ROOM 237 (Rodney Ascher)

[quote]DATE DE SORTIE PREVUE

29 mars 2013 (USA)
19 juin 2013 (France)

REALISATEUR

Rodney Ascher

INFOS

Long métrage américain
Genre : Documentaire
Année de production : 2012

SYNOPSIS

En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d’horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une œuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d’autres estiment qu’il est le résultat du travail bâclé d’un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d’avoir décrypté les messages secrets de Shining.[/quote]

Le teaser :

J’en ai lu beaucoup de mal.
Et je peux comprendre même sur le papier : des mecs qui délirent sur le moindre indice dans un coin de cadre, très peu pour moi.
Et pourtant Dieu sait que j’aime le film de Kubrick…

[size=150]INTERVIEW DU REALISATEUR RODNEY ASCHER ET DU PRODUCTEUR TIM KIRK[/size]

[quote=« Photonik »]J’en ai lu beaucoup de mal.
Et je peux comprendre même sur le papier : des mecs qui délirent sur le moindre indice dans un coin de cadre, très peu pour moi.
Et pourtant Dieu sait que j’aime le film de Kubrick…[/quote]

J’ai bien aimé, mais par contre, parce que j’aime bien entendre des conspirationnistes délirer sur des liens invisibles qu’eux celles peuvent voir, on peut se demander après la vision de ce documentaire, si ce n’est pas en fait un mockumentary, tant 3/4 de de ce qu’on voit dans le film est trop énorme pour être crédible, seulement voila, 1/4 du documentaire avance aussi des points de vue intéressants, ce qu laisse supposer que tout le reste n’est qu’un étalage d’allumés.
C’est a voir surtout d’un point de vue comique.

Il est aussi dommage que le documentaire ne questionne pas plus avant ces théories, et ceux qui les avancent ( Pourquoi Kubrick aurait-il utilisé Shining pour dire de manière compliquée des choses relativement simples ? Pourquoi uniquement ce film-là dans toute sa filmographie? Que pensent les fans un peu trop enthousiastes des autres théories ? etc.).
Le film est un peu répétitif, mais reste distrayant. Je m’attendais néanmoins à ce qu’on monte en généralités à un moment.

Ça m’a assez vite soulé, entre les théories complètement fumeuses de certains et les longueurs (si par exemple l’idée d’illustrer certains propos de fans par des images des autres films de Kubrick est intéressante, elle devient vite redondante), il aurait fallu ou que le film soit plus court ou qu’il prenne une autre direction à un moment donné.

Hmmmm…je vais mater ce truc, tout compte fait. Vos avis mitigés, paradoxalement, m’ont plutôt donné envie.

Je l’ai vu finalement, et je dois dire que je ne le regrette pas. Il y a matière à gloser.

Déjà, je dois dire que le complotisme / conspirationnisme a plutôt tendance à me faire marrer, et j’ai vraiment du mal à prendre au sérieux les délires les plus « avancés » (le coup du faux alunissage ? Allons…). De ce point de vue-là, le docu est drôle, vraiment, à sa manière très particulière (son humour fonctionnant à différents niveaux, il résulte aussi des associations d’images avec les voix, même si c’est vrai que le procédé finit par tourner en rond).
Un autre groupe de témoignages me semblent intéressants pour les spectateurs les moins perspicaces, ce sont ceux qui enfoncent des portes ouvertes : le coup du génocide indien, tout le monde l’aura repéré dès qu’il est fait mention du cimetière, ça a été largement relevé à droite à gauche. Le mec qui s’extasie sur les fondus enchaînés / surimpressions faisant apparaître des géants dans des décors miniatures, en quelque sorte, semble ignorer que ce type d’effets était déjà l’apanage des cinéastes des années 20 (c’est quand même le propre du cinéma de mettre en rapport des objets aux dimensions « normalement » incommensurables).
Quant aux étonnants et parfois mêmes bluffants points de concordance quand on superpose les photogrammes du film passé simultanément « à l’envers à l’endroit » (les lèvres des persos qui cadrent pile dans l’écran télé, ce genre de trucs), c’est oublier un peu vite que tout bon réalisateur (donc Kubrick) connaît les « points de force » attirant l’oeil dans un cadre, déterminés par la règle des trois tiers par exemple. Ce qui signifie qu’il est tout à fait logique que des détails signifiants de deux plans n’ayant en fait aucun rapport entre eux occupent le même espace à l’écran…

Et puis il y a les trucs qui font vraiment gamberger. Et les trucs épatants dont on aimerait tant que Kubrick l’ai fait exprès (et c’est sûrement le cas 99 % du temps, mais j’y reviens) : l’exemple parfait, c’est la fameuse fenêtre impossible dans le bureau du gérant de l’hôtel…

Le film est également passionnant (notamment dans ses divagations les plus extravagantes) comme illustration du « biais de confirmation » appliqué à la critique de films : on est tellement convaincu de sa propre thèse qu’on ne voit plus que les indices qui la confortent. Mais comme on le sait, mêmes les paranoïaques ont parfois raison. Et Kubrick avec sa réputation de « control freak » démiurgique a tendance par son aura à encourager ce type de délires.
Alors qui croire ? L’interrogation reste en suspens à la fin, mais l’aura du film (« Shining » je veux dire) s’en trouve à mon sens renforcé. Ce qui est déjà à mettre au crédit d’Ascher.

Enfin, j’ai apprécié la forme du film ) proprement parler : je suis plutôt partisan d’une certaine neutralité dans le docu, pas de voix off de l’auteur, et une large place à la parole libérée, pas trop de cuts dans le montage son. Ici, la paroles est tellement libérée, que de manière intéressante, ce sont les voix qui commandent aux images. C’est assez raccord avec un des préceptes de base du cinéma de Kubrick : méfiez-vous des images.
Un précepte que certains des intervenants les plus allumés feraient bien de se remémorer !!

J’ai de suite pensé a cette vidéo devant le film qui explique bien ce que tu soulignes :

vimeo.com/48425421

Très intéressant ce que tu postes là.
On voit bien en effet que plus que des correspondances vraiment signifiantes, c’est plutôt la « patte » d’auteur même de Kubrick au niveau de la composition des cadres qui s’exprime ici, tout simplement.
Ce genre de compositions, souvent symétriques, et associées à des travellings avant ou arrière, vient pour moi de Resnais, dont j’ignore si Kubrick était un admirateur…mais on peut facilement faire un parallèle entre « Shining » et « L’année dernière à Marienbad », comme ça a été souligné ici ou là.

Vu hier soir. Au final, même si j’ai passé un bon moment, je ne sais pas trop quoi penser de ce documentaire dans sa globalité. J’en ai apprécié la forme, qui change agréablement des « talkings heads » en vigueur dans ce format. L’utilisation de nombreux extraits de films permet une illustration visuelle variée et les passages de Shining étayent bien les propos des différents protagonistes. Ces théories pour la plupart absurdes font le sel du film, mais elles m’ont surtout donné l’impression qu’on touche là aux limites des interprétations qu’on peut donner à l’oeuvre d’un cinéaste. C’est tellement incongru par moment (l’exemple d’Apollo 11 ou encore l’omniprésence du chiffre 42 et son contexte historique) que le film touche des sommets de comédie, involontaire ou pas. D’ailleurs, beaucoup d’interventions se terminent par ce qu’on pourrait interpréter comme des rires gênés de la part des personnes interviewées…comme si elles se disaient « oui, je sais, c’est un peu gros tout ça ».
Les théories concernant la géographie des lieux qui se superpose à la psyché des personnages me semblent plus intéressantes (c’était déjà pour moi la fonction du labyrinthe, l’une des rares libertés prises par rapport au livre que j’ai vraiment trouvé judicieuse), mais à part ça Room 237, même s’il est pas mal du tout dans sa forme, me conforte dans ma méfiance dans la « surinterprétation » que peut susciter un film…déjà que j’ai toujours eu (et que j’aurais toujours) quelques réserves envers celui dont on parle ici (mais on est quand même dans un cas où une mauvaise adaptation peut devenir fascinante au fur et à mesure des visionnages).

Tu n’aimes pas « Shining » (le film, je veux dire) ?
Marrant, je crois que c’est Richard Matheson qui faisait les même réserves, et pour les mêmes raisons, je crois, d’infidélité au matériau de base. Il reprochait aussi et surtout à Kubrick (mais c’est lié à la fidélité) d’avoir éviter de faire un « vrai » film d’horreur…

Pour être honnête, la première fois, j’ai détesté. J’ai toujours dit que les libertés prises par les adaptations cinématographiques ne me gênaient pas tant que l’esprit, le ton d’un roman ou d’une BD étaient préservés. Là, à part le labyrinthe qui remplace assez judicieusement les buis taillés en formes d’animaux, les parti-pris m’ont constamment gênés. Par exemple, La famille du film et l’importance de chacun dans l’histoire n’ont absolument plus rien à voir avec le bouquin. Le Jack Torrance de Nicholson n’a rien à voir avec celui du roman, il est d’ailleurs cintré dès le début alors que sa folie est plus progressive dans le livre. Danny et sa mère sont également très différents. Dans le King, le personnage principal est Danny, ce qui pour moi n’est pas le cas dans le film avec un Kubrick qui s’intéresse beaucoup plus à la folie de l’écrivain (d’ailleurs, le dernier plan est une nouvelle fois centré sur Nicholson). En plus, le tout est très froid et j’ai eu du mal à croire en l’alchimie du couple. Je n’ai absolument pas reconnu les personnages. Bref, plein de petites choses m’ont vraiment déplu et c’est pour ça que je parle de Shining comme d’une mauvaise adaptation, car elle trahit beaucoup trop le matériel de base.

Mais comme je l’ai dit, j’y suis tout de même revenu régulièrement et je l’ai même en DVD, ce qui peut paraître paradoxal. Parce que j’ai tout de même trouvé certains moments de pure terreur vraiment intenses (les apparitions des petites filles, la chambre 217…euh, 237 :wink: , le final dans le labyrinthe) et le travail de Kubrick sur l’utilisation de cet immense décor est vraiment fascinant…il y a encore et toujours des choses qui me gênent mais j’ai appris à en apprécier d’autres avec le temps.

Je comprends ce point de vue.
N’ayant jamais lu le roman de King, je n’ai évidemment pas ce souci, et apprécie le film en tant qu’entité « autonome ».

À ce sujet, l’une des « théories » présentées dans le docu m’a bien fait sourire. Dans l’une des scènes vers la fin du film, on voit une Volkswagen rouge écrasée par un camion. C’est la couleur de la bagnole utilisé par la famille Torrance dans le livre alors que celle du film est jaune. Un message de Kubrick envers King (qui n’a jamais caché ce qu’il pensait du film), genre « c’est ma version, j’écrase la tienne »…d’après l’intervenant bien sûr… :wink:

Ouais, ça c’est vraiment le genre de truc tiré par les cheveux au possible qui me semblent vraiment à côté de la plaque, dans ce docu…
Sans parler de l’alunissage, bien sûr, Oscar de la théorie la plus fumeuse.

Eh ouais, certains voient une théorie du complot, et moi je vois juste un pull moche comme on pouvait en porter gamin dans les années 70/80… :mrgreen: