A cure for life, A cure for wellness originalement, est un petit film intriguant mais trop bavard, qui aurait pu être un grand film dérangeant si le réalisateur (ou le studio ? j’y reviendrai) avait eu l’intelligence de couper le dernier quart d’heure.
De Gore Verbinski, je connais les Pirates des Caraïbes, avec un premier merveilleux exemple de l’aventure grand-public ultra-maîtrisée, et deux suites gênantes dans la bêtise et l’explosion des moments qui tombent à plat ; il y a également le blockbuster catastrophique Lone Ranger, qui a beaucoup de qualités mais souffre de ne pas déjà faire partie d’une franchise ; et Rings, joli remake bien adapté à l’Amérique.
Intrigué et intéressé par l’étonnante et mystérieuse bande-annonce, je me suis plongé dans A cure for life avec l’envie de découvrir un film « de peur », voir d’horreur, et de jolies images ; et, bon dieu, c’est quand même grandement le cas.
Verbinski maîtrise totalement la majorité de son film, offrant de très belles images, avec un grain très étudié, des jeux de lumière qui installent des ambiances idéales. Avec un rythme lent, un scénario qui avance tout doucement, Verbinski parvient à constituer une atmosphère angoissante, très proche de la réalité, avec des personnages remplis de défauts, tant physiques (Mia Goth met mal à l’aise, clairement, par sa présence et son jeu) que psychologiques (si le choix de Dane DeHaan est dicté par le besoin de montrer un type au physique désespérément normal, sans abdo et sans charme, son personnage est clairement un p’tit con, qui énerve et crispe et n’attire pas une franche sympathie).
Mais, surtout, le réalisateur fait de l’écrin de son film, la terrible propriété sur la colline, un personnage lui-même. Par des petits jeux « classiques » de réalisation (le labyrinthe souterrain, la plongée dans la cuve, les découvertes nocturnes…), il fait monter la pression et rend l’avancée angoissante, voire étouffante ; mieux, même les passages de jour deviennent dérangeantes, et la visite au village rajoute une nouvelle couche, confirmant que nul n’est à l’abri, nulle part.
Bien évidemment, l’intrigue du film est très classique, les ficelles se voient de loin ; mais Verbinski avance lentement, poser les bases avec intelligence, ne prenant ni le spectateur, ni ses personnages pour des crétins. Si les atouts du film sont essentiellement graphiques, et dans l’atmosphère, l’intrigue n’est pas à jeter, et correspond aux standards classiques.
Par contre… par contre, le joli château de cartes du film s’écroule sur le dernier quart d’heure, un grand bordel guignolesque, trop bavard, trop explicatif, trop évident, avec une fin téléphonée et qui tranche tellement avec le reste que j’en viens à me demander si cela n’a pas été imposé par le studio ; si je n’ai pas forcément l’habitude de m’interroger sur l’intervention du producteur sur le film, l’exemple récent de Fantastic Four m’a montré que l’incohérence d’un film peut aussi venir d’un interventionnisme forcené.
Et dans A cure for life, quand un passage d’une noirceur magnifique pourrait faire office de plan final parfait, avec une superbe vision sur les montagnes et les informations indispensables déjà données précédemment, par des à-coups que ceux qui savent faire 2+2 auront entièrement compris… et bien, quand on passe de ce moment sombre superbe et désespéré, à du grand-guignol ultra-bavard, inutile voir même crétin, il y a une telle différence entre les 3/4 du film et ce final que le doute demeure. Et rend la vision du film frustrante, car j’aurais aimé que cela s’arrête avant, à ce plan magnifique et terrible.
En définitive, A cure for life demeure un bel objet graphique, qui hélas explose sur la fin.
Dommage.
Les bons jours, je me dis que Verbinski n’a pas pu finir le film comme prévu, et que le studio a exigé un final explicatif et « happy-end » pour le public. Les mauvais jours, je me dis juste que Verbinski ne sait pas tenir un bon filon quand il en a un, et qu’il s’explose lui-même par excès de grand-guignol (coucou, les Pirates 2 & 3)…