Ouaip, c’est clair qu’il tabasse carrément, ce quatrième épisode. Ce show est vraiment mortel, dans le bon sens du terme.
Il est désormais acquis, semble-t-il, que les auteurs n’ont pas vraiment l’intention de lambiner, vu que les différents fils narratifs tracent pas mal ici.
Hopkins est définitivement un peu toqué et clairement démiurgique dans sa posture de créateur du parc, avec une petite touche orwellienne en sus. Quant au parcours du « man in black/gunslinger » incarné par Ed Harris, il est tout simplement jouissif (et mine de rien, les enjeux se précisent nettement ici). C’est d’ailleurs en suivant le parcours de Harris que l’on a droit à une petite séquence absolument géniale
à l’occasion de laquelle un autre joueur reconnaît Harris, une sorte de philanthrope (!!!) à la tête d’une fondation dans le domaine de la santé comprend-on, mais sitôt reconnu, le bougre envoie bouler son admirateur : « this is my fucking vacation ».
De quoi complexifier très efficacement, rapidement et subtilement le portrait qui est fait de ce perso en apparence diabolique…
A la réalisation, on retrouve le canadien Vincenzo Natali, un peu tombé en disgrâce au cinoche mais très compétent en matière télévisuelle (cf. ses formidables réalisations pour « Hannibal », saisons 2 et 3). Il assure mais je ne peux m’empêcher de trouver, à l’instar du travail de Neil Marshall sur l’épisode précédent, que sa patte particulière se dilue un peu dans le « look » général du show (à quelques très gros plans près, sa marque de fabrique).
Je ne sais pas si l’idée vient de lui, mais on a aussi droit à un petit clin d’oeil de bon aloi (m’a-t-il semblé) au « Conan le Barbare » de John Milius (un homme crucifié à un arbre, avec un rapace en surplomb).
Au niveau du « fond », les jeux de correspondances vertigineux se déploient toujours : la première scène à ce titre est très parlante (Bernard reconnaît une de ses propres répliques de l’épisode précédent dans la bouche de Dolores, mais découvre que c’est une simple variante sur une réplique pré-programmée…).
Le personnage incarné par Thandie Newton semble quant à elle prendre la mesure de cette espèce de supplice digne d’une tragédie grecque ou d’un mythe antique (ce que la référence prométhéenne portée par le clin d’oeil à « Conan » amène aussi) que les automates endurent, et découvre au passage une sorte de religion propre aux automates (surtout les Indiens, en fait). Enorme !!!
Je n’en ai pas parlé pour les épisodes précédents, mais je trouve très intéressante de manière générale la façon dont les auteurs s’inspirent des problématiques éthiques et des « mécaniques » du jeu vidéo (après tout, « Westworld » ressemble à une version live de « Red Dead Redemption », pour ceux qui connaissent…) : les boucles narratives, les rencontres arrangées, tous ces trucs… mais aussi et surtout le questionnement moral adressé au joueur, comme dans les jeux de Peter Molyneux pour prendre un exemple.
Le cinéma avait jusqu’à maintenant surtout puisé dans le jeu vidéo ses mécaniques les plus basiques (la vue subjective pour certaines scènes d’action, la structure archétypale en niveaux avec les boss de fin comme sur « The Raid », etc…), mais le dispositif de « Westworld » permet d’aller regarder par là avec beaucoup plus de billes.
Il y a vraiment de quoi faire. Je suis assez scotché, à ce stade.