WISHER t.1-4 (Sébastien Latour / Giulio De Vita)

Le peuple féérique perd une guerre menée par le gouvernement britannique depuis des décennies, voire des siècles. Réfugié dans une cachette à laquelle on accède par les souterrains du métro, il cherche un sauveur. Plus précisément, un Djinn, c’est-à-dire un « souhaiteur ». Et leur attention se porte sur Nigel, un homme spécialisé dans la recherche d’objet précieux, et dont les clients sont aussi riches que peu regardants.

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J’avais lu le premier tome à sa sortie, et je n’avais pas été emballé. Je n’en avais apprécié que le dessin, aussi splendide qu’énergique. Mais l’intégrale a été l’occasion de me replonger dans ce récit, et en fait, c’est vachement mieux que dans mon souvenir.

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Sébastien Latour, le scénariste, se revendique de Neil Gaiman. Si l’on retrouve le type de personnages que l’auteur anglais affectionne, on ne renoue pas avec sa poésie. Le récit est plutôt concentré sur l’action, sur la course-poursuite et l’atmosphère paranoïaque qui en découle. C’est excellemment rythmé, les cases sont très bien cadrés, les personnages sont élégants, et on ne lésine pas sur les décors.

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En plus, il y a plein d’idées astucieuses. Un Djinn qui souffre de claustrophobie, c’est par exemple très bien vu. La perception que les gens (policiers, médias) ont des protagonistes est assez bien rendue, avec les décalages d’interprétations qui accompagnent le fait que des personnages « modernes » aient du mal à accepter l’idée de créatures féériques dans le monde d’aujourd’hui.

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Le seul gros bémol, c’est la couleur. Sur quatre tome, il y a trois coloristes. Emanuele Tenderini fait un boulot formidable sur le premier tome, rajoutant de la matière, des modelés, et créant une atmosphère à chaque scène (ce qui permet de bien distinguer les transitions et de créer de belles ambiances), mais Christian Favrelle et Federico Pietrobon se partagent les trois tomes suivants, et c’est nettement en dessous. On y perd en détail, le trait semble plus vide, plus nu, là où le travail sur le premier volume rajoutait en densité.
Si la qualité des couleurs avait été maintenue, ça aurait été formidable.

Jim