TWIN PEAKS (Saisons 1-3)

Tu avais réussi à passer entre les mailles du filet jusqu’à maintenant ?

Ouais, parce que je ne regardais que ce qu’il y avait à la téloche (compris dans la redevance) et que j’avais loupé le coche à chaque fois !
Et là, c’est bien parce que j’ai piqué l’intégrale de la saison 1 à mes beaux-parents …

Excellent cet épisode 15, peut-être bien le meilleur de cette saison depuis le huitième.
La saison arrive dans sa dernière ligne droite et à cette occasion elle commence à mettre le turbo pour faire avancer certaines intrigues en les faisant converger. Le lien éventuel entre le Dark Coop et le fils d’Audrey semble se confirmer, le rôle des pelles dorées et du gant vert trouve sa finalité pour deux anciens tourtereaux et un mari jaloux, le retour de Dale Cooper va peut-être survenir plus tôt que je ne pensais, et le volet expérimental n’est pas oublié avec le « relooking » radical de Phillip Jeffries, ce qui n’empêche par pour autant l’apparition de Bowie par le biais d’un extrait d’une scène cruciale du film de 1992 (« we live inside a dream ! »).
Mais le plus marquant pour les fans de longue date, c’est sans doute le caractère poignant que revêt la disparition de la femme à la bûche, en raison de sa concordance avec le décès de son interprète, survenu avant le début de la diffusion de cette saison 3.
Sur le plan formel, la série porte toujours autant la patte de Lynch, et cela vaut aussi pour le montage et le sound design. Même si je continuerai probablement à avoir une préférence pour le film et la saison 1, ce troisième volet tardif m’aura agréablement surpris et plus convenu que la deuxième moitié de la seconde saison (exception faite du démentiel season finale).

Je confirme. Après le pilote hier soir, j’ai regardé cet après-midi les deux premiers épisodes de la saison 1 et c’est vraiment addictif comme truc ! Ils mettaient du Nutella ou du tabac dedans ?

J’adhère totalement aux propos, et je n’ai rien à y ajouter si ce n’est ma très grande surprise (en bien, évidemment) que l’on puisse laisser un auteur faire cela à la télé.

C’est complètement dément, car il y a quand même presque une demi-heure sans parole (même si la série et la saison 3 encore plus ont toujours su jouer sur les silences), sans parler des dix minutes sur la bombe qui sont vraiment vraiment barrées.

L’épisode 3 n’avait été finalement qu’un prélude à tout cela.

Mais c’est hallucinant et, oui, jamais vu.

Revenir avec une telle force, c’est tout bonnement prodigieux.

s1ep3-7 : raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!
Nom de Zeus de nom de Zeus ! Comment cette fin est frustrante et intrigante, j’ai hâte d’avoir la suite !
Sinon, c’est marrant, parce que c’est vraiment un meltingpot de plein de genres, je trouve ! Et dont pourtant certains genres que j’exècre !

Et je me demandais si la série télé qui passe dans la série télé n’avait pas une des fonctions de la bande dessinée de pirates qui parait dans Watchmen !

Oui, je pense qu’on peut faire un parallèle entre ses deux « récits dans le récit ». Dans les deux cas, c’est une bonne illustration du principe de la mise en abyme telle que pratiquée par un Edgar Alan Poe dans « La Chute de la Maison Usher » (où le narrateur a la prescience du malheur à venir par le biais de la lecture d’un récit médiéval faisant écho aux événements de la nouvelle) et théorisée par André Gide plus tard (il invente l’expression « mise en abyme », et explique qu’il lui semble bon que les personnages au sein d’un récit soient eux-mêmes confrontés à un récit similaire, pour établir des parallèles avec le lecteur : persos et lecteurs vivent en quelque sorte la « même chose », pour le dire vite…). Alan Moore (et ses « héritiers » comme Morrison) est évidemment friand de ce type de procédés.
Il y a un moment que je trouve extraordinaire dans « Twin Peaks » à ce titre, c’est quand Léo se retrouve en fâcheuse posture et observe simultanément sur un écran de télé un méchant de pacotille de la série à l’intérieur de la série se faire dessouder. Il y a un vrai moment de vertige, là : il semble comprendre sa propre fonction au sein du récit, à cet instant-là.

Et sinon, comme beaucoup, j’ai adoré cet épisode 15 qui restera probablement dans les annales comme les épisodes 3 et 8, mais pour des raisons différentes. Les deux épisodes en question contenaient ce que Lynch a proposé de plus radical à la télé (voire dans tout son corpus) : celui-là est au contraire un des plus « twin-peaksiens » de tous les épisodes de cette saison 3.
Les moments qui serrent le cœur ne manquent pas : il y a bien sûr le sort de la « Log Lady » (son interprète Catherine Coulson, vieille comparse de Lynch puisqu’elle bossait avec lui sur « Eraserhead », avait déjà eu droit à un hommage au générique d’un des premiers épisodes ; ici de manière troublante c’est son avatar fictionnel qui est salué…), personnage emblématique, mais il y a aussi, et c’est évidemment beaucoup plus lumineux, le destin de Norma et Ed qui se dénoue enfin. C’est tout con, mais ça fend le cœur, sur fond d’Otis Redding et de plans de ciel bleu parsemé de gros nuages blancs et cotonneux. Formidable.
C’est d’ailleurs peut-être la principale différence entre ce que Lynch fait à la télé et ce qu’il fait au cinéma : au cinéma, même dans des monstres à la « INLAND EMPIRE » (qui fait quand même presque 3 heures), Lynch ne semble avoir le temps que de montrer le versant cauchemardesque et « contre-initiatique » (comme dirait Pacôme Thiellement dans son essai sur la série) du trajet de ses persos. Ici, parce qu’il a plus de temps à sa disposition, mais aussi parce que c’est « Twin Peaks » (c’est-à-dire un mélange d’ambiances en soi), il contrebalance la noirceur parfois étouffante de son propos par des passages bien plus lumineux, comme le changement de statut d’un personnage comme Andy un épisode plus tôt (là aussi, un passage parmi les plus extraordinaires de la série, toutes saisons confondues).
De même, ses audaces narratives, dans le cadre si particulier de la série, me semblent plus « acceptées » par un public qui n’a parfois pas hésité à qualifier son travail d’imbitable… Rien d’étonnant, du coup, à ce que Lynch profite de ce qui sera peut-être son baroud d’honneur audio-visuel pour réaliser un véritable bréviaire de toutes ses inventions formelles, sans que ça ne paraisse redondant. Tour de force !!

Tous les passages avec Kyle McLachlan sont absolument extraordinaires (c’est un sacré cadeau que Lynch fait à son interprète fétiche que ce triple voire quadruple rôle : l’acteur est exceptionnel dans cet exercice), même les plus brutaux (ce bras de fer à la « Over The Top » mâtiné de « La Mouche » !!!) ou les plus ésotériques (la rencontre avec Jeffries, l’homme-cafetière (???)).
Quant à ceux (assez nombreux sur le net, mine de rien) qui se croyaient malins en dénonçant Papy Lynch comme un vieil allumé qui avait définitivement pété les plombs et ses fans aveugles trop abrutis pour réaliser que le Maître avançait en roue libre, ils doivent se sentir bien cons (s’ils n’ont pas jetés l’éponge en route, ce qu’on leur conseille chaleureusement à ce compte) en constatant que Lynch et Frost (qui montre sa frimousse dans ce 15ème épisode…) avaient bien un récit complexe mais structuré à raconter, avec sa cohérence interne et, petit miracle, complètement raccord avec les saisons précédentes (les rôles importants des disparus comme Briggs et Jeffries en témoignent).
Tout cela converge bel et bien vers un final que j’espère aussi mémorable que celui complètement fou de la saison 2, le bien nommé « Beyond Life and Death ».

[quote=« Marko »]
Mais le plus marquant pour les fans de longue date, c’est sans doute le
caractère poignant que revêt la disparition de la femme à la bûche, en
raison de sa concordance avec le décès de son interprète, survenu avant
le début de la diffusion de cette saison 3.[/quote]

Ce moment est juste un magnifique moment. Extrêmement émouvant. Juste parfait.

Je n’ai pas souvenir d’un hommage télé aussi généreux.

J’aime beaucoup également le dernier plan très classe de cette scène avec Hawk.
http://www.critikat.com/panorama/hors-champ/twin-peaks-saison-3-episode-15/

Franchement, cette saison de TP monte sérieusement en pression. L’épisode de la semaine accélère un final qui devrait être grandiose entre les deux Coop’.

Et ce n’est pas le terrible cliffhanger qui fera descendre cette satanée pression. N’est-ce-pas, Audrey? :wink:

C’est exactement à ce moment-là que ça m’a fait tilt et que j’ai fait le parallèle avec Watchmen !

Du coup, je me demande si le film de Watchmen n’aurait pas pu utiliser ça, avec des écrans géants dans la rue par exemple.

Sinon, j’ai entamé le deuxième saison … vivement vendredi !

C’est à ce moment-là que tu vas voir l’épisode fatidique qui dévoile l’identité du tueur ?

Je ne pense pas … j’ai regardé hier soir l’épisode 3 de la saison 2 (ou l’épisode 10 si tu préfères)

J’attends l’avis de mon ami Photonik sur le final.

David Lynch est un sacré joueur et sa manière classique qu’il a de boucler la boucle, dans un premier temps (épisode 17) m’a terriblement plu. L’ épisode 18 est d’une cruauté pour son personnage qui aura finalement failli, avec pour cause l’imagination interdimensionnelle du réalisateur-créateur.

Pas encore vu le final, camarade, mais crois-moi bien que j’attends ça de pied ferme !!

Laura Palmer : « What’s going on ? »
Dale Cooper : « It’s… difficult to explain ».

Tu l’as dit, Dale !!!

Le rideau tombe sur cette tant attendue et si commentée troisième saison de « Twin Peaks », et c’est peu dire que Lynch et Frost mettent les petits plats dans les grands avec une doublette d’épisodes à la fois jouissifs et très audacieux. Les audaces du tandem à l’oeuvre ici à la fois nous donnent le tournis (avec ce sentiment incroyable, rare et précieux que tout peut décidément se produire dans cet univers) et nous gratifient d’une cohérence thématique et narrative rare. Un sacré tour de force.
Les deux épisodes, 17 et 18, sont comme les deux faces d’une même pièce. Le premier est aussi fou, généreux et ludique que le deuxième est sec, exigeant et dépressif.
L’épisode 17 voit donc Lynch et Frost conclure proprement la saison, sans résoudre toutes les intrigues en suspens, mais en concluant tout de même de manière satisfaisante cette histoire du retour contrarié de l’agent spécial Dale Cooper. Celui-ci revenait de manière triomphale dans l’épisode 16 : après avoir été « diffracté » durant toute la saison, il revient sous sa forme la plus pure et archétypale. Sans en faire des caisses, je crois qu’on tient là (peut-être est-ce Michel Chion, auteur d’un livre majeur sur Lynch, qui le disait à peu près en ces termes) un personnage à l’envergure proche de celle d’un Tintin ou d’un Charlot : un bloc de pure positivité, dont la particularité est d’être plongé dans un environnement d’une noirceur absolue. On croit temporairement d’ailleurs que Lynch et Frost lui accordent une victoire que le final tragique de la saison 2 lui déniait. Elle passe par une des scénes les plus « what the fuck » et loufoques de toute la série, avec cette baston bizarroïde entre Bob et l’homme au gant vert qui vient dénouer une mise en place extraordinairement tendue (on tremble pour les personnages, notamment Andy et Lucy). Malgré cette sensation, on sent que quelque chose « cloche », et ça passe par certaines des audaces formelles les plus gonflées de Lynch cette année, notamment cette surimpression anormalement longue du visage de Cooper en gros plan sur tout le final de la séquence du bureau du shériff (qui produit vraiment un effet d’étrangeté saisissant). De même, alors que les auteurs tentent et réussissent un coup de poker narratif à la fois surprenant et totalement cohérent (cette revisite en contre-champ de « Fire Walk With Me », qui vient d’ailleurs en atténuer un tout petit peu la noirceur définitive), la référence évidente convoquée, à savoir le mythe d’Orphée et Eurydice, annonce le pire : ce n’est pas la première fois que Lynch y recourt (le plan de Cooper guidant Laura en la tenant par la main est presque le même que celui que l’on voit dans « Mulholland Drive » entre Naomi Watts et Laura Harring ; je me souviens d’ailleurs d’un making of où j’avais été frappé par la minutie avec laquelle Lynch réglait ce plan, manifestement crucial pour lui…), et c’est en général pour annoncer le pire, à savoir la nature cyclique de la damnation et la thématique de la faillibilité d’un héros pourtant parfait.

Et c’est donc dans l’épisode 18 que cet échec se déploie, malgré les efforts insensés d’un Cooper pour « réécrire » (dans un élan éminemment méta-textuel) l’histoire ; j’ai été sidéré par le relecture du pilote de la série, avec le surgissement de la figure du regretté Jack Nance, qui était celui qui découvrait le cadavre de Laura, j’en avais les larmes aux yeux. Mais Lynch est un pessimiste, on le sait précisément depuis la conclusion de la saison 2 il y a 25 ans (et toute la filmo subséquente de Lynch en découlait) : pas de repos pour le guerrier.
L’épisode 18 est le plus aride de tous les épisodes du show ; ces lenteurs hypnotiques reprenant les motifs d’un « Lost Highway » par exemple ne seront pas du goût de tout le monde, mais elles sont l’écrin idéal de cette conclusion cosmico-tragique. Comme Orphée, Cooper est condamné à perdre deux fois de suite celle qui était sous sa protection (ça s’applique à Laura, mais aussi à Diane ; le redoublement est redoublé, en quelque sorte, ce genre de « repliements » étant éminemment lynchien dans l’esprit). C’est bouleversant et vertigineux, et ça relève de la meilleure SF, sans le décorum habituel. Certains spectateurs attentifs auront ainsi rétrospectivement pu observer à quel point la réécriture à l’oeuvre ici a pu impacter la narration de cette saison 3, les discrètes mais décisives (et volontaires, surtout) petites « erreurs de continuité » semblant s’accumuler au fil des épisodes, rétroactivement activées par le voyage temporal de Cooper. C’est déroutant, mais très très fort.
En toute cohérence, Lynch n’a plus qu’à emballer une séquence finale glaçante, abominable de noirceur, semblant presque surpasser en la matière la possession finale de l’épisode 29, et la rejouant en même temps d’une certaine manière, puisque l’idée est de montrer que Cooper est condamné à devoir sauver Laura (ou Annie, dans le final de la saison 2) et à échouer.
Cerise sur le gâteau : malgré la frustration, ce final fournit une conclusion thématiquement satisfaisante à la série toute entière, mais pourrait tout aussi bien constituer la base d’une saison 4 virtuellement passionnante, comme une réécriture globale de tout l’univers fictionnel de « Twin Peaks » ; ça c’est très fort.

Quelle odyssée !! Quelle puissance !!! Lynch et Frost renvoient la concurrence à leurs chères études ; après avoir réinventé la fiction télévisuelle il y a 25 ans, les deux compères prouvent les doigts dans le nez qu’il y a beaucoup à faire pour tirer le medium vers des sentiers vierges de toute tentative préalable, et le font dans le même mouvement.
On sait désormais que Lynch ne tournera vraisemblablement plus jamais de long-métrages, mais si sa carrière doit se conclure sur cette saison 3 de « Twin Peaks », ce serait déjà une formidable coda à sa carrière, à la fois résumé de son art et tentative inédite de l’amener encore ailleurs. Chapeau l’artiste, même si je ne veux pas ici minimiser les apports de Frost, probablement à l’origine de l’idée-phare présidant à la conclusion de la série (l’idée de « réécriture » apparaissant déjà dans son passionnant « L’histoire secrète de Twin Peaks »…).

Un mot supplémentaire sur ce final anthologique : je me suis amusé hier au soir à glaner sur le net les théories émises par les fans à la suite de ce choc télévisuel. Certaines sont complètement folles, pratiquement toutes sont au minimum intéressantes. Et je pense même que certaines sont très certainement compatibles entre elles, une des caractéristiques de l’art lynchien consistant justement à refuser l’univocité du sens et accepter plusieurs interprétations simultanément.
Petit florilège/tour d’horizon, loin d’être exhaustif (attention, ça spoile à mort, évidemment) :

  • Cooper et Laura Palmer, après le voyage temporel du premier, se retrouve dans une réalité alternative ; ça on l’avait tous compris plus ou moins ; mais pas n’importe quelle réalité : la nôtre. J’ai toujours été séduit par cette idée que l’univers fictionnel de « Twin Peaks » était parasité par une réalité cauchemardesque qui n’est autre que la « vraie » réalité, le plus cauchemardesque des univers pour Lynch. Un indice de poids qui va dans ce sens : la femme qui ouvre la porte à Cooper et Laura dans la maison des Palmer n’est autre… que la véritable et actuelle propriétaire des lieux, dans la véritable ville qui a servi de décor au tournage de la série. Troublant, pour le moins.

  • Cooper et Laura ont atterri dans une réalité qui n’est autre que la réserve à « doppelgangers » de la série. Y vivent tous les doubles, maléfiques ou non, des personnages (à l’exception des Tulpas, à distinguer des véritables doubles ; les Tulpas sont des fabrications, plus « factices » que les doppelgangers). C’est la réalité d’origine du Dark Coop’, dont le véritable nom serait Richard, ce qui explique que l’on ait attribué ce nom à Dale Cooper (que ce soit Diane dans sa lettre ou le Fireman). Je ne suis pas très fan de cette théorie qui me semble bancale mais elle a le mérite de faire un sort (comme d’autres théories ceci dit) aux scènes étranges du bar où des persos que l’on ne connaît pas vivent des « aventures » qui rappellent étrangement celles de persos plus familiers.

  • Cooper, façon « Livre des Morts » tibétain, n’est en fait jamais sorti de la Loge ; il y est toujours prisonnier, et subit une série d’illusions « déceptives », jusqu’à ce qu’il soit à même de prouver sa valeur (à moins qu’il n’y arrive jamais, puisqu’il a failli à la fin de la saison 2). La saison 3 est une illusion ou un rêve de Cooper (« we live Inside a dream », dit-il) et la toute fin de la saison voit Laura lui murmurer quelque chose à l’oreille : c’est le début d’un nouveau cycle d’illusion et c’est un processus sans fin. Une belle idée, d’une tristesse infinie, qui est une autre façon d’appuyer sur l’idée de l’échec perpétuel d’un perso qui pourtant ne cesse jamais de lutter.

  • Enfin, mention spéciale à la plus folle (et séduisante) des théories, à laquelle je ne mords pas encore : la série se termine en fait par un happy-end, la victoire de Dale et Diane sur Judy (dont tout le monde est d’accord pour dire qu’elle possède Sarah Palmer, ça semble en effet assez évident), mais la nature « boucle temporelle rétroactive » du final la masque derrière la fin pessimiste du dernier épisode. La « véritable » dernière séquence de la saison 3 se passe dans le bureau du Shériff, tout de suite après la défaite de Bob/Dark Coop". Diane réapparaît derrière les traits de la jeune femme asiatique sans yeux (une incarnation de Diane, comme le prisonnier défiguré du poste de police est probablement une incarnation de Dale (!!!)), et Cooper semble comprendre à ce moment qu’ils ont déjà accompli leur mission, vaincre Judy, même s’il ne l’a pas encore concrètement fait à ce moment. Variation encore plus folle sur cette théorie : les deux derniers épisodes seraient en fait conçus (et plus exactement leurs cinq dernières minutes respectives)… pour être visionnés en même temps !! Allez voir ça sur Youtube… La vision en simultané semble accrédité (paraît-il, hein) la thèse de la victoire de Cooper. A creuser, j’ai pas encore démêlé tous les fils, là.

Et pour finir, une petite observation personnelle : Kyle McLachlan a déclaré en interview qu’il lui semblait que l’odyssée de Cooper s’apparentait à une sorte de « voyage du héros » typique des thèses d’un Joseph Campbell. Si tel est le cas (et il semble bien que le parcours de Cooper relève de l’initiation chevaleresque), je crois que les auteurs ont très consciemment fait référence au poème « Beowulf », récit héroïque archétypal, à travers les grands méchants de la série. Cooper affronte d’abord Bob puis sa « mère » Judy (comme vu dans l’épisode 8), à l’instar de Beowulf qui affronte le Grendel puis sa mère, dans le fameux récit canonique. Logiquement, il lui resterait à affronter un dragon, derrière ça.
Je suis en tout cas ravi de cette inflation de discussions et de théories tous azimuts sur le net, on avait pas vu ça depuis les « season finales » de « Lost », il me semble. Je suis toujours épaté par l’inventivité et le sens de l’observation de certains spectateurs ; ça vaut largement l’outrance et les biais de certains délires interprétatifs, mieux vaut ça que la passivité ou la facilité (genre : « Lynch fait n’importe quoi et tout ça ne veut rien dire »).
Signalons enfin la sorte imminente d’un nouvel ouvrage de Mark Frost (« The Final Dossier »), qui fera la lumière sur le destin des persos durant le hiatus de 25 ans, et dont on espère chaleureusement une traduction française…

Je viens de finir la saison 2. Autant dire que c’est une sacrée frustration qui domine après la dernière scène … bon, en fouinant un peu, j’ai l’impression que des réponses seront apportées avec le visionnage du film, mais pinaise, j’imagine quand même à l’époque, ça devait être bien frustrant (et surtout après un épisode qui aurait pu trouver sa place au sein de la série Docteur Who). Et y a des trucs que je n’ai pas compris et pour lesquels je n’ai pas fait le lien …

Sinon, pour un avis plus général, c’est une drôle de série. Pas parce qu’elle pourrait paraître bizarre pour certain, mais surtout parce qu’elle semble mélanger pleins de genre. J’ai par moment l’impression de passer dans un épisode de série aux amourettes que je ne peux pas blairer (surtout avec les jeunes Donna et James, parce que côté flics et côté garagiste, c’est presque rigolo) à un épisode de X-Files, en passant par Gilmore Girls !

Après, les effets ont mal vieilli, mais ce n’est pas dérangeant puisque la série est suffisamment prenante. La VF est pas terrible. Je ne sais pas comment est la voix de l’actrice qui joue Donna, mais je ne suis pas fan du tout de ce jeu/voix (et donc du perso).

Je suis enfin en train de me regarder Twin Peaks Le Retour après l’avoir, tristement, mis de coté par manque de temps. C’était un peu le saint Graal cuvée 2017 et je voulais être dans les meilleures dispositions pour vivre l’expérience au lieu de regarder les épisodes en morse.
(Pour être tout à fait franc, j’aurai dû attendre un peu plus de temps et engloutir les premières saisons parce que j’avoue que, parfois, j’ai un peu de mal à resituer les noms et les personnages. Mais c’est pas si grave.)

Il y a quand même un truc que je retiens et que personne n’a, il me semble, mis en évidence. C’est copieux et gourmand, certes. Au point que, chose rare, moi-même gourmand, le genre de gars qui en redemande quand c’est délicieux, je serais totalement satisfait si la série s’arrêtait maintenant, sans annonce de saison 4 (dans 25 ans), malgré la pléthore de nouvelles gueules qui peuplent la jeune Twin Peaks et ses environs ; petites marionnettes dont la main derrière le drap rouge tisse les tragédies comme autant d’élément digne d’un soap qu’ils ne vivent pas vraiment : de la famille qui perd un petit garçon, aux amourettes cachées avec de vilains garçons, en passant par le retour du fils prodigue campé par un Michael Cera qui n’y croit pas plus, etc. (c’est un peu comme si Lynch et compère Frost « twittaient du soap » pour dire une connerie).
Bref, c’est riche. Et je ne vais même pas faire semblant d’avoir complétement compris l’épisode 8 (j’en suis au quinzième), ce serait frauder, pas plus que le gimmick du Cooper amnésique ne me faisait rire au départ (mais on se prend au jeu, bizarrement). Non, ce qui me sidère d’être le seul à l’avoir vu, comme l’absence de nez au milieu de la figure d’un sphinx égyptien géant, c’est l’apparition d’un Jim Lainé atteint de nanisme.

Bon sang, le multivers est grand mais l’ironie de la chose, c’est que ça se passe dans notre monde. Jugez par vous-même :

Charlie

Ils sont forts, Lynch et Frost. Ils m’ont donné à voir tout ce que je ne pensais pas vouloir zieuter un jour. Mais ça en valait la peine.

Ps : on est bien d’accord que Duchovny a eu connaissance de Rose Bleue avant de faire partie des dossiers X, hein ?