TROIS JOKERS (Geoff Johns / Jason Fabok)

Ah oui. Quand même.
C’est vraiment à chier. Je sais pas trop pourquoi, je m’attendais à être agréablement surpris (y’a pourtant pas eu de retours très positifs sur le thread VO que je viens de consulter) ; déjà, je connais pas vraiment bien le boulot de Fabok, mais je trouve qu’il s’en sort bien ici, en en faisant un peu des caisses quand même. Mais graphiquement, on peut pas dire que ça n’en jette pas.

Mais niveau scénar’, c’est le naufrage total.
Je le dis d’autant plus gaillardement que contrairement à beaucoup (ici en tout cas), je la trouvais pas si pourrie, cette idée de Johns telle qu’annoncée (sans aucun plan derrière par contre, on s’en rend compte après coup) à la fin de « Darkseid War ». Je la trouvais raccord avec la nature polymorphe et constamment « surprenante » du personnage. Même si, au fond, ça n’est qu’une variation plus poussée de l’idée du Joker en perpétuelle mutation adaptative, exposée notamment par Morrison…

OK, pas d’a priori négatif avant lecture, donc.
Et ça démarre mal, avec une repompe de la charte graphique de « Killing Joke », même première case et découpage à l’avenant. Après « Doomsday Clock » et sa pseudo-sophistication tournant à vide, ça fait beaucoup dans le pillage décomplexé de l’héritage moorien. Mais la suite ne me déplaît pas (même si un trop décomprexax à mon goût), avec ce montage muet blessure/combat (peut-être pas inédit, d’ailleurs) qui démontre silencieusement la place qu’occupe le Joker dans l’esprit de Batman.
Et la mise en place de l’intrigue, malgré son côté naïf (« en trois endroits différents ? mon dieu ! »), n’est pas déplaisante.

Bon, ça se gâte à la fin du premier épisode, avec la séquence choc qui vient le conclure, dont on sait instantanément qu’elle n’aura aucune conséquence, et qu’on a déjà vu ça 100 fois (ou qu’on en a l’impression tout du moins, ce qui revient au même).
Mention spéciale à l’absurde échange entre les trois Jokers, qui tombe à plat et ne « sonne » bien à aucun moment.

Le tout s’effondre lamentablement comme un gros soufflé sur la course des deux chapitres suivants, avec une débandade totale (une démission, même, je dirais) de Geoff Johns sur la toute fin.
La fin est à chier, et absurde en plus.

Passe encore que le truc des trois Jokers se révèle tout moisi à la fin (y’en a un qu’est le vrai, et les deux autres sont des faux ; OK, comme je le comprends, Batman a toujours eu à faire au Comédien, et les deux autres sont des imitations de phases précédentes du vrai, c’est bien ça ?). C’est couillon, ça ruine la possibilité de relancer un truc mystérieux autour du bonhomme. Mais au lieu de ça, et c’est le pompon, Johns ruine toute ambiguité pré-existante, en levant le voile sur ce qui n’avait pas à l’être !!! Perso, comme je le voyais, la femme et l’enfant de « Killing Joke » pouvaient tout aussi bien être le fruit de l’imagination du Joker, un « mensonge ». Là, Johns ruine tout, comme au bon vieux de temps de « Doomsday Clock » où il vaporisait déjà toutes les nuances des récits de Moore.
Et la vraie arnaque, c’est l’idée que Batman connaissait la vraie identité du Joker après une petite semaine, histoire de le montrer à son avantage. Ah oui ? et pourquoi t’avais questionné le siège de Métron à ce sujet précis si t’es si fort, couillon ? De telles approximations disqualifient le scénariste.

Encore une fois, j’étais pas outré par l’idée de base. Mais quelle merde dans l’exécution…
Johns nous surprendra toujours : il est capable de faire pire quand on ne l’en croyait plus capable.

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