1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Très belle.
Et très convaincante, donc.

Jim

« The Countess of Dreams », tel est le titre de l’histoire courte écrite par Denny O’Neil et illustrée par Curt Swan, qui n’a jamais été publiée, et dont nous avons évoqué l’existence ici.

Cependant, la provenance exacte reste mystérieuse. Le propriétaire des originaux, Joel Thingvall, se fiant au « job number » (le « numéro de bon de commande », plus ou moins), estime que les planches ont été réalisées en prévision d’une publication du second semestre 1974.

There is no issue number on the art, but it does show the Job Number (S-1729). Swan drew Wonder Woman #212 (job S-1696; the cover was S-1734) and 214 (S-1763; the cover was S-1807) so I am guessing that this was done for June-November 1974 publication. The story was written by Denny O’Neill but no inker… all Swan pencils.

Suivant un raisonnement voisin (à partir des « job numbers »), la rédaction de Back Issue #118 s’interroge sur la provenance de cette histoire. Tout d’abord, le signataire relève que les trois premières planches du récit seraient dessinées par John Rosenberger, et non Curt Swan comme le lettrage du crédit et les propos de l’acheteur des originaux le laissent entendre. Pour ma part, je ne connais pas assez bien le style du premier pour affirmer cela de manière aussi assurée. Qui plus est, des effets de lumière semblent similaires entre la page 3 (Rosenberger ?) et la page 4 (Swan ?). Dans le même ordre d’idée, la transformation de Diana en Wonder Woman, qui prend trois cases, me semble une astuce que Swan a imposée à la série.

Bref.
Pour l’auteur de l’article, c’est bien Julius Schwartz qui commande l’histoire. On songe donc qu’elle doit faire partie de la relance du titre que le responsable éditorial orchestre à l’occasion des « Douze Travaux ». Ces récits fonctionnent sur un principe imposé par le scénariste du premier chapitre, Len Wein : un membre de la Ligue de Justice se penche sur une mission de Diana dont il a été le témoin. L’histoire aurait-elle donc été écartée parce qu’elle ne correspond pas à ce modèle ? C’est possible. Mais alors pourquoi n’a-t-elle pas paru plus tard ? Le sujet de la drogue aurait-il refroidi les responsables éditoriaux ou la direction ?
La pagination peut constituer un indice. L’histoire ne fait que dix pages, ce qui ne correspond qu’à la moitié des chapitres de ce cycle d’épisodes.
L’article de Back Issue avance une autre hypothèse. Scénariste de « The Countess of Dreams », Denny O’Neil est également l’auteur de « The Deadliest Enemy of Gotham City! », un récit de Batman illustré par Frank Robbins et consacré au même sujet, la drogue. Plus intéressant encore, les « job numbers » demeurent assez proches, S-1725 pour l’aventure du Chevalier Noir, et S-1729 pour celle de la Princesse Amazone. Ces originaux ont été achetés par un fan, Paul Handler, à qui le vendeur a affirmé que l’histoire faisait partie d’un lot avec deux autres récits.
C’est là qu’intervient le témoignage de Paul Levitz qui, en 2016, pense se rappeler l’existence d’un comic book promotionnel anti-drogue. Ce projet éditorial aurait été monté en partenariat avec une quelconque agence gouvernementale mais n’aurait pas abouti. Je reste perplexe face à une telle idée, tant l’assouplissement du Comic Code est encore récent à l’époque et les habitudes de publier des comics « à message » pas encore aussi bien installée que dans la décennie suivante, mais le faisceau d’indices et de témoignages tend à me donner tort.
Selon l’article toujours, l’idée d’une anthologie thématique visant à dénoncer les méfaits de la drogue reviendrait à Carmine Infantino, qui aurait demandé à trois de ses responsables éditoriaux, Julius Scwhartz, Murray Boltinoff et Joe Orlando, de mettre en chantier une histoire chacun. Si l’on en croit Paul Handler, le revendeur de planches originales aurait vu passer un récit de Jimmy Olsen illustré par Kurt Schaffenberger (en provenance du bureau de Boltinoff, donc) et une histoire d’amour dessinée par Win Mortimer (sans doute à l’instigation d’Orlando).
Si un tel projet a existé, les raisons de son abandon demeurent inconnues.

Jim

Revenons au dessinateur John Rosenberger. L’article que Back Issue #118 consacre aux récits inédits de DC évoque le décès de ce dernier, qui luttait alors contre un cancer du foie. Et l’auteur précise que l’illustrateur est mort alors qu’il travaillait sur deux comic books. Le premier, selon lui, est donc « The Countess of Dreams » évoqué plus haut, et dont il aurait dessiné les trois premières planches avant d’être relayé par Curt Swan, au style voisin.
Il cite également Wonder Woman #217, un numéro faisant partie du célèbre cycle des « Twelve Labors » qui marque l’arrivée de Julius Schwartz à la direction éditoriale du titre. D’après l’article, Rosenberger aurait dessiné quatre pages avant de demander à être remplacé. Ce sera Dick Dillin qui reprendra l’épisode, et ce dès la première planche (encré par Vince Colletta, qui occupe depuis quelques mois le poste de directeur artistique de DC).
Voilà les trois premières planches de Wonder Woman #217, crayonnées par John Rosenberger :

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Et les trois premières planches de la version publiée, par Dick Dillin et Vince Colletta :

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Jim

C’est pas mal du tout, Dillin. Je ne ne connaissais pas.
Je dirais qu’il empreinte à deux dessinateurs, dont je tairais le nom pour éviter qu’on me montre du doigt si j’ai tout faux !

C’est le dessinateur qui illustrera Justice League of America entre Mike Sekowsky et George Pérez. Tu as sans doute rencontré son style dans des anthologies DC, le Crisis Compagnon par exemple.

Jim

Parles-en à ma bibliothèque, plutôt.

Les Amazing Spider-Man 96 à 98, sortis au printemps 1971, abordaient le sujet de la drogue… Du coup, il se sont passés du sceau de la CCA :
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Tori.

L’assouplissement du Code date de janvier 1971, et concerne le portrait de criminels, qui peut se montrer sympathique du moment qu’ils soient punis à la fin. Ça autorise aussi l’apparition de loups-garous, de vampires et de personnages jouissant d’antécédents littéraires (ce qui a fait que les zombies ont mis plus de temps à revenir).
Les deux épisodes où Speedy est sous l’emprise de la drogue, Green Lantern / Green Arrow #85 et 86, sont datés d’août et octobre 1971, mais sortent avec le sceau du Comics Code. J’ai appris que c’était John L. Goldwater (le fondateur d’Archie Comics) qui a refusé que les épisodes de Spider-Man soient frappés du sceau : il remplaçait alors Leonard Darvin, malade. Il est vraisemblable que ce dernier soit remis au moment où DC soumet son histoire en deux parties, et s’aligne sur les nouvelles directives.
Cependant, l’anecdote démontre bien que les mentalités ne sont pas encore tout à fait prêtes. Trois ans après ? Peut-être que si, et peut-être que je suis plus pessimiste à l’égard des décideurs qu’il ne faudrait. De plus, il est fort vraisemblable, effectivement, qu’une agence gouvernementale ait contacté DC : après tout, il semblerait que les épisodes de Spider-Man aient été mis en chantier sur la suggestion du Department of Health, Education and Welfare. L’opération aurait pu être reconduite. Mais pourquoi dans un comic book dédié, là où l’histoire de Spidey a été publiée dans sa série (profitant de sa renommée) ? Et pourquoi, surtout, le projet n’a-t-il pas abouti ?

Jim

D’après Wikipedia :

Adams felt that they had run out of steam and were producing stories which lacked true relevance. He responded by pushing for a story dealing with drug addiction, an issue both he and O’Neill had been wanting to tackle, and had encountered firsthand: Adams was chairman of his neighborhood drug rehabilitation center, and O’Neil lived in a neighborhood with a large number of addicts. O’Neil recounted, « I saw people nodding out from heroin every day on the street. I had friends with drug problems, people coming over at 3 a.m. with the shakes. » When Adams first drew the cover showing Speedy with heroin paraphernalia, editor Julius Schwartz rejected it, since it would not have been approved by the Comics Code Authority (The Comics Code prohibited the depiction of drug abuse, even in a totally condemning context). O’Neil said that Schwartz « was very supportive » during his run on Green Lantern , and that he found the Comics Code to be his biggest restriction when confronting social issues.

Then, Amazing Spider-Man #96–98 (May–July 1971) was published by rival comic publishing house Marvel Comics, which showed major supporting character Harry Osborn struggling with drug addiction. It was the first comic from a major publisher to be published without the Comics Code Authority’s seal of approval since 1954, when the Comics Code Authority was founded. Adams said: « We could have done it first and been the ones to make a big move. Popping a pill and walking off a roof isn’t the sort of thing that really happens [referring to a scene in Amazing Spider-Man #96], but heroin addiction is; to have it happen to one of our heroes was potentially devastating. Anyway, the publishers at DC, Marvel and the rest called a meeting, and in three weeks, the Comics Code was completely rewritten. And we did our story. »

Ça, je ne sais pas, mais Marvel a pris la décision de le publier tout de même sans le sceau, et ce devait être probablement la première fois depuis sa mise en place qu’un des éditeurs l’arborant habituellement s’en affranchissait.

Quant aux comics anti-drogue, il y eut d’autres titres dédiés spécifiquement à ça, mais pas forcément avec des personnages connus… Dommage que ce numéro avec les personnages DC n’ait pas vu le jour.

Tori.

Mais plus tard, me semble-t-il. Années 1980, je dirais. Mais là encore, je peux me tromper.
J’ai entendu parler d’un épisode de Deadman qui aborde le sujet, avant les Green Lantern / Green Arrow, mais faut que je me replonge dans la série, parce que je ne m’en souviens pas.

Oui, ça avait l’air prometteur.
Après, les comics fabriqués pour une cause précise, donc hors séries régulières, sont souvent difficiles à trouver. Là où les histoires publiées dans le cadre de séries finissent par être rééditées, au moins, ou sont trouvables d’occasion plus aisément.

Jim

Il y a quelques trucs par là : http://www.ep.tc/problems/
Dont celui-ci :
http://www.ep.tc/teenageboobytrap/
ou celui-là :
http://www.ep.tc/problems/eighteen/

Tori.

Passionnant, merci.

Je n’ai fait que survoler rapidement, mais j’ai l’impression que cela correspond à ce que tu as remarqué et mieux formulé que moi, à savoir que les plus anciens sont des produits créés pour l’occasion sans personnage super-héroïque connu. Et je précise « super-héroïque », parce qu’il y a un récit avec Dennis the Menace, qui date de 1961 (consacré aux risques d’empoisonnement domestique). Le Peanuts consacré aux problèmes oculaires est de 1968. J’ai l’impression qu’en fait, le Département de la Santé s’est d’abord tourné vers les strips pour ce genre d’approche, ce qui ferait écho au fait que les strips jouissaient d’une meilleure réputation que les comic books (et les super-héros, genre dominant).
Là encore, il est possible que je me trompe, mais c’est vraiment l’impression que ça donne. Cela dit, il est possible que le gouvernement, dans les années 1970, ait pris la mesure de l’évolution du marché et de l’importance croissante des comic books dans la consommation des jeunes lecteurs.

Jim

Les plus anciens sont même antérieurs au comic code : http://www.ep.tc/trapped/
Et même chez EC comics : http://www.ep.tc/problems/29/index.html

Tori.

Le site mélange les comics « fait pour » l’évocation des problèmes en question et ceux qui abordent le sujet d’un point de vue narratif. Je connaissais le récit chez EC, qui me semble appartenir à la seconde catégorie.
Je trouve que le site manque un peu d’encadrement éditorial. Mais autrement, c’est une mine.

Jim

Oui, mais est clairement anti-drogue.

Il y a également sur ce site quelques comics pro-drogue…

Oui, je l’ai découvert il y a bien longtemps, mais j’y retourne de temps en temps et j’y redécouvre des trucs que j’avais oubliés (et il y a certains comics dont les pages ont, depuis, disparu, hélas) !
Il y a d’autres rubriques que les « comics with problems », d’ailleurs.
Il y avait un autre site dans le même genre que j’avais découvert à l’époque, mais je ne le retrouve plus (j’ai oublié son nom…).

Tori.
Edit : j’ai retrouvé : Loading... (bon, ce n’est pas tout à fait le même genre, mais il y a de tout).

Ok, quelle réserve de merveilles.
J’en ai au moins une, de ces pépites : le Skateman de Neal Adams.
Et ça fait une petite réserve pour des posts consacrés à Archie, tiens !

Jim

Aussi.

Tori.

Wonder Woman par Bob Layton :

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Jim

Wonder Woman par Terry Austin :

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Jim

Connu pour la série Fem Force où il anime d’accortes héroïnes souvent issues de l’Âge d’Or et tombée dans le domaine public, Bill Black (qui a œuvré sur quelques encrages chez Marvel à la fin des années 1970, souvent dans l’orbite de Roy Thomas ou Don Glut) a aussi édité des fanzines sous son label Paragon (qui a aussi publié des portfolios), dont Femzine. Le premier numéro date de 1981 et arbore une couverture de Will Blyberg et Bill Black.

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La revue contient un mélange d’articles, d’illustrations (dont Bob McLeod ou Jeff Jones) et de bandes dessinées (dont le sommaire est détaillé ici), donnant une place d’honneur aux héroïnes, et Terry Austin signe la quatrième de couverture, sur laquelle figurent Supergirl, Black Canary et, bien entendu, Wonder Woman.

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Jim