J’ai commencé les comics vers 12 ans, et ma marraine m’a offert plusieurs 100% Marvel une paire d’années après ; dans cet ensemble se trouvait le premier tome de Sentry, par Paul Jenkins & Jae Lee. Enorme choc. J’ai immédiatement été happé, séduit, intrigué, impressionné, attristé et enthousiasmé par cette mini-série si terrible, si bien faite, si intelligente, si forte.
Depuis, je ne cesse de penser que le personnage, si héroïque qu’il se sacrifie lui-même pour l’Humanité, actant ainsi que plus les héros Marvel sont forts, plus leur faiblesse est terrible et personnelle, n’aurait jamais dû sortir de cette mini-série principale ; aucune autre utilisation n’a sincèrement justifié de « casser » cette fin idéale, et il est clair que j’étais circonspect avant de lire ce The Sentry #1 par Jeff Lemire et Kim Jacinto, pour lancer une série normalement régulière.
Après lecture, le sentiment est bon - mais il est clair, aussi, que tout cela tient plus de la mini-série en devenir que de la série à plusieurs dizaines de numéros.
Lemire, qui travaille depuis longtemps les principes de la réalité virtuelle et des héros loin de leurs mondes ou gloires, s’en sort bien avec Sentry, où son Bob Reynolds doit, une fois par jour, « purger » ses penchants de Sentry et de Void dans une micro-dimension du Dr Strange, afin de protéger l’Humanité ; en parallèle, il vit une existence minable, en compagnie de son ancien acolyte, mutilé et désespéré après leur vie passée.
L’ensemble est agréable, la gestion de Reynolds est bonne, les indices sont intrigants, et l’atmosphère est bien travaillée. Kim Jacinto livre des planches correctes, aux visages un peu trop étirés, mais le tout est bon.
Une bonne impression, oui, après lecture ; celle que Sentry est enfin bien écrit, même si je continue de penser qu’il aurait eu plus de force sans réapparaître ! M’enfin, c’est déjà bien, ici, et ça peut donner un récit intéressant, même si quelques ficelles peuvent se deviner.