Supergirl par Angel Bazal
Dans sa reprise de Superman en 1986-1987, John Byrne met en avant quelques personnages secondaires, dont Maggie Sawyer, à la tête de la SCU, et son subordonné Dan Turpin, personnage issu des New Gods de Kirby.
Mais bizarrement, l’auteur se trompe à plusieurs reprises sur le prénom de son policier bourru. Par exemple, dans Superman #17, daté de mai 1988, Maggie Sawyer l’appelle « Ben ».
La même Maggie, décidément tête en l’air, l’appelle à nouveau « Ben » deux fois sur la même planche, dans la back-up d’Action Comics #600, daté du même mois.
(Incidemment, une belle scène : Maggie et Turpin ne parlent pas de la même chose, la première évoquant sa sexualité (c’est clairement suggéré quelques pages plus tôt) et le second pensant surtout au divorce et au déménagement. Les non-dits les entraînent dans des impasses tout en les rapprochant. Le Byrne de l’époque avait un talent évident pour ces micro-scènes intimes…)
Alors ? Est-ce une faute de frappe à répétition ? Est-ce un indice de caractérisation lié à la personnalité de Maggie (qui l’appelle bien « Dan » dans la back-up de Superman Annual #2, au moment où les deux personnages se confient davantage à la faveur d’une blessure reçue par Turpin) ? Est-ce simplement une coquille qui a échappé à la relecture (plusieurs fois) ?
Il y a peut-être une autre explication. Turpin est un personnage kirbyen typique, fort en gueule mais au grand cœur, venu d’un quartier pauvre (en l’occurrence Brooklyn) et fumeur de cigare. Il correspond à d’autres protagonistes kirbyens, mais également au King himself. Byrne aurait donc fait une confusion inconsciente dans son hommage à Kirby ?
La bourde ne restera pas isolée. Comme me le rappelle fort justement Jérôme Wicky, Karl Kesel a commis la même erreur au détour d’une case de Final Night.
Kesel est lui aussi grand fan des créations kirbyennes (au premier rang desquelles Fantastic Four, mais aussi Challengers of the Unknown, auxquels il a rendu hommage à l’occasion de l’événement Amalgam). A-t-il donc, lui aussi, emporté par son admiration, fusionné la création et le créateur dans son esprit ? Ou gère-t-il la caractérisation « distraite » (mais peu crédible) de Maggie comme le faisait Byrne ? Ou bien fait-il référence à un subplot quelconque, laissant entendre que Maggie connaîtrait le deuxième prénom du policier, qui serait « Benjamin », détail qui n’est pas présent dans les divers sites que j’ai consultés ? Ou bien simplement son clavier a-t-il fourché ? Le mystère reste entier.
Jim
Ça fait penser à la théorie sur le deuxième prénom de Watson, le fameux « H » de « John H. Watson »… Sherlock Holmes appelant à plusieurs reprises Watson « James », certains se sont dit que le H était peut-être « Hamish », version gaélique de « James »…
Pour en revenir à Dan/Ben, l’erreur pourrait également provenir du lettreur qui aurait mal lu une écriture manuscrite, non ?
Tori.
J’ai pensé à ça, mais l’exemple de Kesel, qui date de la deuxième moitié des années 1990 (de mémoire), et donc correspond à quelque chose près au moment où j’ai vu Todd Dezago préparer les fichiers à destination du lettreur (et du responsable éditorial), et je pense qu’ils étaient écrits sur clavier (machine pour Byrne, ordi pour Kesel).
J’imagine mal les lettreurs travailler d’après des dialogues écrits à la main (et je ne crois pas que Byrne le faisait sur ses planches, et sans doute encore moins quand un autre dessinateur illustre ses scripts, comme ici Giordano). Surtout chez DC, qui a une tradition de la procédure éditoriale bien rigide.
Jim
Cela dit, même tapé à la machine, une fois faxé, un D peut passer pour un B et un a minuscule pour un e minuscule… ![]()
Mais ce n’était qu’une hypothèse. Je n’avais pas pensé au fait que ça puisse être tapé (ni au fait que c’était probablement en capitales, et là, difficile de prendre un A pour un E).
Tori.
J’essaie de me rappeler…
Sur les documents de Todd que j’ai vus, je ne crois pas que ce soit en capitales.
Car il me semble (mais là encore, c’est flou, car ça remonte à presque vingt-cinq ans) que les capitales sont réservés aux mots en gras (là où les mots destinés à être en italique sont soulignés). Vieille pratique qui remonte au temps où tout le monde travaillait avec une machine à écrire (pas si lointain, ce temps-là, somme toute…).
En gros, on écrivait :
Euh… je PRÉFÉRERAIS des patates !
Afin d’obtenir :
Euh… je préférerais des patates !
Il me semble que Todd utilisait cette méthode sur les documents envoyés au lettreur d’Impulse (tiens, faudrait que je regarde qui c’était). Je pense que c’est celle qui circulait entre Byrne, Carlin et le lettreur, en 1988.
Là encore, c’est bien lointain et bien flou.
Jim
Indeed
Encré par Al Williamson, si je déchiffre bien ?
Quand j’étais petit, je trouvais ça chiant, Swan, mais atteindre ce degré de réalisme sans être figé, ce degré de profondeur et de détail sans être encombré, ce degré de vie sans être exubérant, c’est pas donné à tout le monde.
Jim
Oui. J’aime beaucoup cette image.















