THE GREEN LANTERN #1-12 (Grant Morrison / Liam Sharp)

Un nom que je connais, ça. Mais je ne sais plus d’où (mais c’est bon signe, déjà)

Il fut le principal lettreur des titres mutants de Chris Claremont…

Ah, d’accord … on va laisser Jim nous en dire plus, alors.

Encore mieux.
J’y avais pensé un instant, mais les lettres me semblaient un peu rigides.
Mais magnifique : un excellent lettreur, sur un titre prometteur.

C’est le lettreur associé à la première grande période de Claremont. Il arrive sur la série à la hauteur des épisodes de Byrne, et il continue jusqu’à la période Jim Lee. Il a mis en place un système de chaînage de bulles, qui se présentent sous la forme d’une enfilade, afin de caser les textes de Claremont tout en marquant les ruptures au sein d’un même flot de pensée. En plus, ça guide parfaitement le regard, même dans le cas d’une planches chargée en cases, en personnages et en dialogues.
Personnellement, je suis super fan.

Il vient de Detroit, où il a croisé d’autres futurs jeunes auteurs, comme Buckler, Milgrom ou Starlin (pour ma part, je crois qu’il y aurait un bouquin à faire sur ce que j’appelle « l’école de Detroit », parce que c’était un véritable vivier de talents, Milgrom en parle dans une préface à un graphic novel de Starlin, je sais plus si c’est Death of Captain Marvel ou Dreadstar). Ce qui lui vaudra de lettrer des trucs comme Black Panther ou Captain Marvel.
S’il est resté célèbre pour ses Uncanny X-Men, il a aussi lettré les premiers Spawn, et il est très présent sur pas mal de titres Image des débuts. Par la suite, d’autres lettreurs reprendront son style, ce qui témoigne de son influence.
Je crois que c’est l’un des lettreurs qui ont réellement marqué une génération. L’autre, selon moi, c’est John Workman, dont Robert Kirkman s’inspire quand il fait ses lettrages au début de ses séries indés (et visiblement, il a passé la consigne à Russ Wooton).
Orzechowski, pour moi, c’est un gage de qualité en plus.

Jim

Ah, tiens, c’est le lettreur qui s’occupe des bulles ?
Une fois qu’on le sait, ça semble logique, mais ce n’est pas évident d’emblée.

Tori.

Alors excellente remarque.
Et donc, pas toujours.

En général, le scénariste indique sur des fichiers l’emplacement de ses bulles (vu qu’il finalise ses dialogues souvent après le dessin, ça aide), et il envoie cela avec un fichier texte ne comportant que les textes numérotés.
Il y a une grosse quinzaine d’années, j’ai vu Todd Dezago indiquer les emplacements de bulles d’un épisode d’Impulse : il le faisait sur des tirages papiers des pages (c’était Carlo Barberi, je crois), et il les faxait, avec le textes des dialogues (qu’il doublait par mail).
Après, le lettreur récupère ces fichiers et pose les bulles en fonction des indications. Mais d’une part, ces indications sont plus ou moins précises et maîtrisées, d’autre part il a une marge de manœuvre. Il est d’ailleurs intéressant de voir que, quand Claremont n’est pas lettré par Orzechowski (ce qui n’arrive pas souvent, mais ça doit se trouver), les chaînages sont montés différemment, voire le procédé est différent (des ponts entre les bulles, par exemple).

Jim

Bon, ça démarre plutôt bien ; mais, comme souvent avec Morrison, il faudra voir sur la durée car, individuellement, le numéro n’est pas « exceptionnel ».
Après un prélude surprenant par sa sécheresse explicative mais intense dans sa SF, presque un long moment pré-générique en fait, on plonge dans le quotidien et l’intervention de Hal Jordan. Un Hal bien dans son principe et dans sa continuité, mais à nouveau avec un minimum d’explication, de justification sur sa situation ; c’est très froid, très sec une fois de plus. Pas forcément un mal, mais surprenant pour une relance.
Le coeur de l’intrigue n’est pas encore développé, mais ce qu’on voit ici est plaisant ; sans beaucoup plus, pour l’instant. C’est bien fait, bien écrit même si Morrison s’enferme dans cette rudesse narrative, et le final intrigue - il y a plus, il y aura plus évidemment, mais il va falloir attendre pour qu’on en apprenne plus.
En me lisant, on pourrait se dire que je n’ai pas aimé, ou que ce n’est pas bon ; ce n’est pas le cas. Mais je suis très surpris par cette sécheresse dans l’écriture, qui n’essaye en rien de faciliter l’approche du lecteur, réellement perdu dans tout ça. En outre, Morrison ne donne « rien » pour aimer Hal ou s’impliquer dans l’intrigue.
Bref, c’est déjà riche (beaucoup de très bons concepts SF) et ça donne envie de lire la suite… mais c’est très froid, aussi. Pas la faute d’un Liam Sharp, dont le style très détaillé a, en lui-même, cette froideur ; ses planches sont jolies et efficaces, mais c’est bien Morrison qui a fait ce choix.
Surprenant, mais intriguant. A voir la suite.

Je suis pas loin de penser comme toi mais c’est le numéro auquel je m’attendais.

Il est vrai que la période Venditti semble être un lointain souvenir puisque Oa rééxiste, Hal se fait virer de job en job pour raison caractérielle, etc… Mais il fallait s’attendre à une rupture (le terme est mal choisi) et c’est le cas. Morrison élude pas mal de choses pour poser ses bases du « cop book » avec plein de SF (les arrières plans de Sharp sont hyper détaillés ou très stylés) et une colorisation un peu dégeu pour donner encore plus cette impression. J’avais l’impression de relire du Top10 dans l’esprit. C’est donc que c’est gagné en ce qui concerne la volonté de Morrison d’écrire une série policière.

Et si ce n’est pas exceptionnel, il engrange les cases à vitesse grand V comme si le format était trop coût. L’enchainement des scènes est d’ailleurs brutal par moment.

Mais je me méfie de Morrison comme de la peste. Je me souviens très bien de ses débuts sur l’excellent Batman inc. Ce book était cool, Morrison laissait Paquette dessiner Catwoman en vain. Et puis, il allume le pétard sans rien dire avec Spyral et paf, l’intrigue en était devenue prenante et géniale (j’ai de grands souvenirs de son batrun).

Finalement, c’est du Morrison pur jus qui veut présenter un style d’aventure avant son intrigue.

Oui, c’est pour ça que je suis sûr que l’ensemble du run rééquilibrera mon avis sur ce #1. :wink:

Idem !

THE GREEN LANTERN #2

Written by: Grant Morrison.

Art by: Liam Sharp.

Covers by: Liam Sharp, Francesco Mattina.

Description: Someone is transporting a mysterious cargo out of the Great Void, and it spells trouble for the universe at large! Hal Jordan interrogates a member of the Spider Guild for answers and uses his pheremones as an interrogation tool, but can he extract the info in time?! Meanwhile, Volgar Ro makes a play for Earth while its emerald protector is off-world!

Pages: 40.

Price: $4.99.

In stores: Dec. 5.

Source : www.comicscontinuum.com

Grant Morrison poursuit sa reprise du titre, et demeure dans le flou, volontairement. Sans grand lien (en apparence) avec le #1, il livre ici un récit sur Evil Star, sur la création d’une nouvelle force de « protection » dans la galaxie, et un complot général, qui visera la Terre ; volontairement ou non.
En bref, l’Ecossais poursuit sa gestion de la franchise, avec lenteur, avec mystère, et il risque de laisser beaucoup de lecteurs de côté. Le style de Liam Sharp rappelle, évidemment, la Hard SF à l’Anglaise, et je pense que Morrison en profite pour reprendre quelques habitudes de ses premières années, avec une approche sèche et sans concession des personnages et de la galaxie.
J’aime bien. J’ai préféré au #1, parce que j’ai un peu plus compris, et je suis curieux de lire la suite. En fait, le fond me plaît beaucoup, le complot, la gestion des Lanterns, etc. ; tout ça me plaît beaucoup. Mais je n’aime pas le Hal Jordan de Morrison - car je ne suis pas fan du perso’, à la base. Ca me semble donc cohérent.
Surprenant, sec comme je l’ai dit, sans concession, avec un Liam Sharp en forme mais avec des traits « lourds », et une ambiance qui suit, cette intrigue m’intéresse mais risque d’en perdre beaucoup, je le répète. A voir. C’est quand même très exigeant, j’espère m’en réjouir quand tout commencera à prendre sens.

Je suis pour ma part resté en rade dès le premier numéro. Reste qu’en voyant les pages de Liam Sharp, de ce deuxième numéro, j’ai comme un regret.

Cela dit je lis ton retour, et je m’arrête sur ça : « Le style de Liam Sharp rappelle, évidemment, la Hard SF à l’Anglaise ». Et il me semble qu’il y a comme un contresens.

Le terme 'hard science" est en science-fiction, assez précis.

Il se rapporte, mais j’ai déjà eu l’occasion d’en parler sur ce forum, à une SF où la science est -souvent- quasiment, un personnage à part entière du récit et non plus un simple décor, mais surtout, où elle est une extrapolation très rigoureuse, voire absconse, de ce qu’on en connait au moment où est écrit le récit qui la met en scène.
Or donc même si je n’ai pas lu le numéro en question, mais à parti du premier que j’ai lu, et des pages postées ici, je doute fortement que Morrison écrive de la « hard science » ou que Sharp en dessine. [-_ô]

Ou alors je n’ai pas compris ton commentaire, et j’espère alors, que tu voudras bien me pardonner d’avoir été scrupuleux mal à propos.:slightly_smiling_face:

Mmh. Je ne sais pas.
J’avoue que je n’ai pas eu l’occasion de me plonger dans le dictionnaire de certaines expressions ou définitions, donc j’admets que je peux employer des termes à contresens ; je m’en excuse.
J’ignorais que la Hard Science (différente ou synonyme de la Hard SF ?) était en fait une extrapolation rigoureuse de la science actuelle, projetée quelques années dans le futur avec crédibilité.
Ici, on est très proche des récits de 2000 AD, pour simplifier. Où les personnages sont, finalement, moins importants que le propos et l’environnement créés. Voilà.

Je confirme la définition d’Artemus de la hard science fiction. Ça me rappelle d’ailleurs une époque où les 4e de couv’ des bouquins de SF en français aimaient bien insister sur le background scientifique de l’auteur (quitte à « gonfler » un peu les choses par une formulation ambigüe !), ça donnait l’impression que tous ces auteurs étaient des profs de fac et des chercheurs de haut vol…

En revanche on peut dire que sur ce coup là Morrison fait dans le hard…core à lire :wink:, c’est effectivement pas sa série la plus immédiatement aimable. Entre les ellipses dans le scénar’ et la sur-profusion dans le dessin, ça donne une narration plutôt heurtée, pas toujours facile à suivre (aussi bien quand il s’agit de se repérer dans le sens de lecture de certaines pages, que de comprendre les enjeux mis en place) ; le tout associé à un ton plutôt sec et froid… C’est intrigant, c’est surprenant (comme d’hab’), mais j’ai du mal à me sentir pleinement emporté (pour le moment).

En fait c’est ça le terme qui dit le mieux ce dont il s’agit. Un récit de « Hard SF » est toujours envisagé sous son aspect scientifique le plus exact possible. Au risque, comme je le précisais d’en devenir abscons, pour ceux & celles qui n’auraient pas le bagage scientifique ad hoc.
Bon, il y a bien sûr des degrés dans ce que je décris.

En outre je disais « LA » science, mais il est bien évident que toutes les sciences sont susceptibles d’être à l’honneur d’une histoire de « hard science-fiction » (ou hard science). Quand bien même ce sont plutôt les sciences dites « dures » qu’on y trouve plus volontiers.

N’allons pas jusque-là, on discute ; pas besoin d’installer un rapport de force. [-_ô]

Dont acte !

Ce qui caractérise le début de ce run, c’est l’aspect un peu crados de l’espace. les couleurs jouent un rôle dans l’ambiance générale, un peu comme dans ces films futuristes où ça sent pas le propre à tous les niveaux.

je me demande même si Morrison n’aurait pas opté, s’il le pouvait, pour une impression dégeu sur un papier bas de gamme.

Difficile encore de statuer sur l’histoire mais diable, que Sharp est bon. L’univers me plaît.

THE GREEN LANTERN #3

Written by: Grant Morrison.

Art by: Liam Sharp.

Covers by: Liam Sharp, Jae Lee.

Description: When the Earth goes up for sale on the alien black market, it’s up to the Green Lantern Corps to bust up « The Slave Lords of the Stars. » With the Justice League frozen by Gamma Gong tech, Earth ends up on the auction block, and Volgar Zo hosts a menagerie of the universe’s deadliest despots and criminals: Steppenwolf, Queen Bee, the Dominators and much, much worse. Hal Jordan leads a squad of Lanterns into the fray-and someone’s going to pay the ultimate price before this case gets closed.

Pages: 40.

Price: $4.99.

In stores: Jan. 9.

Source : www.comicscontinuum.com

Grant Morrison et Liam Sharp livrent ici le meilleur épisode depuis leurs débuts, et une histoire puissante et terrible. Le scénariste lance un coup de poing dans le ventre du lecteur durant toute la lecture de ce numéro, où la Terre a été réduite (déjà vu récemment dans Superman, mais soit) et surtout réduite en esclavage par des extraterrestres, pour être revendue au plus offrant ! Un étranger s’empare du lot, et apparaît comme l’incarnation divine classique selon la majorité des écritures ; il propose d’immenses avantages aux Humains actuels, qui imposeront des conséquences mortelles pour leurs descendants. Et si Hal Jordan et le Corps tentent de l’arrêter, ce que le pilote va découvrir ne va guère lui plaire.
Sans trop spoiler, il est aisé de dire que Grant Morrison frappe juste et fort, ici. Au-delà du propos sur l’esclavagisme évidemment révoltant, il parle ici aussi de notre monde, de nos générations actuelles, qui n’ont que très peu de pensées pour leurs descendants - et n’ont guère envie de sacrifier d’éventuels avantages actuels, pour que leurs enfants ou petits-enfants puissent vivre, tout simplement. Le discours est terrible, car extrêmement vrai, et la réaction de Jordan est légitime, pleine de rage, de fureur et de dégoût.
Le final, cependant, surprend et intrigue dans le bon sens. Le cheminement d’Hal est compréhensible, voire même cohérent avec le personnage en un sens, mais cela ne pourra demeurer impuni… il demeure un flic, et même un super-flic ne peut faire cela ! Morrison livre un récit brutal mais très bon, qui prend sa source dans le #2 ; les éléments commencent à se réunir, donc.
Liam Sharp continue d’assurer aux dessins, avec une colorisation peut-être plus claire, et un encrage peut-être moins lourd, aussi ; c’est mieux. Il participe pleinement à cet épisode nerveux et puissant, où tout fonctionne… mais où le pire peut se cacher sous toutes les formes, hélas.

THE GREEN LANTERN #4

(W) Grant Morrison (A) Liam Sharp (CA) Tom Raney

In a bar on Rann, two shrouded strangers recount two blood-chilling narratives-one in which a Blackstar heavyweight demands access to a secret vault on planet Weirwimm, threatening its gruesome annihilation with Sun-Eaters; and the other about maverick Hal Jordan and his small cadre of GLs struggling to destroy those same Sun-Eaters. And the cliffhanger-as any TGL fan will tell you about this book-may stun you enough to buy two copies!
RATED T+

In Shops: Feb 06, 2019

SRP: $3.99

Source : www.avclub.com

Grant Morrison poursuit son intriguant mais riche run sur Green Lantern. Après un #3 exceptionnel et puissant, il continue à s’interroger sur la nature humaine, notamment via les facettes des autres races qu’on voit dans ses épisodes, mais s’amuse aussi avec beaucoup de concepts SF.
Avec une narration « divergente » assez classique, à base de flashbacks racontés par un inconnu à une Blackstar, l’Ecossais parvient à jongler entre les principes des Sun-Eaters et plusieurs cultures extraterrestres. C’est riche, c’est fun, c’est dynamique même, car il se passe beaucoup de choses ; c’est bien.
Le cliffhanger est ultra prévisible, le passage sur l’extrémisme des Gardiens est classique mais cohérent, et le Jordan de Morrison me plaît bien ; même si, comme Johns avant lui, l’auteur semble très peu intéressé par l’homme, et ne se concentre que sur le héros. M’enfin, ça se laisse très bien lire, Liam Sharp livre de très jolies planches, avec un encrage ici moins gras, même s’il semble « tricher » un peu, sur quelques pages, avec des rajouts ; mais bon, ça fonctionne encore très bien.
Une très bonne lecture. Moins puissant que le précédent, mais très efficace pour préparer une suite que j’ai hâte de lire.