Dans Sensation Comics #1, daté de janvier 1942, les auteurs détaillent les nombreuses péripéties qui marquent l’arrivée de la Princesse Diana (l’autre) dans le « Monde des Hommes », qu’elle explore après avoir ramené l’aviateur Steve Trevor à bon port.
Elle découvre la mode féminine en regardant des vitrines, elle arrête des braqueurs de banque, elle se produit sur scène et, surtout, elle fait une rencontre.
En effet, elle croise le chemin d’une infirmière éplorée, dont le chagrin s’explique tout simplement : son fiancé a trouvé un emploi en Amérique du Sud, mais pour des raisons financières, elle ne peut le rejoindre. N’écoutant que son cœur, Diana donne l’argent qu’elle a gagné sur scène à l’infortunée, et lui emprunte ses lunettes : en effet, notant la ressemblance, elle envisage de prendre la place de l’infirmière afin de rester près de son imprudent aviateur en convalescence. Quant à la jeune femme, qui se prénomme justement Diana, elle pourra utiliser la somme dans le but de rejoindre son promis qui l’attend au loin. Car oui, les deux femmes, en plus de se ressembler, porte le même prénom. C’est ainsi que la Princesse Diana devient Diana Prince.
Ces péripéties, Robert Kanigher s’en souviendra bien des années plus tard. Dans Wonder Woman #162, il raconte à nouveau cette arrivée dans le monde moderne, reprenant quasiment toutes les séquences.
Le dessinateur Ross Andru donne à ces actions une touche plus moderne, plus spectaculaire, avec moins de cases et plus de cascades.
Kanigher et Andru ne reprennent cependant pas la séquence dans laquelle Diana se produit sur scène. L’argent donné à l’infirmière provient d’une récompense accordée après l’arrestation des braqueurs.
Il est amusant de constater que si Kanigher a officialisé le passage de l’Âge d’Or à l’Âge d’Argent quelques mois plus tôt, dans les dernières pages de Wonder Woman #158, il utilise tout de même l’expression « Golden Age » dans son ouverture d’épisode, et s’appuie sur la vieille version de Moulton, qu’il perpétue. En fait, depuis l’effacement brutal de certains éléments par Kanigher, ce dernier continue cependant à évoquer l’Âge d’Or du personnage, allant même jusqu’à placer l’expression « Comics ‹ Golden Age › returns more dazzling than ever » en haut des couvertures. De plus, il signe de nombreuses histoires connectée à cette période qu’il affirme pourtant révolue, employant l’expression « Golden Age » dans ses introductions, utilisant des super-vilains de Moulton (Doctor Psycho, Giganta) et demandant à Andru de dessiner dans un style renvoyant à celui de Peter (ce qui fait que, dans un même numéro, le visage de Wonder Woman est parfois dessiné de deux manières différentes). Autant dire que, depuis quelques numéros, il règne sur la série un parfum de schizophrénie, la série s’étant débarrassé des vieilleries mais n’ayant pas réussi à amorcer le tournant d’une certaine modernité, que Batman négocie bien mieux à la même époque.
De même, la grande case dessinée par Andru dans laquelle les deux femmes s’étonnent de leur ressemblance montre cependant deux profils un peu différents, qui normalement ne devraient pas tromper les observateurs.
Le reste du sommaire est consacré à une confrontation entre Wonder Woman et le Minister Blizzard, un super-vilain créé par Moulton dans Wonder Woman #29, et qui dispose, comme beaucoup d’autres chez DC, d’une arme lui permettant de contrôler la température.
S’il a une certaine préférence pour le froid, il peut aussi porter certains objets à très haute température. Vilain secondaire venu d’une cité perdue du Pôle Nord, il fera tout de même quelques retours à l’occasion… et nous évoquerons l’une d’elles très bientôt, justement.
Jim