TUMATXA : L'ÉMISSION !

Tu exagères : Gemini est sorti en France, il y a moins de vingt ans : c’était le 1er novembre 2000 (bon, OK, ça ne fait pas beaucoup moins de vingt ans…).
Après ça, c’est vrai qu’en dehors de festivals, difficile de le voir sur grand écran.

Tori.

Tsukamoto Shinya intégrera le catalogue vidéo de l’éditeur Spectrum Films l’année prochaine normalement, avec les sorties de plusieurs doubles programmes en combo blu-ray / dvd : Vital/Haze version longue, Killing/The adventure of Denchu Kozo, Kotoko/A snake of June. Depuis ces annonces, la version restaurée de Gemini sortie aux Etats-Unis et prévue en novembre en Angleterre fera aussi partie de ces sorties.

A noter que Spectrum Films fonctionne désormais sur un système de précommande et de vente quasi-uniquement via leur site internet (excepté des placements dans quelques rares boutiques particulières comme Metaluna Store à Paris). Ce modèle leur permet d’être plus libre dans leurs choix éditoriaux et de financer directement leurs projets pour les années 2021/2022 (dont près d’une quarantaine de titres du cinéma de Hong-Kong), chacune de leur sortie vidéo étant limitée à 1000 exemplaires sans réassort.

Quand à l’absence de Tsukamoto en salles, ça reste un cinéaste relativement en marge dans la production nippone et peu susceptible d’attirer un public en France, hormis les initiés à la faveur d’événements comme le festival de Kinotayo. Pourtant, s’il y avait une porte d’entrée dans sa filmographie toute trouvée pour refaire une tentative, c’était bien sur les six dernières années quand il a investi des genres comme le film de guerre ou le chambara avec ses deux derniers opus. Sans compter qu’il a fait une prestation remarquée dans Silence de Martin Scorcese. C’est dommage, parce qu’en plus de signer d’excellents films, il a pris une épaisseur sidérante en tant qu’acteur avec les années; ses dernières prestations sont inoubliables dans des registres très différents. Il a une présence physique certaine à l’écran, qu’il soit dans la retenue voire l’intériorité si l’on peut dire comme dans Killing ou plus physique et expansif pour son incarnation d’un soldat sans but dans Fires on the plain. Même dans Shin Godzilla dans lequel il occupe un rôle secondaire, il s’impose naturellement par son charisme discret dans les quelques scènes où il apparaît.

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C’est une excellente nouvelle. Merci pour toutes les informations.

Oui, merci beaucoup, Benoît !!
Concernant ta lecture de la dernière ligne droite de la carrière de Tsukamoto, je ne saurais être plus en accord (notamment sur l’envergure qu’il a prise en tant que « simple » acteur, mais aussi les portes d’entrée faciles dans son travail que constituent ses deux derniers films), tout en déplorant que les distributeurs soient aussi frileux ; je parle en règle générale bien sûr, je sais bien que le contexte sanitaire actuel ne joue pas en faveur des prises de risque en salles. Mais quand je vois qu’un artiste aussi majeur que Sono Sion n’a eu droit qu’à quelques sorties salles il y a 8 ou 9 ans et que depuis, il faut se lever tôt pour dégoter ses films en nos contrées (alors qu’il tourne comme un mort de faim), je me dis qu’il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans la distribution actuellement. Et Tsukamoto est un peu un artiste du même calibre, à mon sens.

Superbe émission sur Nick Cave, passionnante de bout en bout.
Content de vous avoir entendu parler de « Kicking against the pricks », album de reprises que j’aime énormément et qui m’a permis de mieux comprendre l’univers musical de Nick Cave.
Par contre, j’ai une grande affection pour « Nocturama », un album globalement mal aimé. En plus, t’a critiqué « Babe, I’m on fire » l’ultime morceau. J’aime beaucoup ce titre, allongé de façon totalement absurde. :sweat_smile:

La période que j’aime le moins, c’est l’enchaînement « Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus » et « Dig!!! Lazarus Dig!!! » Il y a un côté trop clinquant qui m’agace.

Vous m’avez aussi donné envie de lire « Et l’âne vit l’ange ». Je pensais que sa carrière littéraire était plus anecdotique que cela. Lacune à corriger de toute urgence.

Ajout: je suis allé mater la vidéo de The Birthday Party jouant « Junkyard ». C’est très bon! Ils sont complètement cramés, les yeux hagards ne trompent pas… :sweat_smile:
Mais franchement, je m’attendais à pire. A part quelques éructations de Nick Cave et le final pelvien de Tracy Pew, ça reste sauvage mais correct. Après, ça dépend du type d’émission dans laquelle c’est passé. Effectivement, si c’était un programme familial… :rofl:

Merci beaucoup !!
« Nocturama » avait été une vraie déception pour moi à l’époque, sans compter que j’avais fait tourner en boucle « No More Shall We Part » avant ça, album dont je suis fou (comme je le précise durant l’émission). Je ne déteste pas « Babe I’m On Fire », mais c’est quand même un morceau assez facile et anecdotique. Mais bon quand on voit le clip, on sent bien que le groupe ne prend pas vraiment le titre au sérieux, hein…

Je pense que tu serais très intéressé par « Et l’âne vit l’ange ». Vraiment un grand roman à mon sens, un peu du Faulkner puissance 10 niveau ambiance, et complètement raccord avec les obsessions thématiques et esthétiques du Nick Cave « première manière ». Je l’ai lu y’a plus de 15 ans mais ça reste un souvenir de lecture très vif.

Effectivement. je sens que je vais me replonger dans les productions de Cave durant les semaines à venir (en plus, ça fait ton sur ton pendant le nouveau semi-confinement).

Ceci dit, je vais réagir sur la série évoquée vite fait à la fin, « The Third Day ». Je n’en avais pas entendu parler. Étonnement, ce n’est pas quelque chose dont on a beaucoup parlé dans le milieu Folk Horror. Je leur en parlerai après visionnage. Ceci dit, après passage sur IMDb, je constate la présence au casting d’un acteur pour lequel je suis transi d’admiration, Paddy Considine. Ca fait partie de ces artistes autant à l’aise dans la comédie (il fait partie de la bande Edgar Wright/Simon Pegg/Nick Frost) que dans le drame.

En particulier, il tenait le rôle principal dans ce qui est sans doute pour moi le meilleur film britannique des années 2000, « Dead Man’s Shoes ». Vraiment une œuvre incroyable. Il était aussi le meilleur aspect du film semi-raté « La mort de Staline » (que, pourtant, je voulais vraiment aimer). Il tenait également le rôle de Rob Gretton (producteur de Joy Division) dans ce qui reste le meilleur film de Michael Winterbottom à ce jour, « 24 Hour Party People ». Bon, ok, il apparaît aussi dans un clip de Coldplay. Ce sont des choses qui arrivent.

Le film qu’il a écrit et réalisé, « Tyrannosaur », est merveilleux aussi (en grande partie grâce à l’interprétation d’Olivia Colman, une autre grande actrice ayant traîné ses guêtres dans des productions de second plan pendant des décennies avant d’obtenir la consécration qu’elle mérite).

Bon, dans le cas de Considine, il semblerait que sa reconnaissance soit en cours vu qu’il a été annoncé comme tenant le rôle principal dans le spin-off à venir de « Game Of Thrones ». C’est un peu la définition du projet qui ne m’intéressait pas le moins du monde à la base et que je vais être obligé de regarder vu qu’il est dedans. Pffff… Enfin, ça fait quand même plaisir qu’il soit enfin reconnu.

Du coup, entre sa présence, le fait que ça vienne des créateurs de « Utopia », et vos recommandations, ça augure du meilleur pour ce « The Third Day ». Ma curiosité est piquée (et, bon, Folk Horror, tout ça…).

Oui, je ne suis pas loin de penser de même au sujet de cet excellent film.
Concernant Considine, il est relativement méconnaissable dans « The Third Day » (toutes proportions gardées) et joue un relatif contre-emploi (à ce stade ; j’en suis au début). Mais pour peu que je puisse en juger, il est tout aussi formidable que d’habitude.

EPISODE 5 : The First Blue Prisoner In The Dark !!!

Retour de « Tumatxa! », qui malgré les circonstances actuelles, je le précise, perdure durant la période actuelle !!! Hell Yeaaah !!!
Le programme cette semaine :

  • Pour le cinéma, on se penche sur le travail de Paul Schrader à travers deux de ses films, le premier et le dernier en date, à savoir les excellents « Blue Collar » et « First Reformed ».

  • Pour la littérature, chose promise chose due avec une chronique consacrée au « Stones In The Dark - Gangs Of London », premier des deux volumes signés Franck Buioni se penchant sur le groupe de Jones, Jagger et Richards et leur « écosystème » si particulier du Swinging London des sixties…

  • Pour la BD, une fois n’est pas coutume, ce sera de la VO, et un énorme coup de coeur, avec « The Prisoner - The Uncertainty Machine » de Peter Milligan et Colin Lorimer, suite du chef-d’oeuvre télévisuel que l’on sait.

Et pour la musique, ce sera :
« Killing Floor », énorme morceau introductif de « May Our Chambers Be Full », album collaboratif de Thou et Emma Ruth Rundle, « Sabba », extrait de la BO de « All The Colors Of The Dark » par Bruno Nicolai, « Under My Thumb », classique des Stones issu de leur « Aftermath » en 1966, et on termine en beauté avec l’épique et bien dark « Bleeding On Her Wings », et c’est signé Fear Of Dolls…!!!

« Move your body from this place
Move your body to heaven
I can taste Elysian Fields
I can taste Elysian Fields »

Episode 5 !!!

Très heureux que tu puisses continuer à enregistrer Tumatxa et excellent programme cette semaine.
En grand fan du Prisonnier, je n’avais pas entendu parler de ce projet de Milligan. Je suis impatient d’écouter ta chronique.
Sinon, très chouette ce premier titre de Thou et Emma Ruth Rundle, j’adore les passages à 2 voix.
J’avais vu passer la sortie de l’album via Bandcamp mais je n’y avais pas encore jeté une oreille.

Tout l’album est cool, mais c’est le morceau que je préfère. Mais franchement, le tout vaut qu’on y jette une oreille attentive. Je suis de plus en plus fan de Thou, que j’ai découvert sur le tard…

Tiens, le post du Doc me fait penser que j’ai complètement oublié de signaler durant ma chronique (ce que le sujet VO du titre n’oublie pas de faire) l’existence de ce projet totalement fantasmatique où le King Kirby en personne aurait donné sa version du « Prsionnier ».
Ce qui m’incite, du coup, à faire un peu de teasing : on parlera de Jack Kirby la semaine prochaine !!

Un petit lien rapide sur l’ « Invitation au voyage » d’aujourd’hui sur Arte.
Le premier reportage parle de Trevanian au Pays Basque et surtout de son roman « Shibumi ».
C’est notre @Photonik (et son très joli t-shirt :wink:) qui joue à domicile et intervient dans cette partie de l’émission.

https://www.arte.tv/fr/videos/091152-169-A/invitation-au-voyage/

De belles images et l’envie de découvrir ce roman !

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Ah ça fait drôle de découvrir une identité secrète !

Jim

Ha ha ha ha !!
Me voilà démasqué… :wink:

(et ceci dit, je recommande chaudement « Shibumi », un roman vraiment extraordinaire)

En même temps, il y avait déjà ta photo sur la page consacrée à Tumatxa de Xiberoko Botza (plus maintenant, où l’on a des illustration des sujets, cela dit)…

Ce qui fait bizarre, c’est que tu n’as pas la même voix à la télé qu’à la radio (et ton accent s’entend moins, aussi, mais c’est probablement parce que tu t’emballes moins… ~___^)

On appelle ça un placement de produit… ~___^

Tori.

Oui, j’en pouvais plus de voir ma trombine. :wink:

Oui, pour la voix différente ça vient des compressions qui sont utilisées et qui diffèrent, manifestement.
Pour l’accent c’est l’emballement moindre certainement, oui.

Ou de l’auto-promo !! :slight_smile:

Oui, c’est similaire à la dégradation de la voix par les téléphones : seule une partie du spectre est conservée.

Tori.

Je ne sais pas si ça relève tant que ça de la frilosité du côté des distributeurs. Hormis quelques noms bien implantés et à la visibilité continuelle dans le paysage français, relayés entre autres via Cannes (par ailleurs pas vraiment défricheur sur ce pan du cinéma d’Asie ces dernières années mais c’est valable aussi pour la Corée du Sud) et la réception critique, le cinéma japonais ne me semble pas susciter un vif intérêt dans la distribution en salles actuellement, à l’exception de quelques passionnés comme Eurozoom (qui devait sortir Little zombies courant novembre), Art house films, Carlotta, La Rabbia (ces deux derniers plutôt portés sur le patrimoine). Et quelques autres moins visibles à ne pas négliger comme Survivance.

Art house films s’est monté en 2018 et a débuté la distribution de Hamaguchi Ryusuke chez nous, un réalisateur qui avait déjà dix ans de carrière au Japon. En dépit du contexte sanitaire actuel, le distributeur me semble avoir bien poussé ses deux films nippons sortis cet été et les exploitants ont suivi, ça a été payant (Dans un jardin qu’on dirait éternel a dépassé les 120000 entrées, L’infirmière a bénéficié d’un maillage de plus d’une centaine de salles). Le distributeur a repris également cette année le travail sur Fukada Koji, qui avait été entamé par Survivance (petit distributeur qui a continué le travail sur Tomita Katsuya en sortant le saisissant Bangkok nites en 2017 et le documentaire Tenzo l’année dernière).

Quelques exceptions par ci par là comme Ne coupez pas!, mais c’est globalement peu de sorties en salles et des œuvres importantes comme All about Lily Chou-Chou, Confessions ou A bride for Rip Van Winkle qui demeurent quasi invisibles chez nous, quel que soit le mode de distribution. Certaines plateformes de SVOD comme Outbuster font quand même parvenir des choses qui sortent des sentiers battus venant de Chine (pays dont on voit arriver en salles pas mal de productions indépendantes stimulantes comme The crossing, Grand frère, Séjour dans les monts Fuchun, Vivre et chanter), de Corée du Sud ou du Japon, dont certaines sont issus d’un partenariat avec Spectrum films d’ailleurs (Les films de Nakashima Tetsuya par ex comme Memories of Matsuko et The world of Kanako, ce dernier sortant en vidéo à la fin du mois).

Pour ce qui est de Sono Sion, les résultats en salles de Guilty of romance et The land of hope ont été relativement discrets a priori (les 2 films semblent avoir difficilement passé la barre des 10000 entrées). L’un des distributeurs, Zootrope films, n’existe plus; l’autre, Metropolitan Filmexport, a sorti une trentaine de films cette année-là. Je ne sais pas si The land of hope a été bien accompagné pour sa sortie, mais le distributeur passera systématiquement par la case vidéo via le label HK vidéo pour les autres sorties consacrées au cinéaste avant d’arrêter.

Sono Sion intègre la catalogue de Spectrum Films en vidéo dès la fin de l’année, si le présent confinement ne décale pas le planning. Love and peace est d’ores et déjà disponible à la précommande avec une jaquette illustrée par Peach Momoko. Devrait suivre d’autres œuvres du réalisateur l’année prochaine, je crois que Cold Fish était évoqué par exemple. En plus de Tsukamoto, Toyoda Toshioki devrait aussi faire partie du line up de 2021.