« Un matin, en me réveillant, j’ai réalisé que j’étais à la fois entouré et dominé par des femmes. Etrangement, j’ai éprouvé le besoin urgent de faire un film d’horreur ayant pour sujet la beauté vicieuse. Après avoir fait Drive, et être tombé follement amoureux de l’électricité de Los Angeles, je savais qu’il fallait que j’y retourne pour raconter l’histoire de The Neon Demon. »
C’est ainsi que le réalisateur danois Nicolas Winding Refn (Drive, Only God forgives…) raconte la genèse de son prochain long métrage, le « thriller horrifique et sexuel » The Neon Demon, précédemment intitulé I walk with the dead.
Voici les têtes d’affiche de ce long métrage dont le synopsis officiel n’a pas encore été dévoilé :
Elle Fanning (Maléfique)
Christina Hendricks (Drive)
Jena Malone (Sucker Punch)
Abbey Lee Kershaw (Mad Max : Fury Road)
Bella Heathcote (Dark Shadows)
Et un seul mec, Ryan Gosling…non je déconne, Keanu Reeves :
Début du tournage fin mars et sortie prévue en 2016.
Très friand du cinéma de Refn (je me souviens de quelques débats homériques sur la question, ici-même), j’attends ça avec beaucoup d’impatience. Sans compter que, s’il a flirté avec le genre en quelques occasions, c’est la première fois que Refn aborde l’horreur frontalement. Or c’est de là qu’il vient (film de chevet : « Massacre à la Tronçonneuse »), et j’ai la conviction qu’il a le talent pour injecter des choses fraîches et intéressantes au genre, un peu sinistré par ailleurs (encore que récemment j’ai adoré « Oculus », mais c’est rare, ce type de réussites)…
Bon, vu l’absence de retour je dirais que personne n’est allé le voir, ou que ceux qui l’ont vu ont, comme moi peut être, été tellement abasourdi par tant de maniérisme, de vacuité, de masturbation cinématographique, de prétention, j’en passe et des meilleurs qu’ils ont trouvé préférable de ne pas venir parler plus avant de cet objet filmique aux ralentis exaspérants d’inutilité qui allonge artificiellement une sauce déjà rance, aux acteurs parfois peu convaincus de jouer des scènes frisant le ridicule, de balancer des dialogues trop écrits ou encore de camper des clichés de personnages.
Last but not least, la B.O, écrite par un Martinez sous acides qui lorgne honteusement du coté des Gobelin et autre Air mais ne parvient qu’à pasticher des choses déjà inécoutables à leur sortie…
bref « thriller horrifique et sexuel » ce Neon Demon? Surement pas, Refn s’est rêvé Lynch refaisant The Hunger, il n’est qu’un Argento de seconde zone sur ce coup là (et c’est pas peu dire!)
Erreur, mon ami, double erreur ; je l’ai vu en salles (et le film y gagne évidemment beaucoup) et je n’ai évidemment absolument pas la même opinion que toi sur le sujet : j’ai beaucoup aimé.
Je réservais la question à mon émission de radio qui reprend très vite, et je vais pour ça revoir le film avant. J’aurais l’occasion de venir ici démonter ton argumentation point par point à ce moment-là.
Ce n’est pas le meilleur film de Refn, certes, mais c’est une ré-orientation discrète mais très intéressante dans sa filmo.
J’ai plutôt bien aimé pour ma part, alors que pourtant je ne suis pas très fan de Refn habituellement (le simple fait de l’avoir vu à deux reprises en salles est déjà bon signe).
C’était mon premier Refn, pour ainsi dire, et je n’ai pas détesté. C’est imparfait, bancal, ça pointe dans beaucoup trop de directions qui restent inexplorées (il aurait fallu une série…), et effectivement ça pousse le maniérisme très très très loin, mais ça me semble justement le sujet du film. J’avais formulé ça de façon plus travaillée sur mon (autre) blog au moment de la sortie, mais globalement j’ai eu l’impression que Refn nous raconte et nous montre l’irruption d’une beauté « naturelle », « innocente », dans un univers à l’ultra-artificialité toxique, qui à la fois la convoite à cause de cela et cherche à l’ingérer (donc à la pervertir, à lui faire perdre ce statut premier envié). Le fond et la forme coïncident, et ça, par principe, j’aime bien.
Tout à fait, ça me semble une définition assez juste.
Un des trucs retors du film, c’est que « l’héroïne » n’a pas grand chose de spécial : ses chères collègues et néanmoins amies sont au moins aussi belles.
En décrivant la beauté comme une truc absolument pas représentable et complètement insaisissable, Refn jette une lumière très intéressante, auto-critique en un sens, sur sa propre recherche esthétique ; c’est en ça que le film me semble une bifurcation intéressante…