[quote=« Zombie »]
D’où mon interrogation sur la politique kiosque/librairie d’Urban qui laissent le choix…[/quote]
Leur raisonnement, c’est de dire que la consommation de BD correspond souvent (pas toujours, voir le développement d’Amazon et autres, mais souvent…) à un achat de visu, et que vu le maillage du territoire français, il y a plein de petites villes qui n’ont qu’un ou deux points presse, et pas de librairie. Donc, le client qui va acheter en main propre ses BD, il se tourne vers le kiosque, parce qu’à pied, il n’a que ça d’accessible, en gros.
Je caricature un peu, mais pas beaucoup : je suis dans un village de mille habitants. Il faut que je fasse douze bornes pour trouver des kiosques et une librairie, dans une ville de vingt vingt-cinq mille habitants. Où je ne trouve d’ailleurs pas tout (j’ai déjà parlé du Marvel Saga avec le Hulk de Greg Pak, que je n’ai trouvé nulle part…). Il y a quinze ans peu ou prou, j’étais allé voir l’épicière du village en lui filant une liste de mags que je voulais. Elle les réservait à son grossiste régional, et j’avais mes Panini et mes Semic directement au village.
(Là s’ajoute un autre problème du kiosque : même si un point de vente demande des titres particuliers, le grossiste ne suit pas obligatoirement les commandes : résultat, l’épicière recevait des trucs que je ne voulais pas, et j’étais obligé d’aller chercher certaines références au supermarché, en faisant les courses. Le système pyramidal de diffusion des produits kiosque est fait de telle sorte qu’il n’y a pas une adéquation territoriale précise entre l’offre et la demande…)
Pour en revenir à la tentative d’Urban, je partage leur opinion. Le public kiosque et le public librairie n’est pas tout à fait le même. Il y a une cloison, pas totalement étanche, entre les deux publics. En gros, les deux publics se chevauchent. Dans cette logique, il devient intéressant d’exploiter cette nuance en proposant un produit d’appel sur les deux marchés.
C’est surprenant parce que c’est nouveau. C’est risqué parce que c’est nouveau. Mais c’est intelligent justement parce que c’est nouveau. Je pense que le fait d’avoir Dargaud derrière leur permet d’aller discuter avec les messageries sur de nouvelles bases. Mais par exemple je constate par chez moi une grosse mise en place des titres kiosques (avec Batman Saga en locomotive), et un truc intéressant : les numéros 2 sont arrivés en kiosque, mais les numéros 1 sont toujours là. Apparemment, ils ont trouvé un accord pour laisser les premiers numéros en rayon, sans doute à cause du film qui arrivent. Ça aussi, c’est nouveau, et ça aussi, c’est sans doute né de négociations. Mais c’est une démarche intéressante parce que ça permet de défendre le produit là où il doit vivre, à savoir en presse.
Jim