (il est coupable de « Highlander : Endgame », qui s’il vaut mieux que sa réputation calamiteuse, ne vole pas bien haut quand même)…

Par contre le casting est sympa : Aarnioski semble se faire une spécialité d’utiliser des acteurs de Lost (ici Monaghan, mais il avait aussi fait joué Naveen Andrews a.k.a. Sayid Jarrah dans un film de loup-garous tout pourri). Et il y a Shannyn Sossamon, la plus belle actrice au Monde selon moi. Regardez « Road To Nowhere » de Monte Hellman pour vous en convaincre…

je n’avais même pas eu le courage d’écrire plus d’une ligne âpres ma vision du film à Gérardmer :

« THE DAY :
Du Post apo/survival pas super original avec des persos énervant et des scènes d’actions dans le noir super mal branlés, bof.
1/6. »

Aïe, aïe, aïe…
La côte de Aarnioski ne risque pas de remonter avec ce film, alors… Bon, ce n’est guère surprenant.
Et puis perso, j’en ai un peu plein le cul des post-apo : combien on en a eu depuis 5 ans ? et combien de bons ??

[quote=« Photonik »]
Et puis perso, j’en ai un peu plein le cul des post-apo : combien on en a eu depuis 5 ans ? et combien de bons ??[/quote]

The Road remue bien les tripes, ça joue avec des concepts bien sales.
Book of Eli n’est pas exempt de qualité, mais ça traîne en longueur pour une histoire qui aurait très bien fonctionné dans un format court, au final. Donc remplissage, malgré de bons passages.
Après, je viens de voir The Divide, et si le propos est nihiliste (je n’ai rien contre), il est surtout complaisant dans la représentation de la souffrance, du sadisme et de la deshumanisation.

Ce qui me frappe, surtout, c’est que le post-apo des années 1970 jouait souvent sur la reconstruction, ou la tentative de reconstruction, d’une société. On a ça dans New York ne répond plus, dans Mad Max 2 (et 3, aussi, mais dans un registre parodique).
A contrario, le post-apo récent (comme pas mal de films d’infectés aussi, dont Carriers / Infectés, justement…) semble proposer une vision totalement désespérée et sans issue : l’homme est réduit à l’état de bête fauve, les structures sociales sont absentes et leur absence amène la douleur (n’est-ce pas une vision réactionnaire, là ?), le groupe social n’est perçu que comme hostile (thème du cannibalisme de plus en plus fréquent) bref, c’est la fin.
J’ai l’impression que le post-apo actuel exploite ce qui avait été posé par The Day After ou Threads dans les années 1980, à savoir un monde qui ne pourra pas se relever, qui ne pourra aller que plus mal. Mais peut-être avec une touche de conservatisme, un petit message sous-jacent qui dit « s’il y avait des règles et des structures sociales, ça n’arriverait pas, donc le chef et l’autorité, c’est bien ».
Ce que l’on n’a pas dans Threads, qui décrit une annihilation telle que le discours politique est gommé avec tout le reste. Ni dans le dernier plan de Dead Set, qui montre, pour le coup, une vision nihiliste total, une zombie regardant l’écran vide d’une télé d’un regard tout aussi absent. Ceci dit, Threads ou Dead Set ne sont pas à proprement parler du post-apo, puisque l’apocalypse, on la voit arriver. Alors que dans le post-apo actuel, on y est, on n’assiste pas à la chute, au basculement (et donc, on se dispense de poser la question des responsabilités).

De là à dire que les années 2010 sont pires que les années 1970…

Jim

Je ne saurais être plus en accord…

J’ai pas vu « The Road » (j’avais lu et adoré le bouquin par contre), mais j’ai un peu entendu tout et son contraire dessus.
« Book of Eli » était prometteur, avec son héros « Zatoichi »-esque et une bonne tenue visuelle, mais le film s’écroule lamentablement au dernier acte.

Complètement OK, donc, pour le vide thématique des post-apos actuels, que je perçois aussi comme très réactionnaires.
Il leur manque un sous-texte fort, comme dans « Mad Max 2 », qui met en scène allégoriquement (et même assez littéralement) le combat des hippies contre les punks, arbitré par un ex-flic cramé. Ce simple sous-texte permet par son existence même de mettre le film à la distance convenable de l’hyper-violence qu’il exhibe. Ca, et une authentique empathie envers les personnages (même les méchants, Humungus en tête, sont complexes et humains).
Tout ce qui manque au post-apo contemporain.

J’y repensais hier soir ou ce midi, et je me faisais la réflexion que les survivants dans bien des films post-apo récents sont réduits à une problématique qui est la suivante : manger. Survivre au sens le plus platement biologique possible.
C’est d’ailleurs ce qui constitue le fil rouge d’un documentaire (de ces documentaires mi témoignage mi fiction dont la TNT raffole, mais souvent, les intervenants sont pertinents) que j’ai vu récemment sur l’apocalypse (qui situait l’action dans la perspective d’une épidémie, par exemple) : survivre, c’est manger, et manger sans la société, ça devient impossible. Bon, dans ce documentaire, c’est pas aussi tranché, puisqu’ils postulent la reconstruction de réseaux d’échanges et l’émergence d’une agriculture locale, mais c’est l’argument clé.
Et là, en y réfléchissant, je crois que la mode zombie récente est passée par là. Les films post-apo modernes sont influencés par l’imaginaire zombie qui réduit l’homme (zombie ou survivant) à une machine à se nourrir pour exister. De là, il y a une animalisation forcée et exagérée, et une réduction de l’humain à ses fonctions vitales (se nourrir et procréer en second lieu). C’est pareil dans Threads, par exemple, mais Threads, c’était un mocumentaire qui voulait dénoncer et avertir, anti-nucléaire comme les années 1980 en faisaient beaucoup.
Donc je crois que le post-apo moderne a digéré (si j’ose me permettre) l’esthétique zombie (désert, poussière, silence, immobilité, solitude, mâchoire…) pour ne donner au final qu’une mono-vision.

C’est bien.
Y a des choix d’adaptation qui ne me semblent pas idiots, une véritable esthétique du gris, une profonde angoisse…

[quote=« Photonik »]
« Book of Eli » était prometteur, avec son héros « Zatoichi »-esque et une bonne tenue visuelle, mais le film s’écroule lamentablement au dernier acte.[/quote]

C’est surtout trop long. Au format d’un Twilight Zone, ça aurait vraiment pété, quoi. Mais là, au format d’un film, ça laisse l’image errer dans le désert, parfois de manière complaisante, ça laisse les acteurs cabotiner… Et ça laisse le fond se remplir d’un préchi-précha religieux assez indécent. Dommage, parce que plus ramassé, ça aurait vraiment détonné !

Effectivement, ça ne propose aucune autre solution politique (là où New York ne répond plus proposait une sorte de communauté pacifiste…), ça postule la solitude comme une impasse, et le groupe comme une arène s’il n’y a pas la force autoritaire pour lui montrer la voie.

Dans The Divine, on a les gens extérieurs, en combinaisons blanches, qui viennent intervenir. Ils sont visiblement inquiétants et probablement néfastes. Mais ils ne servent qu’à renforcer l’anarchie et la violence cruelle qui règnent dans le bunker. Là où, dans Malevil, cette « autorité » extérieure était vécue comme brutale et inutile par les villageois qui avaient reconstruit quelque chose (et donc proposé une autre voie politique que celle de l’autorité).

Sans compter que c’est l’imagerie du western revisitée par un Australien, donc c’est riche en signification.

[quote=« Photonik »]
Tout ce qui manque au post-apo contemporain.[/quote]

Il manque aussi un certain recul ironique. Mad Max 2 (et accessoirement le 3 aussi, sur un mode plus « tape sur la cuisse », certes) propose un regard grinçant sur notre société, en travaillant sur le fétiche qu’est le pétrole (et donc la bagnole, autre fétiche). Mais il pose aussi un rapport au travail qui est intéressant : les « hippies » dont tu parles, ils travaillent le sol (ils cultivent et ils pompent le pétrole). Donc ils reconstruisent un bout de civilisation, où Max apporte la violence, mais aussi l’espoir et la culture (un vieux modèle de bagnole légendaire, la musique…).
Pareil dans The Postman, où toute l’ironie tient sur le fait que la société se reconstitue à cause d’un fou solitaire. Ce qui est intéressant, parce que ça pose la société et ses règles non pas comme des panacées immuables et efficaces en toutes circonstances, mais comme des choses fragiles bâties sur des malentendus. Là encore, grosse ironie.

Dans les films post-apo récents (et dans les films d’infectés récents, aussi…), il n’y a pas d’ironie. La chose est traitée sérieusement et sans espoir. C’est foutu d’avance, mais c’est foutu notamment parce qu’on a renoncé à la société, qui nous protégeait bien.
J’y vois, en lieu et place de l’ironie, plutôt du sale cynisme, peut-être. Du cynisme de droite, qui nous dirait « regardez, la société a fait de nous des moutons, des êtres mous, et maintenant qu’elle n’est plus là, seule la loi du plus fort prévaut ». J’exagère bien entendu, mais j’ai l’impression de sentir ce genre d’odeur qui pue dans The Divide.
Qui finit sur le regard vide de l’héroïne face aux ruines. Et donc sur un constat d’une désespérance totale.

Jim

Très intéressant, comme d’hab’, Jim…
Tu me donnes envie de voir « The Postman », tiens.

Ah, un peu de flatterie, un dimanche soir, formidable !
:wink:

Tu l’as jamais vu ?
Moi, je l’ai vu, genre, il y a deux ans, peut-être trois, enfin, récemment, en tout cas. Je m’attendais à quelque chose de très mauvais, sans doute échaudé par son Robin des Bois ou son Waterworld, qui hésitent entre comédie lourdingue et aventure.
Et en fait, c’est plutôt pas mal, quoique long. Ça trouve un équilibre assez intéressant entre le désert culturel et technique (en gros, c’est pire que Mad Max 2) et le nihilisme de droite actuel. On y trouve un monde où des poches de civilisation survivent, et on évite les enjeux genre carburant ou religion. Les luttes de pouvoir sont d’ordre politique. C’est pas mal.
Et surtout, comme dans Dances With Wolves, le personnage central est un fou. À tendance sacrificielle, tendance délire mystique, voire christique. Et c’est sur ses visions délirantes que la construction reprend.
Du coup, ça change considérablement la donne, quoi.
Jettes-y un œil.

Jim

J’ai pas aimé the Postman !

Te sens pas obligé d’être en désaccord avec moi, hein !

Jim

Oh, tu as le verve fort et précis, et la parole divine ! Donc, même si je suis en désaccord avec toi, mon contrepoids ne nous mettra jamais en équilibre ! :wink:

Hahahahaha !
Que de flatterie un dimanche soir !
Il va finir par pleuvoir !

Jim

Suis en train de le regarder. Voilà un récit entre La Route (pour l’univers) et La Nuit des Morts-Vivants (pour le décor), qui joue aussi sur les ressorts du slasher. À la croisée des genres, quoi. Et peut-être aussi le cul entre deux chaises…

Jim