THE IMMIGRANT (James Gray)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

27 novembre 2013

REALISATEUR

James Gray (Little Odessa, The Yards, La Nuit nous appartient, Two Lovers)

SCENARISTES

James Gray et Ric Menello

DISTRIBUTION

Marion Cotillard, Jeremy Renner, Joaquin Phoenix, Dagmara Dominczyk…

INFOS

Long métrage américain
Genre : drame/romance
Année de production : 2013

SYNOPSIS

1920, Ewa Cybulski et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda est atteinte de tuberculose et est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules et avide de réussite. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, la mort dans l’âme, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance, mais la jalousie de Bruno va les précipiter dans la folie meurtrière.[/quote]

Premiers visuels :

Extrait :

James Gray prend sacrément son temps entre deux projets. C’est con, c’est un sacré cinéaste, dans le plus pur classicisme hollywoodien sur le plan narratif. J’aime beaucoup.

Il a plusieurs projets en cours (dont un film de S.F. et un biopic sur Steve McQueen), il va donc peut-être accélérer la cadence.
Il a également réalisé récemment le pilote d’une série télé, The Red Road (j’ouvre le sujet dès qu’il y a assez d’infos).

C’est marrant, j’aurais pas qualifié son travail (que je connais pas super bien, j’ai La Nuit nous appartient assez bien en tête, j’ai Little Odessa très vaguement en souvenir…) de « classicisme hollywoodien », je trouve qu’il se démarque formellement, en ayant un vrai travail sur la lenteur, sur le son, sur un montage aux antipodes de rapide. Ce qui m’avait impressionné, dans La Nuit nous appartient, c’est la poursuite en voiture, aussi intense qu’une poursuite de véhicules rapides, mais là, avec des véhicules lents (pour une raison parfaitement expliquée dans le récit et qui, en plus, servait très bien les personnages). J’ai presque l’impression qu’il veut déconstruire les codes américains pour les remplacer, je sais pas, par des codes européens ? J’avais lu, à la sortie de chaiplukel film (soit La Nuit nous appartient, soit Two Lovers, dans ces eaux-là, avant, j’avais pas repéré son nom…) une comparaison avec la Nouvelle Vague, que je trouvais pas bonne : moi, La Nuit nous appartient m’avait un peu fait penser à Melville, le Melville du Samourai, avec du silence et des lenteurs pour installer les explosions de violence (et de caractérisation). Et peut-être à certains trucs coréens (la scène dans les espèces de roseaux, notamment…).

Jim

[quote=« Jim Lainé »]

C’est marrant, j’aurais pas qualifié son travail (que je connais pas super bien, j’ai La Nuit nous appartient assez bien en tête, j’ai Little Odessa très vaguement en souvenir…) de « classicisme hollywoodien », je trouve qu’il se démarque formellement, en ayant un vrai travail sur la lenteur, sur le son, sur un montage aux antipodes de rapide.

Jim[/quote]

Précisément.
C’est justement la méthode que tu décris que je qualifie de « classique ». C’est le Hollywood actuel et son absence de découpage cohérent qui a jeté le classicisme aux orties.
Les thématiques me semblent plutôt américaines (l’individu face au collectif, un peu ce que tu disais de Carpenter sur « The Thing », tiens en voilà un autre que je qualifierais de classique…), avec peut-être une sensibilité européenne dans ses conclusions désabusées. Pour Melville, ça me paraît pertinent (comme chez Jarmusch mais d’une manière différente), mais il fait prendre du coup en compte le fait que l’horizon de Melville était précisément le classicisme hollywoodien (« en dernière analyse, tous les films sont des westerns » disait-il, ça en dit long je crois).

Oh !
Donc on parle de la même chose, alors ?
:wink:

Je ne suis pas tellement spécialiste du langage cinéma, en ce sens que je n’ai pas lu grand-chose, que je n’ai pas le voca technique, tout ça. Et que je ne suis plus comme j’étais à vingt ans, à faire comme si je savais tout. Donc j’avance avec prudence, ça m’intéresse beaucoup, mais bon, je fais moins le mariole qu’avant, quoi…

Je préfère poser des questions.

Et donc, cet Hollywood classique tu le daterais de quand ? Ça correspond à quoi ? Et l’Hollywood moderne dont tu parles, ça commence quand ? C’est quoi ? C’est l’ère des blockbusters ?
(Voilà une autre lacune, j’ai un peu de mal avec l’histoire du cinéma, les dates importantes, les tournants, les ruptures…)

Jim

[quote=« Jim Lainé »]
Et donc, cet Hollywood classique tu le daterais de quand ? Ça correspond à quoi ? Et l’Hollywood moderne dont tu parles, ça commence quand ? C’est quoi ? C’est l’ère des blockbusters ?

Jim[/quote]

Il y aurait plusieurs réponses possibles à la question du début du Hollywood classique, et la plus simple serait de citer les films majeurs de celui qui est considéré comme ayant écrit les tables de la loi de la narration cinématographique, à savoir D.W. Griffith, avec « Naissance d’une Nation » et « Intolerance » (on est en 1915 en gros). Il va jusqu’à établir des conventions scénaristiques (le happy end), mais ses principaux apports concernent le montage et le cadrage. On peut dire que ça remonte à lui, ça a du sens. A bien des égards, les films américains de la fin des années 50 ressemblent encore à du Griffith. Tout ça prend fin à mon avis quelque part au milieu des années 60, quand les apports de la modernité européenne ont bien infusé et accouche du Nouvel Hollywood (qui ne conçoit plus du tout les films de la même façon, malgré un jeu sur les formes classiques…post-moderne ?).

On pourrait aussi dire que la forme hollywoodienne classique acquiert une forme stable aux alentours de 1935, avec l’établissement du code Hays, qui ne fait pas que fixer des limites en termes de nudité, de violence, de morale, etc…mais impacte aussi évidemment par ricochet la forme (assagie au regard des « excès » des années 20).

Je ne dirais pas que l’avènement du blockbuster signe la naissance ou même l’accélération du phénomène : les premiers blockbusters ou proto-blockbusters (« Les Dents de la Mer » et « Le Parrain ») sont au contraire d’un redoutable classicisme dans leur narration ou leur façon d’éclairer les plans. Tout au plus pourra-t-on relever que « Star Wars » signe une petite dégradation dans la forme (fonctionnelle mais sans aucun génie), mais l’accélération du montage était à ce prix…
Je situerais plus le véritable enterrement de ce classicisme au mitan des années 80, avec un phénomène que tu mentionnes sur un autre thread et qui explique bien des choses : l’irruption de cinéastes de « deuxième main », ayant oeuvré auparavant dans la pub et le clip. Plus malléables aux yeux des producteurs, ils importent leurs recettes à base d’efficacité maximum et de high concept imagier (premières victimes : lumières, découpage et montage) : c’est ce que le critique Serge Daney appelait le « règne du visuel ».

C’est la journée où j’apprends des trucs (par mail, je suis en train de prendre une leçon de lettrage : et je peux vous garantir que j’ai un mal fou à saisir certaines subtilités : trop bouffé, ce midi, je crois…).

[quote=« Photonik »]

[quote=« Jim Lainé »]
Et donc, cet Hollywood classique tu le daterais de quand ? Ça correspond à quoi ? Et l’Hollywood moderne dont tu parles, ça commence quand ? C’est quoi ? C’est l’ère des blockbusters ?

Jim[/quote]

Il y aurait plusieurs réponses possibles à la question du début du Hollywood classique, et la plus simple serait de citer les films majeurs de celui qui est considéré comme ayant écrit les tables de la loi de la narration cinématographique, à savoir D.W. Griffith, avec « Naissance d’une Nation » et « Intolerance » (on est en 1915 en gros). Il va jusqu’à établir des conventions scénaristiques (le happy end), mais ses principaux apports concernent le montage et le cadrage. On peut dire que ça remonte à lui, ça a du sens. A bien des égards, les films américains de la fin des années 50 ressemblent encore à du Griffith. Tout ça prend fin à mon avis quelque part au milieu des années 60, quand les apports de la modernité européenne ont bien infusé et accouche du Nouvel Hollywood (qui ne conçoit plus du tout les films de la même façon, malgré un jeu sur les formes classiques…post-moderne ?).[/quote]

Le Nouvel Hollywood, je l’ai toujours compris comme un moment où la chaîne de fabrication est repensée. Comme la fin de « l’Hollywood des grands studios », quoi (apparemment sans doute déjà un peu entamée par la télévision, depuis une dizaine / quinzaine d’années…). Que l’émergence de fortes têtes, souvent des réalisateurs, arrive en même temps qu’un déplacement du centre de gravité du pouvoir décisionnel, quoi.
Ai-je tort ?

C’est quoi, les excès des années 1920 ?

J’avais vu un documentaire sur Star Wars (globalement, la saga, mais c’était pas mal centré sur le premier film (ouais, le quatrième), parce que c’est lui qui porte toute la légende, les années de galère, les réécritures, les négociations, les « presque » et les « si »…
Bref.
Et dans ce documentaire, ils s’attardent sur les galères de tournage mais aussi les galères de montage. Et l’un des monteurs laissent un peu suinter l’idée que, quand même, c’était pas très bien tourné. Y a la célèbre anecdote de l’attaque de l’Homme des Sables, où le plan où il brandit sur gros bâton est répété de manière à le rendre menaçant. C’est présenté un peu comme une métonymie de l’ensemble du montage : si c’est bien monté et que le résultat est sympa, ce serait parce que le monteur a triché comme un goret sur un matos pas terrible.
Donc j’ai l’impression que le montage (et son rythme) étaient là pour sauver les meubles (pour ne parler que de ce film en particulier, hein…)

[quote=« Photonik »]
Je situerais plus le véritable enterrement de ce classicisme au mitan des années 80, avec un phénomène que tu mentionnes sur un autre thread[/quote]

Qui ?
Moi ?
J’ai fait ça ?
Rhôôô…

Oh bah oui, sans doute, alors…

(aujourd’hui, je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu…)

Tu pourrais expliquer un peu (peut-être à l’aide d’exemples, pour mon cerveau endormi…) en quoi la lumière, le découpage et le montage seraient les victimes de ça ?
Moi, dit comme ça, j’aurais plutôt eu tendance à penser que des mecs qui viennent de la pub ou du clip soignent ce genre de choses, au risque d’ailleurs de styliser la narration, de tout mettre dans la forme.
(Par exemple, c’est ce qui m’a toujours semblé être le vrai clivage entre Highlander et Terminator, deux films qui m’ont marqué à la même période : Terminator, je trouve ça très classique, d’une certaine manière, très « les mains dans le cambouis », alors que Highlander, avec ses épures de décors, ses lumières forcées, tout ça, m’a toujours donné l’impression d’être dominé par des affêteries techniques, des chipotages formelles… bon, même si je trouve que c’est un peu le seul grand film de Mulcahy, contrairement à Cameron qui a aligné les trucs percutants, j’aime autant Highlander que Terminator, qu’on ne me demande pas de choisir).
(Et dans le même ordre d’idée, le Ridley Scott des débuts, celui de Duellistes, Alien, Blade Runner, Traquée, voire Thelma & Louise, ce Ridley Scott là me donne l’impression d’avoir trouvé un bon équilibre entre une narration élégante et classique et un soin de l’image, notamment les lumières, hérité de l’école de la pub. Mais là encore, je me trompe peut-être.)

Jim

Hum, ça m’intéresse ça ! (pas ce que tu as « bouffé » ce midi) Mais on ne peut pas en parler ici !

[quote=« Jim Lainé »]J’avais vu un documentaire sur Star Wars (globalement, la saga, mais c’était pas mal centré sur le premier film (ouais, le quatrième), parce que c’est lui qui porte toute la légende, les années de galère, les réécritures, les négociations, les « presque » et les « si »…
Bref.
Et dans ce documentaire, ils s’attardent sur les galères de tournage mais aussi les galères de montage. Et l’un des monteurs laissent un peu suinter l’idée que, quand même, c’était pas très bien tourné. Y a la célèbre anecdote de l’attaque de l’Homme des Sables, où le plan où il brandit sur gros bâton est répété de manière à le rendre menaçant. C’est présenté un peu comme une métonymie de l’ensemble du montage : si c’est bien monté et que le résultat est sympa, ce serait parce que le monteur a triché comme un goret sur un matos pas terrible.
Donc j’ai l’impression que le montage (et son rythme) étaient là pour sauver les meubles (pour ne parler que de ce film en particulier, hein…)
[/quote]

J’ai peut être vu le même reportage. Et en effet, le premier résultat avant montage est catastrophique (j’ai l’impression que le reportage montrait des images du produit soit-disant fini et c’'était pas terrible)

[quote=« soyouz »]

Hum, ça m’intéresse ça ! (pas ce que tu as « bouffé » ce midi) Mais on ne peut pas en parler ici ![/quote]

Oh, grosso modo, la liste des choses à faire quand on est traducteur pour faciliter le boulot du lettreur (et par élimination la liste des choses à éviter). Et il y avait un point sur lequel je ne comprenais rien, qui concerne la présentation en majuscule ou pas (en capitale ou en bas de casse, pour parler technique) qui peut occasionner des problèmes autour des lettres « j » et « i » (j’avoue que je ne vois pas comment un traducteur pourrait foutre le bazar à ce niveau, mais apparemment, certains y parviennent…).

[quote=« soyouz »]

(globalement, la saga, mais c’était pas mal centré sur le premier film (ouais, le quatrième), parce que c’est lui qui porte toute la légende, les années de galère, les réécritures, les négociations, les « presque » et les « si »…
Bref.
Et dans ce documentaire, ils s’attardent sur les galères de tournage mais aussi les galères de montage. Et l’un des monteurs laissent un peu suinter l’idée que, quand même, c’était pas très bien tourné. Y a la célèbre anecdote de l’attaque de l’Homme des Sables, où le plan où il brandit sur gros bâton est répété de manière à le rendre menaçant. C’est présenté un peu comme une métonymie de l’ensemble du montage : si c’est bien monté et que le résultat est sympa, ce serait parce que le monteur a triché comme un goret sur un matos pas terrible.
Donc j’ai l’impression que le montage (et son rythme) étaient là pour sauver les meubles (pour ne parler que de ce film en particulier, hein…)

J’ai peut être vu le même reportage. Et en effet, le premier résultat avant montage est catastrophique (j’ai l’impression que le reportage montrait des images du produit soit-disant fini et c’'était pas terrible)[/quote]

C’est le souvenir que j’en ai. Moi qui ai toujours pensé que George Lucas n’était pas un bon cinéaste, j’étais là, du genre « ah, tiens, vous voyez, même le monteur le dit ! »

:wink:

Jim

[quote=« Jim Lainé »]

Oh, grosso modo, la liste des choses à faire quand on est traducteur pour faciliter le boulot du lettreur (et par élimination la liste des choses à éviter). Et il y avait un point sur lequel je ne comprenais rien, qui concerne la présentation en majuscule ou pas (en capitale ou en bas de casse, pour parler technique) qui peut occasionner des problèmes autour des lettres « j » et « i » (j’avoue que je ne vois pas comment un traducteur pourrait foutre le bazar à ce niveau, mais apparemment, certains y parviennent…).

Jim[/quote]

Ah d’accord ! ça doit dépendre de la police (par moment, le l minuscule et le I majuscule se confondent !)

(je dis ça, je dis rien, je n’y connais rien ! Mais ça m’intéresse. Merci)

Non, tu as tout à fait raison. L’avènement du Nouvel Hollywood est dû à l’essoufflement du système des studios, qui ne comprennent plus rien aux aspirations du public, et aux cartons monumentaux de deux ou trois films qui « échappent » à leur contrôle, comme « Bonnie and Clyde » de Penn (au final ultra-violent pour l’époque, et à la morale trop ambigüe pour les décideurs) et « Easy Rider » de Dennis Hopper, qui capte le zeitgeist comme Hollywood ne le pourrait plus.
Donc on décide de faire confiance aux « jeunes turcs » qui déboulent après avoir galéré dans les marges du système, comme Coppola ou Scorcese chez Roger Corman. Et ça marche. Les cinéastes en question profitent de l’occasion pour importer les trouvailles des nombreuses nouvelles vagues mondiales (France, Italie, Japon…). Une conjonction d’éléments qui explique la situation exceptionnelle du cinoche américain des seventies, qui est à la fois populaire et « élitiste ».

Le mieux pour se faire une idée, c’est de lire le formidable bouquin (en partie fabulateur, mais ça fait partie du charme du bouquin) de Kenneth Anger, « Hollywood Babylon », récemment réédité.
Anger y décrit les excès en tout genre du gotha hollywoodien, cette exubérance se retrouvant dans les films.
Après, quand je dis « excès des années 20 », je fais aussi référence à des expérimentations formelles passionnantes, donc ce n’est pas péjoratif. C’est une des décennies les plus intéressantes en termes d’apport narratif.

Oui j’ai vu ça aussi. Je crois que Lucas ne se faisait pas beaucoup d’illusions sur la qualité de ce qu’il avait tourné (il se trouvait un peu contraint par son budget, 10 millions de dollars, un peu ric rac pour ce type de projet (l’année suivante, « Superman » de Donner a coûté six fois plus cher).
C’est lui qui pousse le monteur à revoir complètement sa copie, il me semble. Cette accélération du montage, c’est quand même à mettre au crédit de Lucas, en partie parce qu’il voit que les plans qu’il a tiré du tournage sont un peu justes (je me rappelle l’exemple du landspeeder, aussi).

Les lumières over the top dont Mulcahy (pas spécialement dans « Highlander » d’ailleurs, plutôt dans « Razorback ») est un bon exemple, c’est la négation des lumières subtiles héritées de l’expressionisme allemand et qui a régné à Hollywood pendant 30 ou 40 ans (du fait des réals allemands exilés à partir de 1933), qui accouche des clairs obscurs sublimes du Nouvel Hollywood (typiquement le « Parrain » de Coppola).
Quant au montage et au découpage, si on importe les trucs de la pub et du clip, on va viser à l’efficacité « in your face », qui ne raconte à proprement parler rien et ne construit rien. Je pense que comparer « Rambo » et « Rambo II », sans même aborder le changement de braquet idéologique et le paradigme politique, est un bon moyen de constater que la forme se dégrade.

Je crois qu’on confond deux choses, c’est le degré de virtuosité technique et le soin apporté à la forme. Par exemple, Michael Bay est un cinéaste très technique notoirement connu pour sa capacité à faire 50 plans par jour dont certains très complexes (plan-séquence, mouvements d’appareil), et pour autant, il n’y a pas de forme chez Bay : il ne construit aucun espace, je me demande s’il fait un découpage avant d’arriver sur le plateau seulement…

Entièrement d’accord pour le classicisme de « Terminator ». C’est d’ailleurs Christophe Gans qui souligne sa parenté avec le « Assaut » de Carpenter (une fois qu’il l’a dit ça m’a paru lumineux : les rues désertes, le silence de L.A. la nuit…), qui est un parangon de classicisme. Voilà un cinaste (Carpenter) dont la mise en scène n’a été que très peu impactée par les années 80…

Concernant la fin de ses films, il ne faut pas oublier l’influence qu’à eu sur lui la Tragédie, il l’explique dans un entretien (que l’on peut retrouver dans le livre qui lui a été consacré) : « Il faudrait réussir à faire ce en quoi Shakespeare était si bon, exprimer à la fois le conflit intérieur et le conflit extérieur du personnage principal. »
Le dilemme est vraiment un élément important de ses films, pour lui une bonne fin doit comporter une certaine dualité.
Un élément important de son cinéma est la condition sociale, concernant les personnages principaux qui essayent vainement d’échapper à leurs familles, à leurs quartiers, à leurs milieux, mais qui sont toujours rattrapé par la réalité, avec un certain sens de la fatalité du destin.

Oui, je suis d’accord. Pour les fins tragiques, c’est aussi en ça qu’il est empreint d’un certain classicisme, ou plus exactement : une vraie modernité, pas post-moderne justement pour un sou, car c’est à un corpus de références classiques qu’il se raccroche.
Pour les gars qui tentent de s’échapper de leur milieux, c’est un peu l’individu contre la société, ou comment concilier les deux (être un individu et « faire peuple », comme dirait Thoret) : là aussi c’est un thème éminemment classique dans le cinéma américain.

http://img209.imageshack.us/img209/5980/0h9a.jpg

Je trouve qu’en général, Gray n’est pas très bien servi concernant les affiches françaises de ses films, je pense en particulier à celle assez générique de La Nuit nous Appartient, qui ne valait pas l’affiche originale en N&B qui semblait être un hommage aux films policiers du Nouvel Hollywood.

La bande-annonce :

Comme toujours avec Gray ce sera excellent.
La bande annonce confirme ce que je pensais, à savoir qu’il y a un petit côté « Godfather part 2 » dans la photo et les décors…

Extrait :