EPISODE 9 : Le blues douloureux de Den le tordu !!!
Cette semaine dans « Tumatxa! », quelques nouveautés mais aussi beaucoup de glorieux anciens qui ont déjà occupé notre antenne de leur excellence ; c’est une joie de les retrouver au programme !!
Cinéma, BD, littérature, le tout en musique : vous commencez à la connaître, la musique, justement.
Pour le cinéma, à la faveur de son quarantième anniversaire, l’éditeur Spectrum Films exhume le fabuleux « Shanghai Blues » (1984, donc) de Tsui Hark. Nous avions longuement évoqué la carrièe du génie hong-kongais la saison dernière, avec l’évocation du livre qu’Arnaud Lanuque avait consacré à son impressionnante carrière, mais c’est un plaisir sans cesse renouvelé que d’explorer encore et encore ce corpus magistral. « Shanghai Blues » est passionnant à plus d’un titre : comédie romantique à la forte teneur politique, hommage à la virtuosité des grands du burlesque, magnifique exercice de mise en scène où les personnages se côtoient au sein du plan sans se voir, le film est aussi un jalon important de la carrière de Tsui Hark, en tant que premier film de la mythique Film Workshop, sa boîte de prod’ qui fera tant pour le renouveau du cinéma hong-kongais à compter de la moitié des années 80. Et quelle splendeur visuelle… ces couleurs, comme d’habitude chez Tsui Hark !!! Immanquable, en attendant on l’espère de redécouvrir son chef-d’oeuvre méconnu « Peking Opera Blues ».
Pour la BD, double rasade cette semaine avec deux albums automnaux qui témoignent du génie de ce grand bédéaste aujourd’hui disparu qu’était Richard Corben : dans un premier temps, on se penche sur « Den 2 : Muvovum », deuxième tome comme son nom l’indique de la réédition en intégrale de son titre le plus emblématique (chez Délirium en VF, et quel excellent travail d’édition en l’occurrence), où l’on retrouve le colosse glabre et bien membré Den plongé dans un univers au psychédélisme noir appuyé, à la faveur d’aventures confinant au body-horror le plus échevelé sur ce tome. Dans un second temps, nous retrouverons Corben aux côtés de Mike Mignola pour l’album « Hellboy : l’Homme tordu », réédité chez Delcourt dans la perspective de la sortie imminente du film homonyme de Brian Taylor. Ce récit, le favori de Mignola de son propre aveu, plonge le détective infernal aux prises avec des figures issues du folklore des Appalaches, et c’est diablement bon !!!
Pour la littérature, évoquons le difficile mais passionnant « La Doloriade », de Missouri Williams, récit post-apocalyptique qui relève du genre sans en être (Williams refusant tout net cette catégorisation). Après la chute de l’humanité, une petite communauté régie par la Matriarche se débat pour survivre, jusqu’à ce que le retour d’une enfant du cru, Dolorès, ne vienne bouleverser l’équilibre précaire de ce microcosme. Âpre comme c’est pas permis, difficile d’accès (Williams ne mâche pas le travail du lecteur, c’est le moins que l’on puisse dire) mais magnifiquement écrit, « La Doloriade » est aussi d’un jusqu’au-boutisme thématique estomaquant. N’écoutez les vilaines critiques négatives des fans de post-apo trop conservateurs pour leur propre bien : ce roman est passionant.
Le tout est habilement mis en musique comme vous vous en doutez : les norvégiens d’Ulver, grands habitués de l’émission, sont de retour avec « Liminal Animals », et on en écoute le dernier morceau « Hexan (Trakl) » ; les chicagoans de REZN pondent l’excellent « Burden », cinquième album de stoner/doom impressionnant comme en atteste « Bleak Patterns » ; « Betrayal », album emblématique du corpus de feu Bryn Jones alias Muslimgauze, a été réédité et pour le coup on s’écoute « Druse » ; enfin, les métalleux suisses de Schammasch rendent hommage à Lautréamont avec leur dernier album « Maldoror Chants ; Old Ocean » dont on écoute l’épique morceau d’ouverture, « Crystal Waves »…!!!
« Old Ocean,
You are the symbol of identity
Always equal unto yourself.
In essence, you never change »
EPISODE 9 !!