Vu, donc. Et Michôd confirme, après son premier long, qu’il est vraiment un auteur à suivre.
Point de post-apo ici, en fin de compte, ou plutôt : si peu. Et pourtant, la thématique de la « fin de la société » est très importante ici : si le film ne s’inscrivait pas dans ce genre particulier, le sous-texte du film (la fin des relations humaines) ne serait pas aussi fort. Mais pour être fixé sur le genre auquel appartient le film, il faut se fier au carton d’introduction : « 10 ans après la chute ». Et c’est tout. Pas de hordes de barbares à la Mad Max, pas de messie rédempteur, pas de destruction de la planète elle-même. Le film extrapole (et malheureusement pas beaucoup) à partir de la situation actuelle et élabore un récit de « speculative fiction » plutôt que de science-fiction, si vous voyez la nuance.
Le film, s’il est donc un post-apo, a plutôt l’allure d’un western déguisé ; faut dire que les deux genres sont quand même très voisins, le second découlant directement du premier. Et dans son genre, voilà donc un western implacable, désespéré, où toute lueur d’espoir est atomisée sitôt pointé le bout de son nez. Nihiliste, Michôd ? Peut-être pas, mais sacrément pessimiste en tout cas.
Le film décrit donc le délitement des relations humaines, dans un récit où toutes les étapes sont essentialisées à l’extrême, presque jusqu’à l’épure totale (une halte pour se nourrir, une halte pour se soigner, etc…avec des rencontres à l’avenant). Relations familiales, commerciales (détail intéressant : l’argent a toujours cours dans l’univers décrit par le film), amicales : tout est broyé.
Et notamment la touchante relation de maître à disciple qui constitue le cœur du film, celle qui se tisse entre les persos interprétés par Guy Pearce et Robert Pattinson.
Un mot sur les acteurs, tous deux formidables : avec sa barbe et sa gueule patibulaire, Pearce a une sacrée ganache, assez loin de sa gueule de minet dans « L.A. Confidential » par exemple, il enviendrait presque à évoquer un Lee Marvin ; quant à Pattinson, ceux qui croient qu’il n’est bon qu’à jouer les vampires bellâtres dans des films idiots comme « Twilight », ils se fourrent le doigt dans l’œil : ce mec est excellent. On tient plus là le nouveau Di Caprio que le nouveau Zac Efron, je crois…
Un film dur (les coups, de poing, de feu, font presque mal), imparfait certes (le rythme hésitant), mais très fort.