THE SAVAGE SWORD OF CONAN #1-12 (collectif)

Son boulot ici me fait penser à ce qu’il a fait sur ses premiers Daredevil ou sur Men of Wrath.

Jim

Oui, ça m’a fait penser à ça aussi, en y regardant de plus près après avoir écrit mon message !

Effectivement.

Nouvel aperçu :

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Source : www.bleedingcool.com

THE ANCIENT CULT OF KOGA THUN. A MYSTICAL TREASURE. AND THE ONLY MAN WHO CAN SAVE THE HYBORIAN AGE! Adrift at sea. No food. No weapons. Death surely awaits him. But the lionhearted CONAN is not so easily subdued, by Crom! When Conan finds himself captured, he unleashes his might on an unsuspecting pirate crew…one whose dark secrets will plunge Conan on the trail of an ancient treasure that may prove to be his undoing! An all-new age of SAVAGE SWORD OF CONAN begins with a five-part tale of swords and sorcery by Gerry Duggan (DEADPOOL, INFINITY WARS) and illustrated by legendary artist Ron Garney (DAREDEVIL, THOR: GOD OF THUNDER) with covers by the incomparable Alex Ross! Welcome to the deadly Hyborian Age–hope you survive the experience!

Savage Sword of Conan #1
Written by Gerry Duggan
Art by Ron Garney
Colors by Richard Isanove
Letters by VC’s Travis Lanham
Cover by Alex Ross
Release Date: February 13, 2019

Source : www.adventuresinpoortaste.com

Pas trop fan de tout ce noir qui entoure les cases …

En parallèle de la série « principale » de Conan, par Aaron et Asrar, Marvel sort donc le deuxième titre sur le Barbare… en attendant le troisième, son apparition dans Avengers : No Road Home, et donc Savage Avengers, où Conan fera parti d’une équipe bad-ass. Le personnage est donc bien utilisé chez Marvel, même s’il va sûrement y avoir un sentiment de « trop-plein » d’ici quelques temps.
Bon, ce moment n’est pas encore venu, et Gerry Duggan et Ron Garney gèrent donc cette série, centrée a priori sur l’idée de Conan contre les hommes-serpents. Une idée pas plus bête qu’une autre, mais qui rappelle quand même furieusement le mythique Conan l’Aventurier, qui en tient quand même une couche dans le nanar.
Et il faut bien avouer que ce #1 fonctionne bien.
Si Jason Aaron m’a un peu perdu sur son #3, Duggan démarre très classiquement mais très intensément, surtout, dans sa saga. Conan est récupéré en mer blessé, agonisant, par des esclavagistes. Il se remet, difficilement, avant de s’énerver face aux chaînes et… bref, pas besoin d’en dire plus, tout un chacun imagine bien la réaction de Conan face aux fers.
C’est classique, donc, mais efficace dans sa nervosité et son intensité. Duggan caractérise bien la fureur de liberté de Conan, sa rage d’être sous l’emprise de quelqu’un, et je ressens bien la rage infinie qui l’anime. Ca ne révolutionne rien, mais ça pose bien les bases, et la puissance absolue du Cimmérien est bien retranscrite ; du bel ouvrage, même s’il n’y a rien d’original.
Cependant, ce #1 vaut surtout pour les dessins de Garney, qui livre des planches qui, déjà, seraient parfaites dans une BD franco-belge… mais qui, surtout, sont juste magnifiques. Je parlais plus haut de la puissance de Conan : on la découvre, on la ressent un peu parce que Duggan l’écrit bien, mais surtout parce que Garney l’illustre magnifiquement. C’est fort. C’est brutal. C’est violent. C’est beau, et d’une puissance absolue.
Une belle réussite, notamment pour la férocité d’un Conan juste superbe grâce à Ron Garney, qui me semble idéal pour le personnage ; plus que Mahmud Asrar, même s’il s’en sort bien dans le titre phare. Je me demande si ce titre ne sera pas le seul que je finirais par faire, tiens…

Non mais faut arrêter avec votre obsession à tous pour cette merdouille ! icon_lol C’est quand même pas l’alpha et l’oméga des références conanesques…

(En l’occurrence, les hommes-serpents, comme Thulsa Doom, le méchant du film de Milius, sont une importation d’un autre groupe de nouvelles de Howard, celles concernant Kull, le roi atlante. On doit leur entrée dans l’univers de Conan aux inénarrables « collaborateurs posthumes » Lyon Sprague de Camp et Lin Carter, entrée cimentée depuis par les comics de Thomas et Buscema.)

Ce point clarifié, je dois dire qu’autant j’attendais pas mal du duo Aaron / Asrar et me suis retrouvé déçu (j’avoue que je n’ai toujours pas trouvé la motivation d’aller lire au-delà du #1), autant je n’attendais rien particulièrement de Duggan et Garney et… ben c’est une fort bonne surprise, en fait.

Je suis un peu déçu par le choix graphique de vraiment coller à des costumes (pour la majorité des persos en tout cas) et un bateau très XVIIIe : c’est pas totalement déconnant avec les pratiques de Howard — qui utilisait largement « l’âge hyborien » comme une excuse pour faire du pseudo récit historique sans perdre trop de temps en recherches documentaires qu’un « vrai » récit historique aurait nécessité — mais visuellement ça manque un peu de fantaisie, ou pour mieux dire en la circonstance, de fantasy : ça fait un peu paresseux de la part de Garney. Au niveau du texte, j’ai tiqué en passant sur la mention que Conan a pour objectif de devenir roi, une trahison du perso original qu’on doit, là encore, aux barbouillages de Sprague de Camp et Carter.

Mais ce sont, globalement, des points de détail, et dans l’ensemble ce #1 fonctionne très bien. L’ambiance est bonne — aussi bien grâce au scénar’ qu’au dessin —, le personnage ne semble pas trop réduit à une caricature, l’action tabasse mais n’envahit pas non plus la moitié du numéro, les perspectives ouvertes pour la suite sont intrigantes. Ça ne révolutionne rien mais ça fonctionne.

C’est MA référence pour Conan. :smiley:

N’Est-ce pas tout ce qu’on peut attendre d’une telle production ?

« Tout », je ne sais pas, il me semble qu’il n’est pas interdit d’être un peu ambitieux / optimiste. Mais c’est déjà mieux que la majorité de la production existante, c’est sûr…

Est-ce qu’ils (les auteurs) ne s’appuient pas d’abord sur les canons de la mythologie, pour les utiliser comme tremplin pour mieux s’en affranchir d’ici quelques épisodes/arcs ?

J’avoue que, pour des franchises tellement anciennes, tellement implantées dans la culture populaire, je ne « vois » pas ce que les auteurs actuels pourraient apporter ; vraiment. Je pense même que les auteurs devraient s’évertuer à créer de nouveaux mythes, plutôt que de s’acharner à redonner de la fougue à des mythes passés.
De ce fait, dans des productions comme ça, je n’en attends finalement « rien » : si je veux lire vraiment Conan, je lis Howard. Si je veux lire comment la BD peut appréhender Conan, je lis Thomas.
Maintenant, en 2019, c’est une franchise qui est maintenue vivante… ben je n’en attends rien, à part du divertissement facile. Pas plus, pas moins.

Peut-être. A voir.
Après, Marvel vient de récupérer la franchise : il faut l’asseoir, la viabiliser. Donc assurer des ventes. Donc, aussi, surfer sur les fondamentaux de la franchise, pour garder le maximum de fans, présents ou anciens.

Raisonnement que l’on pourrait tenir au sujet de TOUS les super-héros des années quarante ou soixante.

Jim

Tout à fait.
Au fond, on pourrait même considérer à juste titre que les comics édités par Marvel & DC depuis plus de 20 ans sont tous des fanfictions.

Avec Roy Thomas, la fan-fiction est devenue officielle dès les années 1960.

Après, je me souviens d’un avis dans Scarce, au moment où Fantastic Four accueillait Steve Englehart, et qui posait la question de savoir si, après 300 numéros, il y avait encore quelque chose à raconter. Personnellement, je dirais que oui. On voit régulièrement des auteurs aborder un personnage et proposer des idées « nouvelles », qui bien souvent relève plutôt de l’éclairage inédit. Pour Batman, c’était Morrison il y a une dizaine d’années, ou encore Tynion IV très récemment.
Donc, en soi, voir des licences survivre de manière continue ou rejaillir plus ou moins régulièrement, ça ne m’ennuie pas. Ce qui m’ennuie, c’est quand la sauce ne prend pas (et dans le cas des licences épisodiques, ça nourrit effectivement ce sentiment que, peut-être, on ferait mieux de laisser reposer en paix le personnage et son univers… me viennent à l’esprit les THUNDER Agents), mais dans l’absolu, je n’y vois pas d’inconvénient. Les licences qui ne m’intéressent pas (et Conan au premier chef : je n’ai quasiment pas lu les versions Dark Horse, à part quelques albums qu’on m’a offerts, et encore…), je ne lirai sans doute pas, ou en tout cas pas dans la précipitation enthousiaste (déjà que les trucs qui m’intéressent, j’ai pas le temps…).
Après, ouais, bien sûr, je préférerais que les gens se consacrent à créer quelque chose de neuf, mais j’ai bien l’impression que la société du divertissement a pour corollaires la « culture geek » et le règne des franchises.

Jim

C’est possible, oui, mais si l’auteur a la liberté de tenter et de créer comme il le souhaite. Ce qui n’est quasiment plus le cas depuis deux décennies dans le domaine des comics, sauf très rares exceptions.
A mon sens, la plus belle réinvention des personnages et la véritable réouverture créative date de Vertigo et d’Ultimate, pour DC et pour Marvel.

Oui pour la seconde partie du run de Morrison, avec l’extinction du concept de Batman à plusieurs villes et la confirmation de la transmission du symbole et de la mission à autrui, et pour Tynion, qui surfe également sur cette idée de transmission en faisant, enfin, de la Batfamily une équipe.
Par contre, la première partie du run de Morrison, Return of Bruce Wayne inclus, c’est quand même de la fanfiction, dans le sens de réutilisation des éléments de la franchise, pour les rendre cohérents. Comment reprendre toutes les pièces d’un Lego pour refaire, un peu mieux, le set de départ.

Je me demande aussi si la nouveauté fonctionne encore, en fait. Quand on voit les tentatives, plus ou moins timides certes, plus ou moins inspirées aussi, pour créer de nouveaux succès (John Carter, Lone Ranger, Tomorrowland au cinéma par exemple, les multiples titres lancés par Marvel & DC), sans que ça ne fonctionne réellement, ça interroge aussi sur ce que recherche le public, actuellement.

Sans doute plus loin encore. À la fin des années 1980, le débarquement de Stern du poste de scénariste d’Avengers (une série qu’il avait contribué à sauver de l’oubli), les démêlés d’Englehart sur Fantastic Four ou sur West Coast Avengers, et tant d’autres morceaux croustillants, témoignent du fait que les auteurs écrivent ce que les editors veulent voir.
Je crois que le phénomène s’est amplifié chez Marvel quand la société a été cotée en bourse (milieu des années 1980, je dirais, j’ai plus la date en tête), et les deux machines devenant colossales, la « liberté » des auteurs s’est trouvée réduite d’autant.

La limite entre la « nouveauté » et la fan-fiction est ténue, cela dit.
Selon moi (mais ça n’engage que moi), le principal, c’est le regard de l’auteur, sa « vision ». S’il en a une.

Là encore, ça me fait penser à une citation. Je crois que c’était dans Les Cahiers de la BD, quelqu’un disait de Miller qu’il était arrivé à la garderie, qu’il avait mélangé tous les jeux et les jouets, et qu’il avait inventé de nouvelles règles.

Moi, je pense que non.
Pas au cinéma (Matrix est un exemple trop lointain pour être valide), c’est sûr. Sans doute pas en BD. Peut-être en littérature (moins de frais, et peut-être un bouche à oreille plus viralement efficace).

Jim

J’ai un peu de mal à comprendre où tu veux en venir, à la lumière des exemples dont tu illustres ton propos. John Carter s’inspire d’un roman de 1917, Lone Ranger de personnages nés à la radio dans les années 40, Tomorrowland d’une attraction de parc Disney du milieu des années 50… c’est ça la nouveauté pour toi ?

Je connais trop peu les comics des années 80 et 70, en fait. Si j’ai lu plusieurs œuvres, le cœur de ma culture demeure la fin des années 80 (post-Crisis), et à partir des années 90.

C’est vrai. Mais si l’auteur s’appuie sur la continuité, la réutilise, colle des choses entre elles… ben, ça acte aussi le fait qu’il est fan, de base. Donc, sur le fond, l’idée de fanfiction n’est pas lointaine.
Sachant que je ne méprise pas la fanfiction. J’en ai écrit longtemps, et je considère qu’une fanfiction n’est pas, de principe, dénuée d’intérêt ou de talent. Après tout, si on lit encore Marvel & DC, c’est bien parce qu’on aime les personnages, et qu’on a envie de les lire, encore et encore ; du coup, la tentation de les écrire, et de les écrire pour plaire aux fans comme moi, ça me parle.

C’est vrai. Miller n’a pas fait de fanfiction sur Daredevil ou Batman, qu’ils révolutionnent dans leurs approches ; il a une vision, il s’empare de leur mythologie pour leur offrir un nouveau pan, une nouvelle facette. Idem pour Moore sur Swamp Thing, par exemple.
Par contre, le fan-favorite Peter David me semble, clairement, un auteur de fanfiction ; dans le sens noble du terme.

Peut-être. Mais la littérature elle-même peine à se renouveler, aussi. Cf notre discussion sur le cyberpunk.

Y a plusieurs choses. Aujourd’hui, le contrôle éditorial s’explique par le fait que les personnages sont des licences possédées par d’énormes groupes (plus par des structures éditoriales de taille plus modeste, ce qu’était encore Marvel il y a trente-cinq ans). Avant, le contrôle éditorial (comprendre : oppressif) s’expliquait par les divers mouvements de panique qu’a connus la profession (genre super-héroïque boudé à la fin des années 60, quête frénétique d’autres genres parfois trop éphémères dans la foulée, chute - supposée - des ventes dans les années 1970, montée de la concurrence et des marchés parallèles dans les années 1980). Il faut que je trouve le bouquin sur la « DC Implosion » pour en savoir plus, mais chez Marvel, la situation économique chroniquement catastrophique dans les années 1970 (dont l’éditeur ne sort qu’à la faveur de la licence Star Wars, qui remet des sous dans la caisse), les retards réguliers sur les plannings et la valse des editors in chief ont créé des situations de tension incroyables. Conway reste à peine deux mois au poste, et il fait preuve d’abus d’autorité, provoquant les départs de plusieurs auteurs, le plus spectaculaire étant celui d’Englehart, qui quitte Doctor Strange avec pertes et fracas, sans tenir compte du travail accompli sur la série (et ses ventes). Roy Thomas cherchait à apparier une voix et un personnage (en mettant MacGregor sur des trucs un peu périphériques comme Black Panther ou Killraven, mais en confiant des missions plus « continuity oriented » à des gars comme Englehart), mais après, cette approche s’est diluée dans le fait qu’il fallait envisager les séries comme des trucs rentables devant faire la promotion du catalogue (j’ai appris récemment que si Macchio fait rentrer Quasar chez les Vengeurs, c’est parce que Gruenwald voulait que cette série fasse la promotion de son personnage).
Donc je pense que ça a toujours été la même chose : sauf que maintenant que ces personnages sont déclinés partout, du grand écran au mug de notre petit déjeuner, ça se sent nettement plus.

Un peu plus loin, tu cites Peter David, mais je te répondrai avec Steve Englehart. Qui demeure l’un de mes scénaristes préférés dans le genre super-héros, et dont une partie des boulots et cependant motivé par le souci (exprimé par un editor ou par lui, qu’importe) de « corriger » des erreurs de continuité ou de ranger les jouets. C’est ce qu’il fait avec le Space Phantom dans l’un de ses premiers Avengers, c’est aussi un souci de continuité qui donne naissance à sa première grande saga sur Captain America, celle de l’imposteur des années 1950 (l’un des meilleurs morceaux de la série), c’est encore un souci de continuité qui l’amène à raconter l’histoire du Skrull qui a pris l’apparence du Surfer… Rien que ça, ça donne trois histoires qui vont du sympathique au brillant, et dont les motivations premières ne volent pas plus haut que le fantasme de fan.
C’est sans doute aussi lié à la structure de feuilleton.

Jim