[quote=« Benoît »]
Voilà, et ça permet en plus d’avoir cette scène d’explication intense avec Rick, dont j’ai toujours vu l’absence dans le comic book comme un aveu de faiblesse de Kirkman, qui me semble souvent faire passer des personnages à la trappe plutôt que de les confronter par le dialogue, comme c’est le cas ici.[/quote]
C’est le gros reproche que je fais à Kirkman : il gère ses personnages à coup de monologues. Les dialogues, c’est des monologues déguisés, avec un qui parle dans un chapelet de bulles, et en face, un autre qui répond « ouais », « nan », « ah bon », « chais pas », des quasi mono-syllabes du genre. Ça s’améliore un peu depuis quelque temps (tiens tiens, depuis qu’il fréquente les scénaristes de la télévision), mais globalement, il évite toujours de pousser ses personnages très loin.
C’est pareil pour les confrontations. Dans la période « zone résidentielle », Carl parle à un autre gamin qui lui demande « pourquoi ton papa c’est un gentil et mon papa c’était un méchant », un truc du genre. Quelque chose d’assez fort, et là, on se dit « ah ouais, il nous prépare quelque chose de costaud avec les deux gamins », mais en fait, épisode suivant, paf, zombies, boulottage, disparition, discussion évitée.
C’est vraiment le truc qui me fait dire que le talent essentiel de Kirkman, c’est de cacher ses faiblesses et d’éviter les problèmes.
Après, dans la série télé, la scène de discussion, pour intéressante et nécessaire qu’elle soit, elle est quand même super lourde :
"*- Il faut qu’on parle.
- On n’a pas besoin de parler.
- Je veux qu’on ait cette discussion.
- Et moi je ne veux pas.*"
Purée, on dirait du Bendis. Alors ouais, c’est des potes, ils sont habitués à se parler sans ambages, certes, mais quand même, ça manque singulièrement de subtilité. Après, c’est en accord avec une saison qui est pulsionnelle, instinctive et charnelle (voir les pulsions de vie de Shane et Andrea…), alors que la saison suivante est nettement plus politique, avec des jeux de trahisons, des non-dits, des doubles sens (présence de l’ami Gouverneur oblige…). Mais quand même, y a un côté bas du front à cette scène que sa nécessité n’excuse guère.
Jim