Le futur. Un monde où la religion domine la politique dans une coalition totalitaire et où les femmes sont considérées comme « en voie de disparition ». Elles sont divisées en trois classes : les Épouses qui dominent la Maison, les Marthas qui entretiennent la Maison et s’occupent aussi de la cuisine et enfin les Servantes écarlates dont le rôle est la reproduction…
La nouvelle adaptation du roman de Margaret Atwood (après le long métrage de Volker Schlöndorff sorti en 1990).
Gros, gros choc pour ma part que ces trois premiers épisodes. Interprètes inspirés et engagés, réalisation soignée et oppressante à souhait, et un scénario qui (malgré, rare bémol, un usage un peu lourd de la voix off) fait résonner de façon glaçante le contenu du roman de 87 avec nos actualités internationales. L’un des points forts de la série étant de dépeindre non seulement la vie quotidienne au sein de la dictature militaro fondamentaliste chrétienne de la « République de Gilead » – où des interprétations mi-littérales, mi-perverses de versets de la Bible justifient viols institués, mutilations, « justice » expéditive, brutalités diverses et climat de suspicion généralisée où tout le monde a appris à se méfier de tout le monde, à agir en complice du système pour avoir une chance d’y survivre --, mais aussi comment on en est arrivé là, entre « retour à l’ordre moral » et « état d’urgence » prolongé, de droits progressivement rognés en oppression ouverte – dans un glissement qui ces temps-ci paraît malheureusement moins irréaliste qu’on aimerait le croire…
Je viens de me mettre bien à la bourre à cette série, dont tout le monde me dit le plus grand bien (je ne connaissais ni le film de Schlöndorff ni le roman originel). Et après le seul premier épisode, je dois dire que je suis favorablement impressionné.
Avec ce genre de récit d’anticipation sociale noir comme la suie, à la « 1984 », il y a un double écueil à éviter : on peut attaquer un peu « in media res », en faisant découvrir au fil de l’eau les règles qui régissent les personnages, mais au risque peut-être de se perdre dans les premières étapes du récit ; on peut à l’inverse choisir d’introduire, par le prisme d’un personnage « vierge », ces règles de manière plus didactique, au risque de la lourdeur. Intelligemment, le premier épisode de « The Handmaid’s Tale » opte pour une sorte de mélange entre ces deux approches, pour un maximum d’efficacité au final, par le truchement d’une structure très travaillée (des flashbacks dans les flashbacks, l’air de rien) et pourtant toujours très lisible. Chapeau.
Sur le plan de la réalisation, c’est peut-être plus convenu, mais on y trouve quand même de belles choses, même si pas inédites ; le coup de la photo grisâtre et terne qui devient plus lumineuse voire colorée dans les flashbacks « du bon vieux temps », c’est simple mais ça marche bien (superbe scène à l’aquarium). Le tout est généralement de très belle tenue, tant dans les effets que la pure mise en scène, ou le montage. De la série télé champagne sur ce plan-là…
Les thématiques induites par le récit sont évidemment foisonnantes, et, effectivement, d’une actualité brûlante. Hâte de voir comment tout ça va se déployer.
Mention spéciale à Elizabeth Moss (« Mad Men »), dont l’art de l’understatement propre aux acteurs du Nouvel Hollywood par exemple trouve ici le terreau idéal pour s’exprimer.
J’ai lu plus de la moitié du bouquin hier soir (ma belle-sœur n’aurait pas dû l’oublier à la maison familiale), et punaise, ce récit dystopique est encore terriblement d’actualité. J’en dirai plus dans la section consacrée (je ne crois pas qu’il y ait de sujet pour livre, faudra que je fouine ou crée). En tout cas, ça me donne envie de voir cette série, surtout après ce que vous en dites !
Je trouve que le contenu du roman fait déjà résonner tout seul l’actualité internationale …
Début de la saison 1 sur « TF1 série films » dimanche prochain. J’espère qu’il y a du replay, parce que ça bouscule tout mon programme du dimanche, ça !
J’ai vu le 1er épisode. Y a des choix physiques pour certains perso (je ne les imaginais pas comme ça et ça enlève certains aspects quand même) et des choix d’agencement de scènes, mais qui ne sont pas incohérents. Donc, pour le moment, entre l’ambiance, le rythme et l’histoire, ça parait respecter ce que j’ai lu. Cela dit, y a quand même quelques détails qui rend la « prison » moins « prison » (mais ça reste bien prison tout de même)