VALHALLA HÔTEL t.1-3 (Pat Perna / Fabien Bedouel)

Pat Perna et Fabien Bedouel, les auteurs de Forçats et de Kersten, remettent le couvert pour un polar chez Comix Buro.
Interview de Pat Perna dans la newsletter Glénat :

Rien qu’au catalogue Glénat/Vents d’Ouest, vous avez une trentaine de titres qui prouve que vous passez avec aisance et succès de l’humour (souvent mécanique comme avec le JBT) à l’histoire (Kersten) et à l’aventure (Valhalla dont tu nous parleras), l’éclectisme c’est votre marque de fabrique ? Qu’est-ce qui guide vos choix, vos passions ? Vos rencontres ?
« Aisance » c’est un bien grand mot… mais je vous remercie. En réalité j’ai eu la chance de commencer la BD chez Vents d’Ouest au millénaire dernier. Une époque où l’on pouvait encore prendre le temps de faire ses gammes, se planter et recommencer. J’étais entouré de gens bienveillants dans cette maison (c’est toujours le cas je vous rassure), alors forcément j’ai enchaîné les expériences. Mais je ne suis pas très prolifique. J’ai rarement fait plus de deux BD par an. En regard de la majorité des scénaristes actuels, ce n’est rien. Ma première BD, avec Stéphane Deteindre (Fane), était de la science-fiction (Skud). On y croyait dur comme fer et on a tout donné comme des chiens fous… finalement il n’y aura qu’un seul tome parce que le Joe Bar Team est passé par là. Ensuite, j’ai bifurqué vers le journalisme tout en conservant un pied dans la BD avec des séries d’humour que je faisais principalement pour faire rire mes deux garçons (des histoires de bagnoles forcément). J’ai rencontré des auteurs formidables, Stef mon frère de cœur, mais aussi Henri Jenfevre, Juan, Philippe Bercovici… et puis un jour je me suis rendu compte que tout cela était un malentendu. Je faisais de la BD d’humour alors que je ne suis pas vraiment fait pour ça. Je n’ai pas de prédisposition naturelle à l’humour. Quand je vois des auteures comme Tebo, Soulcié, Ferry, Laëtitia Coryn, Lisa Mandel, Marion Montaigne… je me dis que j’ai bien fait d’arrêter. Je suis un grand mélancolique, j’ai une écriture sentimentaliste et un style souvent trop pompeux. Ce qui fait je suis plus à l’aise dans les drames. Bar2 m’a dit un jour que j’écrivais très mal et que je n’étais vraiment pas doué pour le gag. Sur le coup il m’a vexé, mais avec le recul je me dis qu’il a sans doute raison. Je ne suis pas un génie hélas, plutôt un besogneux. Je me suis remis en question et j’ai changé de voie. Du coup j’ai rencontré plein d’autres gens formidables : Marc Jailloux, Nicolas Otero, Fabien Bedouel, Florence Fantini…

En ce moment vous menez plusieurs séries de front, dont deux à paraître début 2021 chez Glénat. Il y a La Part de l’ombre avec Ruizge au dessin, l’histoire incroyable mais vraie de l’homme qui a failli tuer Hitler en 1941, vous nous en dites plus sur cette affaire et sur cette collaboration ?
Ce que j’aime, c’est partir d’un fait historique relativement méconnu et broder une fiction autour. En l’occurrence là, j’ai découvert le personnage de Maurice Bavaud et il m’a fasciné. Un jeune Suisse de 20 ans qui décide en 1938 qu’il va tuer Hitler au nom de sa foi catholique. Il parvient à l’approcher et braquer une arme sur lui… Hitler a été traumatisé par ce jeune type car il savait qu’on ne peut pas empêcher un homme seul et déterminé de parvenir à ses fins. C’est le plus dangereux des adversaires car il est indétectable.
Bien sûr, il fut arrêté, torturé et exécuté (c’était très à la mode à l’époque). Le plus fascinant c’est qu’il sera condamné une seconde foi, en 1955, par contumace (puisqu’il avait été guillotiné en 1941) pour tentative d’assassinat sur la personne d’Hitler.
Bref… je suis parti de ça, je me suis beaucoup documenté, et j’ai raconté une autre histoire… comme toujours. Francisco a fait un travail exceptionnel, tout en finesse, en émotion avec un style graphique semi réaliste qui colle parfaitement à l’ambiance. Il s’est accaparé cette histoire et l’a transcendée. En plus, cerise sur le gâteau, c’est Delf qui fait la mise en couleur, autant dire que je suis impatient de voir le livre en vrai…

Et puis il y a Valhalla Hôtel chez Comix Buro, titre sur lequel vous travaillez avec votre acolyte Fabien Bedouel avec qui vous avez une relation privilégiée. Comment s’est construit votre duo et en l’occurrence ce projet qui a l’air bien délirant !

C’est vrai qu’avec Fabien nous avons une relation d’amitié qui dépasse le cadre de la simple collaboration. J’ai besoin de cette amitié pour travailler. C’est mon moteur. C’est pour cela que je fais de la BD, pour l’aventure humaine. Dans le cas de Valhalla c’est même encore au-delà puisqu’à l’origine c’est une idée de Fabien. Il a eu la gentillesse de me proposer de travailler dessus et m’a laissé broder à partir de l’univers qu’il avait en tête. J’ai essayé de me montrer à la hauteur, mais ce n’était pas évident parce que c’est un projet qu’il a depuis plus de 10 ans… un univers qui est le sien, des références et des codes qui sont les siens… J’ai travaillé cette matière brute en m’efforçant de ne pas le trahir. Sacré exercice. Heureusement nous sommes bien accompagnés par Olivier STEJNVATER, notre éditeur (Comix Buro) qui m’a beaucoup soutenu tout le long du processus. Et puis les quelques retours que j’ai eus des premiers lecteurs sont encourageants, alors je suis un peu rassuré. Maintenant j’ai juste hâte que ça sorte !

Vous voulez nous raconter l’impact du confinement sur votre travail ou vous ne voulez plus entendre parler de ce mot ?
On ne va pas se mentir, je peux dire que j’ai totalement raté mon confinement. Dès le début j’ai sombré dans un état de sidération absolue. Comme un lapin pris dans les phares d’une voiture, je suis resté figé sur place. Je me suis mis en PLS et j’ai attendu la mort en essayant de conserver un minimum de dignité pour ne pas gêner les pompiers. Je n’ai pas fait mon pain. Je n’ai pas lu Stendhal ni Proust. Je ne suis toujours pas parvenu à écrire le prochain Goncourt, pas même un roman graphique. Je n’ai rien foutu à part regarder des vieux films des années 70 avec Delon, Belmondo, Dewaere en regrettant le temps d’avant et les minauderies de Miou Miou. Je suis resté suspendu au fil de ma névrose, pas trop loin de mon téléphone pour appeler le 15 dans un dernier sursaut. En bon hypocondriaque, j’ai dû choper la Covid vingt-sept fois. Aujourd’hui même, à l’instant où je vous parle, et rien que d’évoquer les symptômes, j’ai la gorge qui gratte, des bouffées de chaleur et une légère perte d’odorat.

J’imagine que vous avez encore des projets plein les poches ici ou ailleurs, vous voulez nous en parler ?
Des projets, j’en ai toujours plein d’avance parce que j’ai peur que ça s’arrête alors je stocke de manière compulsive. Ils finissent en général à la poubelle après quelques mois, parce que je me décourage très vite et que si je ne trouve pas preneur rapidement, je perds l’envie. La plus grande difficulté de ce métier est de trouver des coauteurs(trices). Je crois, sans vouloir être pessimiste à l’excès, que le métier de scénariste est bientôt mort. Il y a une équation paradoxale : pour faire un succès il faut une bonne histoire, mais pas forcément un bon dessin (je ne vais pas citer de titres, mais il suffit de prendre les best-sellers du roman graphique de ces dernières années…), alors qu’à l’inverse vous pouvez très bien avoir une histoire faiblarde qui va cartonner, pour peu que le dessinateur soit génial.
Ça me laisse dubitatif et un peu déprimé. Mais bizarrement, tout comme Lara Fabian : j’y crois encore (ça y est vous l’avez en tête pour la journée ?).
Dans l’immédiat j’ai bouclé le scénario du tome 2 de La Part de l’ombre et attaqué le second volume de Valhalla Hotel … Histoire de prendre de l’avance, puisque tout ça devrait paraître en Janvier.
J’aimerais vraiment retourner à mes premières amours, la SF… j’ai un beau projet d’anticipation dans mes cartons. Si je ne meurs pas de la peste bubonique d’ici là, et que ça plaît à un dessinateur, j’espère bien pouvoir le mener à bien… mais dans le cas inverse, comme je le dis toujours à mes coauteurs (pour de vrai !) : tout est dans l’ordinateur, ils n’auront qu’à se servir !

9782344036860-001-T

Valhalla Hôtel - Tome 1

Bite the bullet

Le seul endroit où l’on vous promet un repos… éternel.

Tandis qu’ils se rendent à la finale régionale du championnat de tennis de table d’Albuquerque, Lemmy et son inénarrable mentor, le coach Malone, tombent en panne avec leur Fiat 500 sur la 380. À quelques miles de là : Flatstone, petite bourgade improbable en plein cœur du Nouveau-Mexique, et son shérif homophobe et buté, leur tendent les bras. Quelques « tracasseries administratives » plus tard, ils trouvent finalement refuge dans le seul motel du coin, le Valhalla Hotel , tenu par une femme pour le moins intrigante, Frau Vinkler. Au petit matin, Lemmy a disparu. Malone part évidemment à sa recherche…
Des personnages tous plus timbrés les uns que les autres, des scènes de baston dignes d’un Tarantino dans un décor aussi aride que le gosier d’El Loco, des poursuites en bolides survitaminés, d’anciens nazis en culotte de peau, des rednecks abrutis au schnaps, une étrange gamine au regard bleu lagon, des hommes-cochons, du sang, de la poussière, de la bière tiède, une bonne dose de heavy metal, une pincée de suspens, et surtout beaucoup, beaucoup d’humour noir…

Scénariste

Pat Perna

Fabien Bedouel

Coloriste

Fabien Bedouel

Dessinateur

Fabien Bedouel

Numéro de Tome:

1

Parution :

06.01.2021

Collection :

Hors collection

9782344043783-001-T

Valhalla Hotel - Tome 2

Eat the gun

« J’aurais dû tourner à gauche à Albuquerque ! »

On a les citations que l’on mérite. En l’occurrence celle-ci, devenue culte aux USA : le coach Malone l’a empruntée à Bugs Bunny. Nous l’avions laissée à la fin du premier épisode, perplexe au milieu d’un paysage de guerre, dans le camp retranché d’El Loco. Sa célèbre Fiat 500 criblée de balles. Au milieu des épaves fumantes et des cadavres, le Shérif, Betty son adjointe et Zawalski donnent le LA de ce nouvel épisode, encore plus rythmé, loufoque voire aussi supersonique qu’un riff de « Fast » d’Eddie Clarke (le mythique guitariste de Motorhead). La paisible Flatsone se révèle alors être une bourgade schizophrénique. Chaque personnage semble y jouer, plus ou moins volontairement, un double rôle. Bien malin celui qui pourrait deviner, à ce stade, qui est le « gentil » et qui est le « méchant »… Si tant est que cela soit possible d’ailleurs. Lemmy a disparu, la mystérieuse Frau Winkler, gérante du Valhalla Hotel, y est-elle pour quelque chose ? Melinda la fougueuse Jammer (joueuse chargée de marquer les points) de l’équipe de Roller Derby locale, va-t-elle se convertir au tennis de table ? Le colonel et ses affreux rejetons portent-ils des masques de cochon ou est-ce l’inverse ? D’ailleurs, est-ce que, comme le suggère le proverbe Auvergnat, « tout est vraiment bon dans le cochon » ?Sur un rythme tendu de batterie lourde, Fabien Bedouel nous entraine dans une nouvelle aventure métallique aux relents de rock sudiste tandis que les accords binaires de la Stratocaster de Pat Perna nous plongent dans un univers surréaliste de thriller fantastique.

Scénariste

Pat Perna

Fabien Bedouel

Coloriste

Fabien Bedouel

Dessinateur

Fabien Bedouel

Numéro de Tome:

2

Parution :

09.06.2021

Collection :

Hors collection

Valhalla Hotel - Tome 03: Overkill

Un final atomique pour une saga intersidérale.

Flatstone, Nouveau-Mexique, son église évangéliste, son cratère, sa charcuterie… désormais il faudra ajouter à cette liste de spécialités : les ruines fumantes de son motel germano-sudiste.Le dernier tome de cette trilogie s’apparente à un monumental et sanguinolent cataclysme musico-pyrotechnique digne d’un concert de Metal dans un champ de betteraves. Tandis que nos héros se remettent péniblement de leur rencontre avec l’homme-cochon, Frau Winkler et ses sbires se calfeutrent dans leur bunker. Le Valhalla Hotel devient alors l’improbable point de rendez-vous de tous les dégénérés de la région. Des agents du FBI en mal d’action, des éleveurs de porcs nazis en quête de gloire éternelle, une famille de rednecks qui n’aurait jamais dû chercher des poux dans la tête d’El Loco… tous les ingrédients sont réunis pour un final atomique. Overkill résonne comme un hurlement de liberté dans un désert de conformisme littéraire.



  • Éditeur ‏ : ‎ Comix Buro (14 septembre 2022)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 64 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2344050205
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2344050200
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 788 g

Né le 14 février 1966 en banlieue parisienne, Patrice Perna est scénariste de bande dessinées et journaliste. Après des études littéraires et un BTS de publicité, il s’oriente finalement vers le dessin en autodidacte et commence sa carrière d’illustrateur dans une agence de publicité (Twin Cam). C’est là qu’il fait la rencontre de Christian Debarre (Bar2) et de Fane1. A ses côtés il crée Skud, une série d’anticipation publiée aux éditions Vents d’Ouest. En parallèle il découvre le monde du journalisme et quitte celui du dessin pour s’y consacrer exclusivement. Il devient alors reporter au magazine Auto Verte (Éditions Larivière) pour lequel il couvre notamment la rubrique sport aventure. Sans jamais vraiment abandonner sa passion pour la BD, il réalise de nombreux reportages sur le Paris-Dakar, se liant d’amitiés avec Jean-Pierre Fontenay (vainqueur du Dakar en 1998) avec qui il coécrit la série Calagan dessinée par Fane. Devenu Rédacteur en chef de Tout terrain Magazine (Motorpresse France) il crée avec Henri Jenfèvre la série Tuning Maniacs. Il quitte le journalisme pour se consacrer uniquement à la bande dessinée en 2010 suite au succès du Joe Bar Team tome 7 pour lequel il a réalisé le scénario. Depuis il multiplie les collaborations avec différents auteurs dont son acolyte Fabien Bedouel avec qui il se lance dans la bande dessinée réaliste, abordant des thèmes plus historiques qu’il intègre dans des fictions (Kersten médecin d’Himmler, Forçats, Darnand le bourreau Français). En 2018, il renoue avec sa passion du journalisme en réalisant un reportage au Sénégal pour la revue XXI sur le massacre de tirailleurs sénégalais en 1944 à Thiaroye. Son article donnera naissance à un album publié aux Arènes et dessiné par Nicolas Otero : Morts par la France. En 2019, Patrice Perna prépare Valhalla Hotel avec Fabien Bedouel et La Part de l’ombre avec Francisco Ruizge. Réside en Île-de-France.

Fabien Bedouel sort diplômé des Arts Décoratifs en animation puis travaille essentiellement pour la publicité et la télévision en tant que story-boarder, touche à l’illustration et réalise quelques films d’animation institutionnels. En 2003, ce jeune auteur réalise un court métrage animé intitulé 1916 selectionné et récompensé à travers le monde (festival d’Annecy, d’Hiroshima, de Téhéran, de Valence, de Tokyo…). Il est également animateur sur, entre autres, Clichés de soirée de Merwan. La collaboration s’avère efficace et se poursuit avec L’Or et le sang, dont le quatrième et dernier tome sort en octobre 2014. En 2010, avec Laurent-Frédéric Bollée au scénario, il réalise les deux tomes de Un Long Destin de sang. En 2012, il met en scène avec brio sa série en collaboration avec Matz : OPK. En 2015, il débute avec Pat Perna une et riche fructueuse collaboration : ensemble ils publient Kersten, médecin d’Himmler, Forçats et Darnand, le bourreau français. Réside à Paris.

Valhalla Hotel - Coffret T01 à 03

Une saga atomique en coffret !

Tandis qu’ils se rendent à la finale régionale du championnat de tennis de table d’Albuquerque, Lemmy et son inénarrable mentor, le coach Malone, tombent en panne avec leur Fiat 500 sur la 380. À quelques miles de là : Flatstone, petite bourgade improbable en plein cœur du Nouveau-Mexique, et son shérif homophobe et buté, leur tendent les bras. Quelques « tracasseries administratives » plus tard, ils trouvent finalement refuge dans le seul motel du coin, le Valhalla Hotel, tenu par une femme pour le moins intrigante. Au petit matin, Lemmy a disparu. Malone part à sa recherche… Retrouvez cette saga à l’univers surréaliste en coffret avec un poster inédit. Une série déglinguée avec des personnages tous plus timbrés les uns que les autres, des scènes de baston dignes d’un Tarantino, des poursuites en bolides, des rednecks abrutis au schnaps, des hommes-cochons, du sang, de la poussière, du suspens, et beaucoup d’humour noir…

  • Éditeur ‏ : ‎ Glénat BD (15 novembre 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 192 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2344061096
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2344061091
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 505 g