TIME IS MONEY (Fred / Alexis)

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Ça faisait longtemps que je n’avais pas relu le premier tome de l’informelle série Time is Money. Cela a fait le miel de ma soirée d’hier.

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Le pauvre Timoléon fait du porte-à-porte dans un paysage aussi inculte et désolé que lui, jusqu’à ce qu’il toque à l’huis du professeur Stanislas. Et alors qu’il espérait lui vendre sa rouleuse de cigarette automatique à vapeur, il découvre que le vieux savant a inventé une machine à remonter le temps et projette de l’utiliser afin de commander à des peintres célèbres des œuvres qu’il pourra revendre plus tard.

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Première cible, Léonard de Vinci, à qui le fantasque personnage et son tout nouveau complice envisagent de commander, plus de trente ans avant l’original, une version de La Joconde, afin de faire passer la toile exposée au Louvre pour une copie et emporter la mise. Bien entendu, ça ne se passe pas comme ça.

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Le récit profite des talents de deux auteurs franco-belges peut-être un peu éclipsés par les vedettes locales, mais qui ont laissé des œuvres remarquables. Le scénario s’appuie sur le goût de Fred (dont j’ai déjà dit tout le bien que je pensais à propos de son Magic Palace Hotel) pour les jeux de mots, les polysémies, les confusions de langage et les situations absurdes. Quant au dessin d’Alexis, qualifié de « minutieux » dans l’édition que j’ai, il allie la nervosité du trait, la grâce d’un encrage expressif et l’équilibrisme d’une approche semi-réaliste très réussie.

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L’album connaîtra deux suites, à savoir 4 pas dans l’avenir et Joseph le Borgne, la trilogie étant publiée sur 1974-1975. Connue un temps sous le titre informel de « Timoléon », la saga aura droit à une intégrale en 2016, cette fois-ci titrée Time is Money, tout simplement. Celle-ci a l’avantage de republier la série en noir et blanc, ce qui permet de savourer l’expressivité du trait d’Alexis.

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Les deux premiers tomes ont fait l’objet d’une réédition, en deux parties à chaque fois, dans la célèbre collection « 16/22 » de Dargaud, qui reprend les couleurs de l’édition en album.

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Jim

Je dois avoir ça dans un coin (la première histoire, en tout cas), mais je ne sais plus dans quelle édition.

Ce que tu dis là est tellement juste (et c’est injuste pour Fred et Alexis, du coup)… Deux grands de la BD francophone.

Tori.

J’ai récemment trouvé le deuxième tome dans la mythique et bancale collection 16/22 de Dargaud (qui reformatait les planches et les cases). Et bien entendu, je me suis marré bruyamment.

On y retrouve le fantasque professeur Stanislas et l’infortuné Timoléon, devenu son homme à tout faire, qui rêvent encore de faire fortune en utilisant une machine à remonter le temps. Après avoir échoué à acheter à un jeune Léonard de Vinci une version précoce de la Joconde, ils fomentent encore… Mais le malheureux professeur glisse sur une peau de banane négligemment jetée par un Timoléon répondant à l’appel de son estomac et se casse la jambe. Qu’importe, un retour une heure et vingt minutes minutes avant permettra de guérir rapidement avant de reprendre les plans de fortune et de gloire.

Bien entendu, ça ne se passe pas comme ça, et les auteurs s’amusent à créer des boucles temporelles farfelues, agrémentées de formules chocs du genre « il faut retrouver la machine au présent, à présent ! ». Fred et Alexis multiplient les rencontres et les doublons de personnages, Timoléon se dédoublant à la faveur de paradoxes temporels tandis que Stanislas croise ses doubles à des âges différents.

C’est rapide, drôle, parfaitement illustré par le dessin réaliste et pourtant caricatural d’Alexis. Un régal (au point que j’ai relu le tome précédent dans cette collection, hier soir, pour le plaisir).

Jim