TRAQUEMAGE t.1-3 (Wilfrid Lupano / Relom)

Je viens de lire les deux tomes de Traquemage, essentiellement sur le nom de Lupano, dont je continue à découvrir le travail, avec certes beaucoup de retard.

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Le sujet est à la base amusant : Pistolin élève des cornebiques et fabrique du pécadou, un fromage assurément odorant et apparemment réputé. Sauf que son troupeau a été décimé (au sens étymologique) par des combattants liés à la guerre des mages, et qu’il met tout en œuvre pour continuer son activité. Il trouve un petit coin tranquille dans les alpages afin de faire paître ce qui reste de son troupeau et continuer sa petite production locale. Bien entendu, les choses ne se passent pas comme prévu.

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Lupano reprend un modèle de héros qui avait déjà très bien fonctionné dans Little Big Joe, à savoir le petit personnage décalé qui nourrit de grandes ambitions dépassant largement ses modestes moyens. Et là où il détournait les codes du western, ici il tort les lieux communs de l’héroïc-fantasy. Ce qui est très plaisant à qui ne goûte pas toujours ce genre.

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Le premier tome met les choses en place, et aligne de nombreuses scènes d’introduction, car il faut bien présenter les protagonistes (Pistolin, Myrtille sa cornebique, la fée Pompette et plein d’autres personnages). La structure est celle d’une quête, ce qui est bien pratique pour provoquer des voyages et des rencontres.

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Le second tome fonctionne selon un système que Lupano connaît bien, celui de l’enchaînement de circonstances qui dégénèrent. Il introduit un nouveau personnage, Merdin l’Enchianteur, sorte de Tullius Détritus involontaire. Et les événements périclitent en spirale, dans une mécanique très bien huilée mais qui réserve son lot de surprises. Sans compter les jeux de méprises et de quiproquo, bâtis pour l’essentiel sur des confusions dans les dialogues. Et Lupano parvient même à développer un discours écolo qu’il avait déjà dans Un océan d’amour.

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Question dessin, j’ai été un peu refroidi par le travail de Relom, au début. Son dessin m’évoque un peu Féroumont, en moins élégant, avec un zeste de Gotlib mal digéré. Pourtant, son trait caricatural et très expressif sert à merveille le propos, renforçant le ridicule de nombreuses situations. Un style totalement au service du récit.

Pour l’instant, c’est un diptyque. Je ne sais pas si la série a suffisamment marché pour générer des suites, mais si elle s’arrête ici, elle laisse un récit qui se tient assez bien, et qui a proposé une belle quantité de situations cocasses.

Jim