THE MICHAEL MOORCOCK LIBRARY (Collectif)

Je viens de lire le bouquin, qui propose une chouette réédition, sur un beau papier mat, ce qui permet de faire respirer les couleurs sans qu’elles paraissent flashy. Très bon choix.

En gros, le héros était Erekosé, il est désormais Urlik Skarsol, personnage que Moorcock a mis en scène dans le roman Phoenix in Obsidian (dont j’ai l’impression qu’il n’a pas été traduit en France, mais allez savoir, je cherche sans doute mal…). Il se retrouve dans un monde qu’il ne connaît pas au début, et on le suit alors que les souvenirs lui reviennent de manière diffuse (c’est le « champion éternel », il s’accroche donc aux éléments qu’il reconnaît, et qui se font écho d’un univers à l’autre).
Une guerre se prépare, entre « le ciel » et « l’enfer », les forces du dernier s’apprêtant à mener l’assaut sur le premier. Urlik cherche des alliances, et comme souvent chez Moorcock, il en trouve, mais pas là où il cherchait. Le récit aligne des scènes de trahison, de poursuite et d’assassinat, jusqu’à ce que le héros puisse organiser une contre-attaque avec l’aide d’une assistance présente depuis le début du récit, mais qu’on n’attendait pas ici.

L’ntrigue est proposée par Moorcock, mais Chaykin se charge du découpage, du dessin et des dialogues (sans doute aussi du lettrage, magnifique, même si je n’ai pas trouvé d’info. Peut-être est-ce son vieux complice Ken Bruzenak qui s’en est chargé ?). Dans son introduction de 1979, reproduite dans l’édition Titan Books, l’écrivain explique que, certes, il a tâté de la BD à ses début de carrière (et de citer une longue liste qui donne envie de se mettre en chasse), mais qu’il a été dégoûté du genre. Raison pour laquelle (je la fais courte), puisqu’il apprécie le travail de Chaykin, il préfère lui confier une trame détaillée et le laisser s’exprimer pleinement. L’autre avantage, que Moorcock évoque également dans ce texte, c’est que cela lui évite de se répéter ou de se parodier lui-même.
Au final, ça donne un récit très sympathique, qui rebondit sur plusieurs thèmes de Moorcock dans cet univers du champion (le siège, la survie, la quête de l’amour perdu, l’arme maudite). Chaykin impressionne par sa virtuosité, l’histoire étant rythmé par des doubles pages à la composition toujours raffinée. C’est un joli tour de force. Et cette aventure étant inédite en roman, elle constitue un parfait complément pour les complétistes du romancier.

(Reste qu’à la lecture, j’ai toujours l’énorme sensation d’avoir déjà lu cette histoire. Et même si les récits inscrits dans le vaste cycle du « champion éternel » peuvent donner cette impression parce que certaines péripéties et certains nœuds d’histoire se répètent, j’ai quand même l’impression d’avoir vu ces pages. Faut que j’aille fouiner dans d’autres magazines, afin de m’assurer de la chose.)

Jim

P.S. : en parlant de l’influence de Moorcock sur les comics :