X-MEN : L'INTÉGRALE 1963-1998

On poursuit cette odyssée claremontienne en avançant dans l’ère Byrne, qui se dirige à grands pas vers les sommets que l’on sait. C’est aussi l’heure des annuals et autres numéros spéciaux qui viendront grossir le sommaire de ces intégrales…

X-Men : l’intégrale 1979 (Uncanny X-Men 117 à 128 / Uncanny X-Men Annual 3)

*Jean Grey, Hank McCoy et Charles Xavier croient à tort à la mort des X-Men. Alors que le Professeur X se remet difficilement, il raconte à sa promise Lilandra sa rencontre, bien des années plus tôt, avec le mutant télépathe Amahl Farouk, maître de la pègre du Caire. Un combat mental terrible qui convaincra Xavier de former des mutants à même de protéger le monde des pires d’entre eux. Lilandra lui propose alors de prendre la route des étoiles avec elle et Xavier accepte.
Les X-Men, bien vivants, bataillent ferme pour regagner les Etats-Unis et l’école, et sont recueillis à cette fin par un navire japonais. Mais assistant à la destruction du port d’Agarashima par le terroriste Moses Magnum, ils décident de venir en aide à leur ex-équipier Feu-du-Soleil, et se débarrassent de Magnum et de ses Mandroïdes. Le Hurleur paiera le prix fort pour cette victoire : blessé à la gorge, il perd l’usage de ses pouvoirs. Sur place, Logan, qui s’avère maîtriser la langue japonaise à la stupeur de ses co-équipiers, fait la rencontre de Mariko Yashida.

Sur le chemin du retour, ils sont interceptés au Canada par James Hudson, alias Vindicator (ex-Arme Alpha), cette fois accompagné de sa Division Alpha. Ils cherchent toujours à récupérer Serval, agent démissionnaire du gouvernement canadien. Après un combat âpre où le canadien Shaman manque de déclencher une tempête incontrôlable (jugulée par Tornade), Serval décide de se rendre. Mais c’est un faux-semblant, et il rejoint bien vite les X-Men.
De retour chez eux, les X-Men constatent que ni Xavier ni Jean Grey ne sont là pour apprendre leur miraculeuse survie. Jean a en fait voyagé en Europe, où avant de se rendre sur l’île de Muir, elle a fait la rencontre de Jason Wyngarde, un mystérieux individu qui semble pouvoir modifier son apparence : il suit en fait la jeune femme sous divers avatars. Alors que Colossus est en proie au doute suite à ses contre-performances, Cyclope et Serval roucoulent, le premier avec Colleen Wing, le second avec Mariko de passage aux USA. Tornade visite quant à elle, horrifiée, le taudis de Harlem l’ayant vu naître.

Le tueur à gages Arcade est embauché par Black Tom Cassidy et le Fléau (récemment vaincus par les X-Men) pour se débarrasser des mutants. Il les kidnappe et les enferme dans son Murderworld. Il en profite pour retourner Colossus, sous l’identité du Prolétaire, contre ses amis. Les X-Men en réchappent tout de même et mettent en fuite Arcade.
Après un périple dans la dimension d’Arkon (un adversaire des Vengeurs), de retour à l’école, ils sont contactés par Polaris qui leur apprend qu’une crise a éclaté sur l’île de Muir. Le Mutant X s’est échappé : possédant différents corps, il les consume et utilise cette énergie à exercer son pouvoir sur la réalité. Il s’agit en fait du fils de Moira et Joe McTaggert ; Proteus s’empare d’ailleurs du corps de son père (le tuant du même coup) et sème le chaos à Edimbourg. Il est finalement neutralisé par Colossus. Moira peut commencer à se reconstruire auprès de Sean Cassidy, le Hurleur, qui quitte l’équipe.
Phénix, pourtant rassurée par l’annonce de la survie des X-Men, est inquiète : durant l’affrontement avec Proteus, elle a été sujette à des « hallucinations » qui la propulsent deux siècles en arrière, où elle est une lady promise à un certain Jason Wyngarde. Est-ce l’effet des pouvoirs de Proteus ou…autre chose ?*

Si en 1979 John Byrne est à la veille de devenir une superstar adulée des fans et ce pour toute la durée des années 80, bizarrement Marvel ne lui fait pas encore tout à fait confiance. La série est mensuelle depuis l’arrivée de Byrne, mais le staff éditorial ne laisse pas le canadien réaliser les couvertures d’« Uncanny X-Men » (c’est encore Dave Cockrum, pas rancunier, qui réalise ces dernières). En attendant, largement du fait de la présence du canadien aux crayons, le titre est en train de prendre du galon et devient le comic-book à lire. Si durant l’année 79 le tandem créatif consolide surtout ses acquis (avec un pic en fin d’année tout de même en termes d’intensité), c’est à partir de l’année 1980 (et jusqu’au départ de Byrne) que les X-Men acquièrent une aura démentielle, le temps de trois sagas mémorables constituant un enchaînement anthologique d’arcs narratifs…

Revenons à 1979 : Byrne réalise une des toutes meilleurs prestations de son run avec le numéro 117, accessoirement l’un des épisodes préférés de toute la saga mutante de votre serviteur, pour ce que ça vaut. L’épisode s’ouvre sur une scène de tempête maritime nocturne de toute beauté, où le duo Byrne / Austin donne toute la mesure de son talent. Puis l’épisode est un long flash-back sur la jeunesse de Xavier, racontant sa première rencontre avec un mauvais mutant. L’épisode en question est un bijou. Byrne excelle à sortir du pur genre super-héroïque (une opportunité que Claremont offre fréquemment à ses collaborateurs, cf. le travail de Barry Windsor-Smith sur le titre, par exemple), et mitonne une impeccable ambiance de « film noir exotique » à la Orson Welles. Le combat se déroulant sur le plan astral permet à Byrne d’importer dans la franchise des ambiances issues du « Strange Tales » de Steve Ditko, renouvelant de façon originale la représentation de l’affrontement psychique. Le découpage ultra-dynamique (l’adversaire de Xavier changeant de forme à chaque case ou presque) complète l’équation.
Thématiquement, le scénario fourmille de pistes. On aurait pu penser que Claremont n’avait pas grand chose à faire du personnage du Prof X : à bien des égards, son run consiste en une succession de mises à distance (de reniements ?) à l’égard de sa personne et surtout de son rêve. Claremont n’hésite pas à continuer à représenter « l’ancien » Xavier, un aboyeur d’ordres-à-ne-pas-discuter assez antipathique. Et pourtant, avec cet épisode, le scénariste fournit un background passionnant à la fois au personnage et au titre. Il fait la lumière sur la relation entre Xavier et Moira par exemple (et désormais, les lecteurs peuvent s’amuser à faire les recoupements par eux-mêmes : la raison de l’abandon de Moira est donnée dans la saga « Proteus »), mais présente aussi (dans une sorte de coïncidence un peu incroyable typique du style de Claremont) la première rencontre entre Xavier et Tornade.
Mais aussi, et surtout, l’épisode se veut en quelque sorte la quintessence de ce qu’est le titre, en faisant un point clair sur les motivations de Xavier : protéger l’humanité des mauvais mutants. La pensée de Xavier (une sorte de refus du darwinisme empreint d’humanisme) et son héroïsme (il n’hésite pas une seconde à combattre) y sont magnifiés. Une première pierre avait été posée en ce sens à la fin de l’ancienne série (son combat contre les Z’Nox), mais jamais Xavier n’avait été aussi charismatique, lui qui agaçait tant de fans…
L’épisode est aussi une porte ouverte sur l’avenir, car Amahl Farouk n’est qu’un pantin, un hôte du véritable adversaire du Prof X : le Roi d’Ombre (Shadow King), qu’il réintroduira via le titre « New Mutants » et qui était destiné à devenir le grand antagoniste des mutants à la fin de son run, peut-être celui amené à faire advenir le futur dystopique de « Days of Future Past ». Mais ceci est une autre histoire…

A contrario, et toujours dans la subjectivité la plus totale, le diptyque constitué par les épisodes 118 et 119 me semble la part la plus faible de la collaboration entre Claremont et Byrne sur le titre. La faute, probablement, à un vilain pas vraiment transcendant (Moses Magnum, création de Gerry Conway et Ross Andru pour Spider-Man, et ses Mandroïdes…), et très peu connecté à l’univers des mutants (quand bien même, rétroactivement, on le liera à Apocalypse). La faute aussi peut-être à une intrigue plutôt éculée de chantage à la catastrophe naturelle de super-criminel un brin mégalomane. Tant qu’à faire faire le tour du mode aux X-Men, les auteurs se sont peut-être dit qu’un passage au Japon chez leur acolyte Feu-du-Soleil s’imposait. Encore que : Claremont est en fait un authentique nipponophile, s’étant en de multiples occasions rendu au Japon…
De nombreux faits intéressants à relever tout de même dans ces épisodes. C’est déjà le chant du cygne pour le Hurleur : les auteurs attendaient la première occasion pour le mettre sur la touche. Son rôle de mentor plus âgé que ses camarades est redondant non seulement avec Xavier, mais aussi avec Cyclope. Même chose pour ses pouvoirs : il est alternativement redondant avec Tornade ou Cyclope. Même graphiquement, depuis l’apparition de Phénix au costume vert et jaune, il est de trop. Il quittera la série en douceur, ménagé par Claremont qui voit probablement déjà une opportunité d’accroître le nombre de personnages secondaires à sa disposition, en le casant avec Moira McTaggert.
C’est surtout l’occasion pour Byrne et Claremont d’approfondir le background de Logan, et de le faire en épaississant le mystère autour du personnage. Il a bourlingué, cela ne fait aucun doute, mais voilà maintenant qu’il semble avoir longuement séjourné au Japon (il lit et parle le japonais). Du pain béni pour des développements ultérieurs, même si on peut penser qu’à ce stade les auteurs naviguent à vue. C’est aussi, avec l’entrée en scène de Mariko, la fin du triangle amoureux Jean-Scott-Logan, qui aura des répercussions sur le très long terme, mais qui à ce stade ne s’est pas révélée une piste porteuse…
Enfin, ces épisodes (et surtout le 119) voient les tensions entre Byrne et Claremont éclater au grand jour. Byrne est furieux que Claremont (une revanche pour le « snikt » de la fois précédente ?) ait imposé un effet sonore il est vrai un peu disgracieux sur un dessin qui ne s’y prêtait pourtant pas, selon le dessinateur : la case en question représentant l’explosion d’un volcan, le lecteur pourra se douter que tout ça fait du boucan. Manifestement rancunier, Byrne reviendra sur cet « incident » des années après son départ du titre pour des coups de pied réguliers à Claremont. Dans 'Fantastic Four" puis dans « Iron Man » (avec John Romita Jr), il inclut dans une case de destruction massive une note à l’attention du lecteur : « nous n’insulterons pas votre intelligence en insérant des onomatopées dans une case pareille » dit-il en substance. Vache.

De toutes façons, de leur propre aveu (rétrospectif), les deux auteurs ne sont d’accord sur rien au moment d’élaborer leurs intrigues en commun. S’ils peuvent apprécier les apports de leur collègue, ils ne sont en revanche pas du tout d’accord sur les éléments de caractérisation des personnages, qu’ils ne comprennent pas de la même façon. Pourtant, force est de constater que leur association produit des étincelles, dans le bon sens du terme.
Byrne et Claremont vont bientôt opter pour des arcs narratifs sensiblement plus longs, mais pour l’instant, à l’exception des sub-plots au long cours concernant Phénix notamment, il est rare que les intrigues s’étirent sur plus de deux épisodes. C’est donc un diptyque qui verra le retour de l’Arme Alpha ou plutôt Vindicator, flanqué de sa Division Alpha ; si bien des années plus tard, Byrne fera de « Alpha Flight » un titre très réussi et étrange, avec son ambiance morbide et sa logique de « non-groupe », à l’époque on en est très loin. Les personnages sont d’abord conçus en tant qu’adversaires cohérents des X-Men: Sasquatch est un adversaire logique pour Colossus, idem pour Diablo avec Aurora et Véga (super-vitesse contre téléportation), etc… James Hudson n’est pas encore Guardian, et Shaman est un empoté à des lieues du Docteur Strange amérindien que Byrne mettra en scène plus tard ; en fait, l’équipe est si dysfonctionnelle qu’elle finit par révéler les X-Men comme un authentique collectif bien huilé, une tendance mise en branle depuis l’affrontement avec Magneto. Rétrospectivement, ces épisodes aussi se révèlent un peu plus faibles que leurs contemporains, malgré le charisme des créations de Byrne : les enjeux ne paraissent peut-être pas suffisamment élevés pour tenir en haleine, avec le recul.

Le numéro 122 est très intéressant : il est en quelque sorte le prototype d’un nouveau type de narration que Claremont développera largement par la suite, le titre revêtant à compter de cet épisode les atours d’un authentique soap-opéra. En effet, le numéro 122 n’appartient à proprement parler à aucun arc en cours et n’a pas vraiment de péripétie principale. Il se contente de faire avancer plusieurs fils narratifs simultanément. La série a désormais un background assez riche pour se permettre ce type d’épisodes de transition.
Dès le début de l’épisode, un sort est ainsi fait à une ligne narrative un brin balourde concernant Colossus, dont les auteurs ne semblent pas savoir exactement quoi faire à ce stade (ils ne sont en fait probablement pas d’accord). Colossus était présenté depuis quelques épisodes comme en proie au doute quant à ses capacités et son engagement, une tentative d’enrichir le personnage un peu vaine, après un début de béguin pour Tornade au début du titre et une brève love-story en Terre Sauvage où le personnage est littéralement « déniaisé »… Mais ils ne tarderont pas à trouver quelque chose pour ce personnage.
Wyngarde continue à rôder autour de Jean Grey : au sujet de ce personnage, Byrne se montre joueur. C’est son idée que d’amener ce personnage mystérieux dans le titre ; il livre ici pour une de ses premières apparitions la clé du mystère autour de son identité, à l’attention des lecteurs les plus perspicaces (son ombre sur un mur…). L’intrigue autour du Mutant X progresse, alors que Logan retombe sur Mariko après leur rencontre au Japon. Tornade revisite ses origines à Harlem, autre point de désaccord entre les deux auteurs (Byrne n’aimait pas cette ascendance américaine d’Ororo). L’épisode se termine sur l’entrée en scène du vilain du prochain arc : Arcade.

Arcade est assez unanimement considéré comme l’adversaire le plus ringard des X-Men : c’est un peu raide. Certes, ce vague décalque du Joker de DC Comics est une création mineure, clairement ; de plus, l’emploi que Claremont en fait ici est un peu bancal : Arcade fonctionne bien dans un cadre délirant (comme ce sera le cas sur les premiers épisodes d’Excalibur), mais si « Uncanny X-Men » se dote à l’occasion de pointes humoristiques, l’ambiance tendue et baignée de tragique du titre se prête mal à ce type de délire. Reste le potentiel du Murderworld, le parc d’attractions fatal du vilain : au-delà des entraînements en Salle des Dangers, Claremont et ses dessinateurs adorent confronter les X-Men à des pièges mortels individualisés. Claremont reviendra avec Cockrum sur Arcade en l’opposant au Docteur Fatalis (croit-on…), les deux criminels rivalisant alors d’ingéniosité en matière de pièges divers et variés.
Arcade est surtout la première greffe réussie entre les univers de Marvel UK et des X-Men, et ce mariage fut fécond. C’est en effet dans les pages d’un magazine britannique (en noir et blanc) qu’apparaît Arcade, confronté à Captain Britain et Spider-Man, sous la plume de Claremont. L’épisode en question fournira la matière première d’un Marvel Team-Up. Lier le destin des X-Men et de Captain Britain via Arcade s’avèrera une idée judicieuse sur le long terme, par l’entremise des apports colossaux à Marvel UK et à Captain Britain d’un jeune auteur amateur des « Uncanny X-Men » de Claremont, un certain Alan Moore.
Je conserve une certaine tendresse pour ce vilain atypique, et honnêtement, même le pitoyable Warhawk, sans chercher très loin, est un adversaire bien moins flamboyant qu’Arcade. Quant au titre d’adversaire le plus nul de tous les temps des X-Men, j’opte pour ma part pour the Locust, ennemi des premiers X-Men le temps d’un épisode. Jugez plutôt…

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Non, décidément, Arcade est loin d’être le pire.
Au rayon des mauvaises idées, Claremont et Byrne auraient par contre pu s’abstenir de donner naissance au Prolétaire, avatar du russe Colossus méchamment caricatural. Certes, on peut considérer que c’est l’expression du sens de l’humour tordu d’Arcade, mais le personnage n’est de toute manière pas épargné par un traitement un tantinet limité par moments (« par le fantôme de Lénine », s’exclame-t-il à tout bout de champ…).

Le numéro 125 est construit sur le modèle du numéro 122 : s’il introduit le triptyque qui verra les X-Men affronter Proteus, il permet surtout de faire avancer différents pans des intrigues en cours : Moira commence à partager les inquiétudes de Jean Grey quant à son potentiel, Wyngarde précise son modus operandi, Xavier découvre qu’il n’a rien à faire dans l’espace et qu’il ferait mieux de se préoccuper de Phénix à son tour, Serval et Cyclope manque s’écharper à nouveau. Une page en particulier doit attirer l’attention du lecteur, celle consacrée à Magneto. Ce n’est certes pas la première fois que l’on s’attarde sur le « quotidien » d’un super-vilain (Lee et Kirby ont déjà fait ça avec Fatalis), mais il est déjà moins courant de le voir se lamenter sur son amour perdu. C’est en fait la première véritable brique posée par Claremont sur la route de la révolution qu’il fera subir au personnage.
L’épisode s’achève dans une ambiance de film d’épouvante : si Claremont n’est pas étranger à l’exercice (cf. sa création Kierrok, aux premiers jours du titre), il atteindra rarement ce niveau d’efficacité en la matière.

S’il fallait retenir un grand moment dans le run Claremont / Byrne, en dehors des trois sagas majeures conclusives, ce serait sans hésiter cette « Proteus Saga » : les X-Men y pataugent dans une ambiance digne d’un film de John Carpenter ou d’un « Body Snatchers » qui aurait été mis en scène par Lucio Fulci. Claremont et Byrne infusent cette tension directement au coeur du récit, les personnages (même et surtout Serval) étant secoués comme jamais par cette confrontation. Ils profitent de l’occasion pour asseoir l’autorité de Cyclope, qui gagne jusqu’au respect de Serval dans l’affaire, dans une sorte de « caractérisation dans l’action » très efficace, faisant de lui le Captain America des mutants, en quelque sorte.
C’est aussi la première fois (mais pas la dernière : le Phénix Noir, Madelyn Pryor, l’Adversaire, etc…) que les X-Men sont confrontés à un adversaire surpuissant : Proteus appartient en effet à cette lignée de personnages démiurges manipulateurs de réalité, après Crâne Rouge et Thanos avec leur Cube Cosmique, Korvac et avant Fatalis durant les Guerres Secrètes, ou Mad Jim Jaspers dans le « Captain Britain » d’Alan Moore. Byrne en profite pour se ressourcer chez Ditko pour exprimer cette mise à sac du réel lui-même.
La résolution de l’arc change un peu le statu quo de Colossus qui gagne ici une autre stature (ne lui manque plus qu’une histoire d’amour…), et se teinte d’une aura de « héros maudit » qui lui collera longtemps à la peau. C’est la fin de l’innocence pour lui, mais aussi pour les X-Men, dont le credo encore rappelé par Cyclope au cours de la saga (« on ne tue pas ») est sévèrement mis à mal. Certes Serval n’avait pas attendu, lui…
Les auteurs développent également une drôle d’idée, un peu « déviante » : Proteus résout au cours de la saga de la plus étrange des manières son complexe d’Oedipe irrésolu, en tuant littéralement le père et en cherchant, en occupant son enveloppe corporelle, à « posséder » sa mère. Etonnant, mais Claremont ne fait que commencer à creuser ce type de sous-texte…

Le volume se conclue sur « Uncanny X-Men Annual 3 » (les deux premiers contenaient des rééditions), une aventure mineure mais somme toute sympathique illustrée par Georges Perez, autre surdoué du dessin sur le point d’exploser. Les X-Men y croisent Arkon, anti-héros créé par Roy Thomas pour les besoins de ses « Avengers » au début des années 70.

Prochain épisode : Nous y sommes !! La fameuse saga du Phénix Noir, apogée du titre, c’est pour la prochaine fois…

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