YOU'RE NEXT (Adam Wingard)

Une des très bonnes surprises de Gerardmer avec The Bay et The Pact. Ça commence comme un classique de la maison assiégée mais les attaquants vont tomber sur un grain de sable… Y a un twist assez prévisible en fin de film mais ça reste assez jouissif en fait. Autant quand dans THE BAY, j’entends des spectateurs rire dans la salle quand ils voient un perso se suicider, ça me fait froid dans le dos. Autant ici, quand l’héroïne passe à l’action, ça devient un spectacle, comme dans une arène. Assez incroyable de voir une salle applaudir et se marrer en comptant les points. Jouissif même. Je pensais que le film allait remporter un prix mais non, MAMA est passé par là. Je me suis régalé et je prendrai un grand plaisir à le revoir au ciné.

J’irai le voir.
Le festival est bien ? Je me pose la question chaque année.

Les festivaliers sont juste méprisés par l’organisation. Je prépare un chti article sur mon blog pour évoquer ce qui sera certainement mon unique expérience de Gerardmer.

Ah ben comme ça, je suis prévenu. :slight_smile:

Après avoir traîné 2 ans sur les étagères de Lionsgate (pour des raisons de calendrier surchargé, pas de qualité du métrage) après une pourtant triomphale, paraît-il, présentation au Midnight Madness de Toronto; « You’re Next » a eu les honneurs d’une sortie en salles et de quelques festivals prestigieux au préalable, se trimballant une réputation de petite bombe. On sait que c’est dangereux, ce type d’échos élogieux : on n’est pas à l’abri de sévères déceptions, pas forcément justifiées…

« You’re Next » n’est à mon humble avis ni une réelle déception, ni la révolution ou l’instant classic annoncés non plus, mais plus lucidement un bon film d’horreur, ce qui est déjà pas mal par les temps qui courrent.
Le film est à la très exacte intersection de deux sous-genres particuliers, le home-invasion (de « Orange Mécanique » au récent et très faible « American Nightmare » en passant par les « Funny Games » de Haneke, par exemple), et le slasher, ce genre en particulier flirtant lui-même à l’occasion avec le home-invasion justement (le matriciel et fabuleux « Black Christmas » en est un bon exemple).
Une famille bourgeoise se réunit dans la proverbiale maison perdue au fond des bois pour fêter l’anniversaire de mariage des parents, en compagnie de leurs 4 enfants et des compagnons respectifs de ceux-ci. Ils ont assiégés par un trio de tueurs aux visages dissimulés derrière des masques d’animaux, qui se mettent à les massacrer les uns après les autres. Mais ils tombent sur un os…

Adam Wingard et Simon Barrett (respectivement derrière la caméra et au scénario) constituent un duo à la Aja / Levasseur, il semble bien. Mais il leur reste du chemin à faire avant de révolutionner le genre, si c’est bien là leur ambition.
Et notamment Wingard, s’il n’est pas un manchot (loin de là, il est même efficace), devra pour ça laisser de côté quelques tics agaçants, comme cette shaky cam outrée (le film serait tellement mieux sans cet artifice…) où sont fixés des objectifs à longue focale comme on en voit désormais partout (docu style, man), tout cela nuisant fortement à la lisbilité du métrage. On n’est pas chez Carpenter, vous l’aurez compris, roi de la topographie des espaces clos, et on parfois du mal à se repérer au sein de cette maison, pourtant lieu quasi unique de l’action.
Pour le reste, le rythme du métrage est plutôt maîtrisé, et je n’ai pas ressenti l’effet de redondance déploré par certains contempteurs du film (pas si nombreux).

DU côté du scénar’, Barrett fait son Kevin Williamson et s’amuse à déconstruire les codes : on joue ici sur ce qui est attendu du côté de la « final girl » à la Jamie Lee Curtis, la fameuse dernière survivante des slashers. Et c’est plutôt réussi ma foi, mais faut pas non plus hurler au génie. C’est plaisant, pas révolutionnaire (ou alors le genre est encore plus mal en point que je ne le pensais).
C’est finalement l’étonnante touche « humour noir » qui surprend agréablement, certains l’ayant d’ailleurs confondu avec du cynisme (je suis pas vraiment d’accord ; Wingard et Barret ne rient pas vraiment de leurs personnages, mais plutôt des situations, il me semble) : ça ne m’étonne pas que le film marche du tonnerre dans une salle chauffée à blanc, le côté « roller-coaster » du film et sa dimension ludique (les pièges, etc…) jouant pour lui dans ce contexte, assurément.

Pas une revolution donc, mais une bonne pelloche, certes imparfaite, qui tente de faire subir au home-invasion le traitement-choc opéré par le slasher sur « Scream », sans vraiment y parvenir (eh oui, je suis très fan des « Scream »…). Mais le duo Wingard / Barrett pourrait bien faire des étincelles à l’avenir, faut voir.

C’est marrant, parce que perso, je ne suis pas un grand fan de la série des Scream (même si j’ai beaucoup aimé le premier à l’époque), dont la qualité décline à chaque numéro tout autant qu’augmente son cynisme envers le genre (et je me doute que tu ne seras pas d’accord avec ça Photo, mais c’est que j’ai ressenti à la vision du mauvais Scream 3 et du nullissime Scream 4).
You’re next respecte le genre (on sent que les compères Wyngard & Barrett ont biberonné au film d’horreur des années 80…jusque dans une illustration musicale inspirée) tout en retournant ses codes. Donc oui, on est dans une dynamique à la Scream, mais j’ai trouvé ça très bien géré ici, avec une dernière heure tendue (après un premier acte un chouïa longuet qui sert de nécessaire exposition), rythmée et qui va crescendo dans le jouissif jeu de massacre. La touche d’humour noir est savoureuse, tout en ne désamorçant jamais l’horreur des situations.
Donc malgré quelques légères réserves, un chouette film qui monte en puissance avec une redoutable efficacité…

Tu as vu juste. :wink:
Je suis d’accord sur « Scream 3 », que j’ai trouvé très nul, mais pas du tout sur le 4, que j’ai beaucoup aimé, à la hauteur des deux premiers. Je n’ai pas trouvé que ce quatrième volet se foutait du genre, plutôt de certaines de ses déclinaisons récentes, cinématographiquement ineptes, nuance. Je me goure peut-être, ceci dit…

Pour « You’re Next », en lisant ton billet, je me disais que le film me laisse finalement un plutôt bon souvenir, je le reverrais bien à l’occasion (même si à mon sens, un « It Follows » l’atomise en termes de mise en scène). Et je me demande si Wingard va « confirmer » avec son « The Guest », à la réputation également plutôt flatteuse.
En espérant quand même qu’il opte pour une mise en scène un peu moins soumise aux canons actuels…

Ah ça, ta critique m’a sacrément donné envie. J’ai hâte de voir ça…

Tu vas pas être déçu du voyage, comme tous les « Carpenteriens », je pense…