Tiens tiens ! J’irai lire ça, à l’occasion.
Jim
Tiens tiens ! J’irai lire ça, à l’occasion.
Jim
Je découvre petit à petit que le scénariste Christopher Priest a écrit plus que son lot de récits consacrés à Wonder Woman. J’ai déjà identifié le diptyque « Nightfall » dans Wonder Woman #137-138, un autre diptyque réalisé quelques années auparavant et dont je vais parler bientôt, et le Wonder Woman #1000000. Rien que cet ensemble pourrait justifier un TPB, en mode « Wonder Woman by Christopher Priest », d’autant que des thèmes récurrents traversent ces récits (un autre titre possible : « Mothers and Magicians »).
Si j’ai identifié cinq épisodes parus dans le cadre de la série régulière, Priest a également rédigé le script de récits publiés sous d’autres formes. Et notamment le Wonder Woman + Jesse Quick, paru en 1997. Les « + » publiés cette année-là proposaient des aventures inédites dans lesquelles les héros vedettes faisaient équipe avec des personnages peut-être moins connus. Ça permettait de générer des team-ups variés dans lesquels les seconds couteaux évoluaient, sans pour autant occuper de la place dans les séries régulières.
Le récit fait trente-huit pages, et clairement, fidèle à ce qu’il énonçait dans des propos cités un peu plus haut dans cette discussion, Priest n’est pas intéressé par Wonder Woman. Celle-ci ne fait son apparition qu’au bout de seize planches, et encore, en civil (c’est l’époque où Byrne s’occupe de la série, ce qui fait qu’on voit passer Helena Sandsmark).
Tout commence alors que Jesse Quick (qui est, rappelons-le, la fille de Johnny Quick et de Liberty Belle) se risque à traiter une prise d’otage dans un ascenseur. La première page est un flash-back remontant à l’enterrement de Johnny, et au fossé qui se creuse entre la mère et la fille. Ce souvenir douloureux hante Jesse, qui doit affronter à la fois le preneur d’otages et la reprise de l’entreprise de son père. Priest en profite pour prendre à rebrousse-poil plein de clichés, que ce soit le racisme inversé du preneur d’otage noir et drogué, l’action héroïque qui ne constitue ni un exutoire ni l’occasion d’oublier, le rapport du héros à la police et de la police à la société… Ces pages très denses, très riches, composent une séquence d’ouverture assez longue mais qui pose le personnage. Et l’intrigue : on est clairement dans une histoire située dans l’univers de Flash, pas dans le monde des Amazones.
L’intrigue proprement dite commence à la page 12, alors que Jesse a quitté son appartement, laissant sa mère Libby aux prises avec des ninjas de la vitesse que les lecteurs de longue date identifient sans mal comme des fidèles de Savitar. Jesse la retrouve dans un état grave, la conduit aux urgences, et comprend que les ninjas sont à la recherche d’un rouleau d’Hermès ayant appartenu à Savitar et qu’elle a dérobé. Le rouleau étant écrit en grec, elle se tourne vers Helena Sandsmark et rencontre une grande brune qui sourit sur toutes les cases, sans doute parce que Priest préfère véhiculer les émotions par les autres personnages.
Le récit, supervisé par Paul Kupperberg, est profondément ancré dans la continuité de Flash. Outre la référence à Impulse #11 dans lequel Jesse récupère le rouleau, on voit passer Helena Sandsmark issue de la période Byrne, mais aussi Julia Katapelis, en provenance de la période Pérez. Il est clair que Wonder Woman, ici, est le personnage secondaire, ce qui n’empêche pas le dessinateur Michael Collins (ici épaulé par l’encreur Tom Palmer) de s’éclater à représenter la grande Amazone, son style réaliste et ombré, lorgnant vers celui d’Alan Davis, accomplissant des merveilles.
À mesure que l’histoire se développe, Jesse et Diana découvre que l’un des ninjas de la vitesse est parvenu à conserver son pouvoir de vélocité (contrairement à ses collègues), ce qui rend caduque le mobile : récupérer le rouleau d’Hermès afin de récupérer la vitesse et à terme de ressusciter Savitar. Et quand Wonder Woman explique à sa jeune équipière que le ninja en question est en réalité une femme, Jesse comprend : il s’agit de Christina Alexandrova, personnage dont l’existence remonte aux épisodes de Mike Baron, au début de la série consacrée à Wally.
Ayant localisé le repaire de leur ennemie, les deux héroïnes se précipitent au combat, non sans avoir, chemin faisant, échangé quelques banalités sur la famille, le fait d’avoir une mère, le deuil d’un parent… Jesse, par l’entremise de la voix off, s’étonne que Diana ne se départisse jamais de son sourire, et finit même par douter de l’attention de son équipière.
La fin du récit se résume à un duel entre Jesse et Christina (qui se sont déjà affrontées dans Impulse), lors d’une course à une telle vitesse qu’elles sont sur le point de franchir la barrière de la Speed Force. Avec l’aide de Wonder Woman, Jesse comprend qu’elle est hantée non seulement par le décès de son père, mais aussi par le souvenir de Wally, qui la considère comme son héritière.
Le poids de la responsabilité qui incombe à l’héritier de la tradition des Bolides pèse sur la jeune femme, qui finit par prendre conscience de ce qu’elle veut vraiment. Ayant repris le rouleau, elle laisse Christina (dont le sort n’est pas résolu ici, on suppose qu’elle a ralenti avant d’être aspirée dans la Speed Force).
La dernière planche montre les retrouvailles entre Jesse et Libby, auxquelles Diana assiste. Une fois de plus, à l’exemple de deux autres récits évoqués un peu plus haut, Christopher Priest a mis le thème des relations mère / fille au centre d’un récit qui, en plus, s’inscrit profondément dans la continuité de Flash, évoquant les périodes les plus marquantes des Bolides.
Jim
En 1994, c’est William Messner-Loeb qui tient la barre de la série Wonder Woman. Il a progressivement éloigné l’Amazone du versant mythologique de son univers, mettant en scène la disparition de ses sœurs. Les épisodes sont alors dessinés par un certain Jeff Parker, qui fera par la suite une carrière de scénariste. Mais la série est sur le point de subir un grand changement avec l’arrivée d’un jeune dessinateur brésilien, Mike Deodato.
Mais pour l’heure, en plein milieu du run de Messner-Loeb, le scénariste Christopher Priest signe un premier diptyque, bien des années avant Wonder Woman #137-138. Contrairement à cette prestation de 1998, où le scénariste doit ranger les jouets en prévision de l’arrivée d’Eric Luke, ici Priest doit contribuer à faire avancer les intrigues de son confrère.
Donc nous sommes à une époque où Diana croit ses amies Amazones mortes. Hantée par des rêves où apparaît sa mère la Reine Hippolyte, elle continue sa mission héroïque mais estime perdre pied peu à peu, et se laisser aller à la violence.
Elle tente de se confier à Superman, mais ce dernier, qui porte les cheveux longs ce qui indique qu’on est entre sa « mort » et son mariage, est lui aussi très pris par ses affaires.
Toujours troublée par son propre comportement inexplicable, Wonder Woman se tourne ensuite vers Doctor Fate. Bon, à l’époque, Doctor Fate est une femme, le rôle ayant été endossé par Inza Nelson, mais en soi, ce n’est pas très important pour le récit. Dans la discussion entre Diana et Inza, une idée se fait jour : si Hippolyte apparaît dans les cauchemars de sa ville, cela veut peut-être dire qu’elle est encore en vie, quelque part.
Mais Wonder Woman, tout en écoutant les propos de son équipière, commence à comprendre que quelque chose cloche. Elle devine qu’il ne s’agit pas de la magicienne…
… mais de sa vieille ennemie Circé, qu’elle pensait également morte.
Dans la seconde partie de ce diptyque au final très important pour l’articulation narrative de la série, Christopher Priest brosse le portrait d’une Circé manipulatrice qui tire un plus grand plaisir quand sa victime prend conscience d’être manipulée.
Il ne lui suffisait pas d’avoir fait croire à Wonder Woman que les Amazones sont mortes (en réalité, Themyscira est transportée dans une dimension de flammes où les guerrières doivent mener une lutte perpétuelle), il faut désormais que Diana sache qu’il s’agit d’un mensonge.
Et désormais, elle tient la Princesse Diana (l’autre) dans ses filets. En échange du retour de l’île et de ses habitantes, elle ne lui demande qu’une seule petite chose : la vie d’un innocent. Bien entendu, l’héroïne refuse, mais le sort (Circé ?) met sur sa route Cynthia, qui se fait appeler « Jane », une travailleuse du sexe qui attire ses clients en portant une tenue tricolore semblable à la sienne.
Découvrant la véritable identité de la jeune femme, Diana l’emmène chez sa grand-mère, et découvre que Circé a pris sa place. Elle entend bien refuser l’accord, mais bien entendu, le sort s’acharne et la sorcière finit par obtenir ce qu’elle avait exigé.
L’histoire se conclut avec une héroïne qui retourne chez elle, mais qui sent peser le poids de la culpabilité. Nul doute que, si Priest avait été le scénariste régulier, il aurait joué sur ce ressort, qui sera écarté par Messner-Loeb, ce dernier se concentrant sur la lutte contre le White Magician et sur le remplacement de Diana par Artemis. Mais force est de constater que Priest signe ici deux épisodes denses, dont certaines péripéties annoncent le second diptyque quatre ans plus tard, et où des thèmes fréquents (la famille, la lignée, la séduction, l’illusion… : de quoi justifier un TPB, je vous le répète) permettent d’approfondir les personnages.
Au dessin, on retrouve John Ross, dessinateur écossais qu’on a évoqué récemment à l’occasion d’une histoire consacrée à Ben Grimm. Cet illustrateur que, personnellement, je ne connaissais pas la semaine dernière, livre une jolie prestation à la narration impeccable. Il rate quelques cases, dessine quelques visages un peu tordus, mais il sait donner du mouvement et de la vie à ses images.
Deux épisodes fill-ins qui font pourtant grandement avancer la série, et qui mériteraient une réédition.
Jim
Joli trait.
Tout n’est pas réussi, il y a quelques cases moches, mais dans l’ensemble, la personnalité est intéressante. Vraiment, ce John Ross est une découverte pour moi, et je vais suivre les conseils du Doc et essayer de trouver quelques-uns des Doctor Who qu’il a dessinés pour le marché anglais. Avec les années qui passent et la maturité qu’on peut imaginer, ça risque d’être sympa.
Jim
Wonder Woman et la Société de Justice par Gary Frank :
Jim
Il me fait penser à du jill thompson epoque the invisibles en plus dynamique et sexy. Mais en moins maîtrisé bien sur.
Wonder Woman et Superman par Adam Hughes ( extrait de la Superman: The Man of Steel Gallery de 1995) :
Jim
Wonder Woman par Matt Haley :
Jim
Wonder Woman par Sergio Cariello :
Jim
Extraits des storyboards de Steve Skroce pour le projet de film Justice League par George Miller :
Jim
Wonder Woman par Mike Allred :
Jim
Wonder Woman par Tim Sale :
Jim
Wonder Woman par John Timms :
Jim
Illustration de couverture intérieure pour Wonder Woman Secret Files and Origins #1, en 1998, par José Luis Garcia Lopez :
Jim
Couverture de Wonder Woman #128, par José Luis Garcia Lopez (les pages intérieures sont réalisées par John Byrne) :
Jim
En parlant de José Luis Garcia-Lopez, Mike DeCarlo vient de poster une Wonder Woman sur son compte Facebook et en profite pour faire quelques commentaires concernant Garcia-Lopez, en évoquant toute l’admiration qu’il a pour lui, et la difficulté quant à encrer son travail.
When I first started get « credits » for my inking-- February, I think, 1981-- one of the first projects I was given was to assist Dick Giordano on the Batman vs Hulk crossover.
I inked The Hulk and Bruce Banner and Dick Inked Batman.
« Unfortunately », the penciler was Jose Luis Garcia Lopez.
I mean that in a strictly complimentary way.
His pencils were so damn good, I thought: « Is THIS what I have to compete against?? »
He is a 73 year old Argentinian, and is to drawing what Mozart is to Music.
He is the Artist’s artist.
No one I know professionally would seriously argue that too strenuously.
Funny thing is, many of you have never heard of him.
A last comment about Garcia Lopez:
I inked everyone from Curt Swan, Gil Kane, Steve Ditko, Gene Colan and Don Heck— just to name a very few.
I also inked a fair amount of Jose’s pencils.
He is the only Penciler who intimidated me.
Why?
As I once told Giordano about 35 years ago:
“I hate inking Lopez…”
“Why…?” Asked Dick.
“Because all I can do is make his pencils WORSE with my inking…”
Giordano smiled.
“I feel the same damn way, Mike…lol”
Et pourtant, Mike De Carlo, c’est pas un petit joueur.
Jim
Dick Giordano disait déjà « LOL » il y a trente-cinq ans !
Tori.