1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Il fallait bien que ça arrive : sur Terre-2 aussi, les Alliés gagnent la Seconde Guerre mondiale et renverse le régime nazi qui, dans ce monde, s’est entouré de surhommes à la mesure des héros américains. L’événement se produit dans Wonder Woman #242, daté d’avril 1978, sous une couverture de Rich Buckler et Vince Colletta.

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L’épisode, qui s’ouvre sur un défilé de la victoire, compte parmi les moments saugrenus de la vie de Steve Trevor… qui n’en manque pas. Le valeureux militaire et sa belle étoilée salue la foule en délire (les femmes, sur le partage du cortège, n’ont d’yeux que pour Steve : ah, le charme de l’uniforme) et s’interroge sur leur imminent avenir, maintenant que les raisons pour lesquelles ils ont été réunis ne sont plus.

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Mais ils n’ont pas le temps de se poser trop de questions, que déjà un rayon venu du ciel frappe Steve et l’emporte jusqu’aux entrailles d’une colossale soucoupe volante. Wonder Woman tente de retrouver son chéri mais la technologie des ravisseurs est telle que son avion tombe à terre. Assommée, elle se remémore ce que sa mère, la Reine Hippolyte, lui avait dit, à savoir que l’avion invisible ramènerait l’émissaire amazone une fois que la victoire sur la tyrannie nazie (et sur les plans de Mars) serait obtenue. Ni une ni deux, elle se réveille et découvre que son appareil, effectivement, la ramène sur l’Île du Paradis. Là, sa souveraine de mère lui apprend que Steve n’est pas en danger : au contraire, il a été transformé et amélioré.

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Mais l’explication ne satisfait pas la belle héroïne qui repart en Amérique, en dépit des avertissements d’Hippolyte. Une fois de retour dans son pays d’adoption, elle retrouve le Steve cosmico-transformé qu’elle a vu sur l’écran des Amazones, et tente de le raisonner.

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Celui-ci, reprenant à son compte le vieux thème de l’être supérieurement développé qui décide d’imposer son destin à une race entière afin de bannir la souffrance et la mort, commence à se reproduire en autant de doubles de lui-même, convertissant des humains à cette forme évoluée (il n’est pas anodin d’ailleurs que les deux premiers humains ainsi transformés soient deux pochards bouteille à la main : un peu de lourdeur dans la métaphore ne nuit pas, apparemment…).

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Sur l’Île du Paradis, Hippolyte est contactée par le Phantom Stranger et le Spectre, qui lui explique que Diana est bien consciente que le mal prend plusieurs formes, et qu’il faut la laisser agir. Ce qui revient à prolonger sa mission de paix bien au-delà de la période de guerre, et le chagrin étreint la souveraine qui laisse échapper quelques larmes pudiques.

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Diana, quant à elle, parvient, à l’aide de son lasso et de son avion, à capturer les humains transformés et s’adresse aux occupants de la soucoupe volante, les Cerberons. Ces derniers, qui s’inquiètent de l’avenir de la race humaine, sont persuadés qu’il faut la transformer. Mais Diana leur explique que le futur est multiple, et qu’il faut laisser aux hommes la possibilité de créer le leur. Discours sur le libre arbitre toujours efficace mais à peu près aussi cliché que le thème de l’être évolué.

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Le discours de Diana, alliant raison et sentiments, semble convaincre les Cerberons qui rendent aux humains transformés, même aux deux copains avinés du début, leur apparence première. Ouf. Tout est bien qui rentre dans l’ordre.

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La dernière page est à l’image du reste de l’épisode : très dense, insistant sur le retour à la normalité et offrant aux personnages un destin… qu’ils n’auront pas le temps de vivre. En effet, l’ultime vignette fait apparaître un ennemi de Wonder Woman, Angle-Man, qui annonce un autre changement éditorial dans la série. Les lecteurs de l’époque ne le devinent peut-être pas encore, mais la période Seconde Guerre mondiale du titre touche à sa fin. Reste donc un épisode frénétique où le scénariste Jack C. Harris accumule les péripéties en dix-sept courtes pages (dont deux splash, c’est dire si ça va vite). Cette fois, José Delbo est encré par Joe Giella, est le résultat est plutôt agréable, voire carrément beau : l’encreur applique un trait rond et généreux, qui n’est pas sans rappeler ici le travail de certains Philippins (je pense à Redondo ou Bulanadi), pour un résultat vraiment agréable.

Jim

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