En 1982, l’éditeur DC organise le DC Comics Style Guide, un outil graphique dont le but est multiple.
En premier lieu, il s’agit d’un outil destiné au merchandising, visant à proposer des images facilement reconnaissables et officielles qui pourront être déclinés en verres, en trousses, en cartables, en rideaux de douche ou en caisses à savon.
En second lieu, il s’agit également d’un catalogue de personnages, de costumes et de positions définissant l’écurie de protagonistes, et que les dessinateurs maison pourront utiliser en guise de repère, de référence.
Enfin, ne perdant pas de vue l’esthétique de la chose, l’éditeur n’oublie pas que ces images peuvent également séduire le public. Dans cette perspective, DC confie la tâche au dessinateur José Luis Garcia-Lopez, qui a réalisé plusieurs comic books mais surtout un grand nombre de couvertures et qui occupe une position sans doute comparable à celle de Neal Adams plus d’une décennie avant lui, à savoir qu’il est capable de donner de la majesté et de la grandeur aux héros maison, de leur associer des images emblématiques (« iconiques », comme on dit).
L’illustrateur utilise la méthode classique dite du « character turnaround », largement usitée dans le monde de l’animation, qui consiste à représenter le personnage de face, de profil et de trois quarts. Cela permet de représenter les proportions, mais aussi les détails des costumes.
Mais plutôt que de les laisser debout, les bras ballants, il choisit de créer un mouvement, une continuité dans les trois images qu’il assemble ainsi pour chaque personnage. De la sorte, les personnages donnent l’impression de bouger, d’être placés dans une continuité, une succession d’instants, une sorte de valse.
Il agrémente ces « fiches » de motifs qui les entourent et reprennent leurs symboles, leurs logos, leurs couleurs dominantes.
Wonder Woman, bien entendu, fait partie des personnages profitant de ce traitement. Comme les personnages principaux, elle a droit aussi à des planches sur lesquelles elle prend diverses poses, là encore destinées soit à guider les nouveaux dessinateurs soit, surtout, à fournir des images clés en main pour les produits dérivés.
Certaines planches sont en noir et blanc, pour le plus grand plaisir des amateurs de beaux dessins. L’ensemble du recueil a durablement associé le style de Garcia Lopez à la représentation de l’univers DC, faisant de lui, en quelque sorte, le dessinateur officiel du catalogue.
Cette « bible », qui n’a jamais été commercialisée auprès du grand public mais dont les exemplaires ayant circulé auprès des sociétés exploitant les licences, est bien entendu très recherchée. Depuis peu, elle est en ligne, on peut par exemple la voir sur Facebook.
Jim
PS : les curieux pourront aussi admirer le « Style Guide » version cartoon, en tout cas la partie consacrée à Wonder Woman, dessiné, plus récemment, par Mike Zeck.