THE MAGIC ORDER vol.1 à 4 (Mark Millar / collectif)

Je trouve toujours qu’il ne développe pas assez ses productions pour les besoins du cinéma, c’est souvent ce qui me bloque le plus chez Millar. Son wanted à l’époque est bien mieux gérer et développé que le reste de ses productions récentes et pourtant c’est un format court.

Après, il a toujours des pitch épatants, mais parfois, c’est la résolution qui pèche. Par exemple, Huck, ça démarre super bien, mais quand on a les éléments d’explication, c’est nettement moins intéressant. Je trouve son Starlight nettement mieux équilibré, à ce niveau.

Jim

Pas que l’exploitation du monde aussi. Son pitch est intéressant, mais ons idée tient souvent sur un timbre post et il développe rien à côté.

C’est vrai : il fait essentiellement des pitchs et des scénarios de films… qui se retrouvent en BD de plusieurs dizaines de pages.
En fait, je ne comprends pas pourquoi et comment il n’a pas encore essayé ou réussi à écrire son propre film.

D’une certaine manière, il préfère faire des BD qui servent de « dossier de presse » ou de « recherche et développement » à des films. Wanted, Kick-Ass ou Secret Service, c’est ça. Et j’imagine qu’il palpe de grosses sommes sans faire d’effort supplémentaire. Pourquoi il irait faire ses propres films puisque les autres le font et qu’il touche des ronds ? Il a bâti le combo parfait, à mes yeux.

Jim

Pas faux.
Mais, même si je ne me mens pas sur l’attrait financier que cela représente pour Millar, je me dis que ça peut être frustrant, à un moment, de voir d’autres reprendre et souvent sublimer ses scénarios (Secret Service et même Kick-Ass)… au point de tenter le coup lui-même, peut-être ?

Des fois c’est l’inverse aussi (Kick Ass 2, Wanted).

Pas faux… match nul, balle au centre ? :wink:
Je rajoute d’un Logan, qui s’inspire d’Old Man Logan, et me paraît plus cohérent et intelligent que son équivalent papier.
Je mettrais aussi Civil War, mais l’adaptation s’en détourne tant (et à raison) que le lien n’est finalement plus si grand.

Oh mais tu as raisons pour ton exemple au dessus du mien, Kingsman je préfère 100 fois le film que je trouve jouissif et jusqu’au boutiste là ou le comics est déprimant.

On peut dire la même pour Kick-Ass, en fait, qui décide, après avoir traité grosso-modo son sujet sérieusement, de dire « fuck-off, on met un jet-pack et on rigole » ; et ça fait du bien, là où le comics est un condensé de noirceur.

J’aurais tendance à penser, suivant l’adage adopté par Moore et emprunté à… euh… sais plus, Hemingway ? Chandler ?… Bref, à penser que la place de Millar est la plus pratique : il chope de belles sommes d’argent, les gens font des films de ses BD, mais ses BD continuent à se vendre grâce aux films, et quoi qu’on puisse penser de l’un ou de l’autre des récits. Lui, de son côté, il continue à faire ses deux métiers (écrire des BD et vendre la marque Millar) sans faire d’effort supplémentaire. Et peut-être n’a-t-il aucune envie de réaliser son propre film. Tim Seeley est comme ça, par exemple : s’il vend des droits de ses séries, il est content, mais il affirme n’avoir aucune envie d’écrire un scénario de film et encore moins d’en réaliser un. Et sérieux, je peux comprendre. La position de Millar, c’est un peu « le beurre et l’argent du beurre ».

Jim

Et la crémière : parce que comme ça marche à chaque fois, il attire sans se forcer (aller, peut être un rhum ou un scotch lors d’une convention … et c’est pas sûr qu’il se force pour ça) les meilleurs dessinateurs qui espèrent aussi palper par la même occasion !

Un vrai cercle vertueux.

Jim

Gagnant/gagnant

(il doit bien rester d’autres poncifs)

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The Magic Order #2

Writer: Mark Millar
Artist / Cover: Olivier Coipel
Published: July 18, 2018
Diamond ID: MAY180197
Age Rating: M

A dark force is targeting The Magic Order, killing off its members one by one. Time is running out, and the death toll is rising. Will Gabriel return to the fold to save his family, and the world, from the forces of evil?
Digital : $3.99
Print: $3.99

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Source : www.imagecomics.com

La première page m’a fait rire XD

THE MAGIC ORDER #3

Written by: Mark Millar.

Art by: Olivier Coipel.

Covers by: Olivier Coipel, Tommy Lee Edwards.

Description: With each wizard brutally murdered, Madame Albany comes another step closer to seizing the dark power of the Orichalcum as her own. The next kill on her list: Leonard Moonstone. Is her gruesome assassin powerful enough to destroy the leader of The Magic Order?

Pages: 32.

Price: $3.99.

In stores: August 15.

Source : www.comicscontinuum.com

Un aperçu du #4 :

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Source : www.cbr.com

THE MAGIC ORDER #4

Written by: Mark Millar.

Art by: Olivier Coipel.

Covers by: Olivier Coipel.

Description: Cordelia and Regan bargain with Madame Albany to preserve what’s left of The Magic Order, while she sets out to slaughter their brother Gabriel. Meanwhile The Horologium, a monster let loose from the fourth dimension, is shredding time and destroying human lives.

Pages: 32.

Price: $3.99.

In stores: October 3.

Source : www.comicscontinuum.com

C’est quand même super agréable, de lire un comics de Mark Millar quand il est dans cette forme, et qu’il fait le choix de doser ses provocations et facilités, pour les mettre au service d’un récit simple, mais efficace.
Ailleurs, Xavier Fournier évoque, en critique du numéro, un parallèle avec Jupiter Legacy, et notamment cette jeunesse longtemps éloignée des affaires, obligée de prendre le contrôle à la disparition des aînés ; c’est pas faux. Mais on est, il me semble, sur une approche parallèle : là où les héritiers de Jupiter Legacy avaient fait le « choix » de vivre des existences dilettantes, et sont forcés d’agir non pas quand leurs aînés disparaissent mais quand ils ne peuvent plus se cacher, la jeunesse de Magic Order n’a, en soi, jamais eu ce choix.
Les aînés ne bénéficiaient pas d’une aura de perfection impossible à supporter, ils étaient imparfaits, volages… bref, ils n’étaient pas des idéaux parfaits ; ils étaient humains, mais ils assuraient. Et leurs héritiers apparaissent « cramés », brisés, l’un par des troubles mentaux, l’autre par un manque de confiance, le dernier par un drame abominable. Bref, si dans Jupiter Legacy, la jeunesse prend le contrôle quand ils trouvent le courage de s’assumer et de se hisser à la hauteur des aînés, la jeunesse de Magic Order est fracassée, de principe ; mais ça ne veut pas dire qu’ils sont sans ressources.
Il y a, dans Magic Order, des tripes, de la rage, de la colère profonde. Cette fureur longtemps réprimée, ce potentiel longtemps caché, ces rêves longtemps oubliés par honte et crainte ; les survivants ont eu un avenir, la vie leur a privé. Sauf que, maintenant, il n’y a plus qu’eux… et il n’y a pas de discussion possible, avec les types en face - des saloperies, littéralement, une bande d’enfoirés qui provoquent, piquent, insultent, tuent, humilient. Et, à la lecture de ce #4, j’ai un sentiment clair, lié à une symbiose avec les héros survivants : ça suffit - et ça va chier.
C’est très, très agréable d’avoir une lecture aussi prenante. Au fond, Mark Millar n’a pas une histoire originale, ici, c’est même déjà-vu, mais… ses méthodes fonctionnent. Ses provocations et facilités interviennent dans les passages glauques et gores, qui légitiment la vilaine des méchants, qui cependant ont aussi des drames précédents ; ce sont des connards, mais la génération d’avant, les aînés imparfaits qui assuraient, n’a pas aidé, hein. Et, encore une fois, son sens de la narration, du moment, de la punchline, de l’instant (bon sang, ce moment où le fils endeuillé se lance pour gérer la situation, c’est la fichue définition de l’épique ; en ce sens, j’ai carrément hâte de voir la série TV, car s’ils ne font qu’adapter à la ligne, ça sera une sacrée scène) fonctionne complètement.
Mais, aussi, il y a Olivier Coipel. Qui rayonne.
Si, au #4, l’artiste est un peu moins appliqué, si les images sont un peu moins belles, si les cases sont moins détaillées, il est malin, et utilise aisément le script et les éléments de l’histoire pour cacher ça ; pas besoin de détails, hein, dans un endroit où l’ombre règne, où l’on ne doit pas voir ses voisins. Ca lui permet d’avoir le temps pour cette fameuse bataille, où le dynamisme de la scène et de la narration est totale.
Et ça reste beau - même si ça l’était plus, au début ; ce qui souligne, encore plus, la beauté et le talent de ces planches, toujours très bien servies et narrées.

Une réussite totale. Je suis fan.
Peut-être même plus que Jupiter Legacy, car Magic Order me prend aux tripes avec ces héritiers brisés, aux avenirs coupés, qui doivent maintenant gérer ; sans rien. Sans aide. Sans soutien. Sans plan. Sans guide - mais avec la rage, la haine, et le fichu talent qu’ils ont gâché jusque-là.
Ha, ça me plaît. Vivement la suite !