Okay…
Bon, on dira pudiquement que cette mini (que je découvre avec cette dernière édition) n’est pas exactement à classer parmi les réussites majeures de l’extraordinaire Peter Milligan (auteur dont je hullule régulièrement les louanges, tout en ayant bien conscience du caractère inégal de sa production). Certes, on ne sombre pas non plus dans les abîmes de médiocrité d’un « Elektra » de la grande époque des nineties, mais fallait s’accrocher pour en arriver là (on aurait dit que Milligan n’avait tout simplement jamais entendu parler du perso avant de l’écrire). Mais tout ça n’est quand même guère reluisant…
Enter Toxin, donc, perso dont on sait instantanément ou presque qu’on en aura strictement rien à foutre, ce que sa postérité (?) a finalement bel et bien prouvé. Il est donc le « rejeton » de Carnage, lui-même rejeton de Venom, et il est même le millième de sa lignée, apprend-on (en baillant aux corneilles). Tout le monde se fout donc sur la gueule, y compris les guests Spider-Man et la Chatte Noire, mais croyez-moi vous n’en avez rien à secouer…
Et pourtant, ça n’avait pas si mal commencé : même si nul doute ne planait sur le caractère alimentaire du boulot que Milligan torche là, quelques éléments laissaient penser que le récit aurait pu être infusé d’un peu plus d’éléments personnels (voire autobiographiques ?) de la part du scénariste britannique que sur la moyenne de ses travaux les plus mainstream : le perso « principal » s’appelle Patty Mulligan (Patty Mulligan ? Peter Milligan ? vous avez pigé je pense). Mais passé le repérage de cette touche biographique, on cherchera en vain un échantillon de la personnalité de l’auteur dans cette histoire d’un classicisme sans nom, au pire sens du terme (quel climax anti-spectaculaire, par exemple).
Alors oui, Milligan étant Milligan, on retrouve un peu de sa patte inimitable dans certaines astuces très « british invasion » dans l’esprit, comme cette inversion caractéristique des valeurs morales induite par les drôles de relations familiales des symbiotes, mais le fait de rabâcher ad libitum cette thématique à tous les étages du récit en amoindrit la potentielle saveur (TOUS les persos signalent à un moment donné ou un autre qu’il est difficile d’être père ou fils ou les deux à la fois : c’est carrément relou). On retrouve également un peu de sa drôlerie so british dans les dialogues, mais bon, il a fait tellement mieux par ailleurs…
Idem pour un final pseudo-tragique qui vous en touchera une sans faire bouger l’autre (comme dirait Macron pompant sans vergogne feu Jacques Chirac), où l’on se dit d’ailleurs que Spidey aurait été bien inspiré de proposer une solution à Mulligan/Toxin, lui qui n’avait initialement pas tardé à chercher l’aide de Red Richards pour se débarrasser de son propre symbiote à l’époque.
Cerise sur le gâteau si j’ose dire, je ne suis absolument pas client des planches de Clayton Crain, qui non content de foirer ses visages dans les grandes largeurs, se vautre à l’occasion dans les pires clichetons des années 90 (sa Felicia Hardy, outrageusement sexy ; je ne crache pas sur un brin de sexitude et récuse la pruderie, mais là quand même… la Félicia de McFarlane, à côté, c’est Bécassine). Certes, difficile de faire plus « nineties » que des persos comme ceux mis en scène ici, mais tout de même : pour une série parue en 2004, on a vraiment l’impression que l’équipe créative a carrément quelques trains de retard.
Pas terrible terrible, pour dire le moins, vous l’aurez compris. Vivement l’omnibus « X-Force/X-Statix », histoire qu’on puisse à nouveau clamer avec quelques raisons valables à quel point Milligan est un auteur de premier plan, malgré ses ratés occasionnels comme ce « Venom vs Carnage » à reléguer aux oubliettes.